La guerre peut exercer des influences très diverses sur les différentes variétés de troubles mentaux. Tantôt elle les colore simplement, en donnant la matière de ses thèmes délirants à un malade qui, suivant toute apparence, aurait déliré sans elle et qui délirait quelquefois avant l'ouverture des hostilités. Tantôt elle agit d'une façon plus profonde, encore qu'indirecte, en provoquant des accès passagers d'excitation ou de dépression, de mélancolie, de neurasthénie, par les fatigues, les surmenages physiques et moraux, les changements d'hygiène, d'habitudes, de milieu et les préoccupations de toute nature qu'elle entraîne.
Les simples déprimés sont sensiblement plus nombreux que les mélancoliques agités ou délirants. Il y en a eu 26 en juin, 18 en juillet, 37 en août, et 160 dans la période dont je parle. Quelques-uns ne donnent pas de raison morale pour expliquer leur dépression et la subissent passivement ; ceux qui en donnent varient peu : presque tous invoquent la longueur de la guerre, la fatigue, la nostalgie.