D'entrée,
Marie-Hélène Dumas plante le décor avant de détailler la vie de
Sylvia Pankhurst. Nous sommes plongés dans l'atmosphère moscovite en 1920, Sylvia y rencontre des membres des bureaux politiques, des délégués étrangers et surtout,
Lénine. Celui-ci l'écoute — il va beaucoup l'écouter. Sylvia défend les droits des femmes autant que ceux des travailleurs. Elle va lui parler. Beaucoup. Mais pas le convaincre. Peu importe, elle ne renonce pas. Car même fatiguée, épuisée, lasse, elle n'abandonne jamais, persuadée que, même lorsqu'une lutte est gagnée, un autre combat est à mener. C'est tout à fait l'illustration de la vie de
Sylvia Pankhurst, une femme complexe, une artiste qui à un moment, pose ses crayons et ses pinceaux pour se consacrer entièrement à la défense des femmes, qui renonce à son milieu aisé pour vivre dans les quartiers défavorisés de Londres, qui, même par amour, ne se résout pas à accepter le mariage : elle vivra en union libre pendant de très longues années, ayant son fils hors mariage, une idée inacceptable pour l'époque qui choque même sa suffragette de mère.
Car, dans la famille Pankhurst, on retient souvent le prénom d'Emmeline : elle fonde la Women's Social and Political Union en 1903 avec sa fille Christabel, l'une des soeurs de Sylvia.
Le livre retrace aussi le parcours de Sylvia au sein de la WSPU, ses emprisonnements, ses nombreuses grèves de la faim, la façon dont les femmes en prison sont alors traitées et nourries de force. (d'ailleurs, on trouve de nombreux documents sur internet sur le même sujet et c'est édifiant…).
Mais bientôt, Sylvia se détache du mouvement et de la WSPU, en total désaccord avec sa mère et sa soeur. Sylvia voyage, parle avec des femmes moins favorisées, s'installe dans l'East London, affirme son antiracisme et son anticolonialisme (alors que mêmes les socialistes de l'époque parlent encore de « supériorité de la race blanche ». Elle fait une tournée aux USA et, ô scandale, parle devant un public composé parfois de Noirs et d'Amérindiens.
Pendant la première guerre mondiale, elle participe à un journal ouvertement pacifiste et anti-guerre, le Dreadnought
Et dans ce même journal, elle fait publier un texte de
Claude McKay, un romancier jamaïcain et activiste. C'est le début d'une longue collaboration.
Toute la biographie est intéressante et se lit très bien. On suit les luttes et les événements de cette partie du XXème siècle qui sont relatés avec clarté.
Sylvia Pankhurst n'est certainement pas la plus connue de la famille, ce qui est dommage car ses idées sont tout à fait de notre temps ( je n'aime pas trop le « en avance sur son époque » qui ne veut pas dire grand chose).
Un livre à lire, donc.
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