Victor Hugo s'est égaré

Victor Hugo s'est égaré, il se met à déclamer de manière théâtrale son poème « Le crapaud », devant ses hôtes attablés ; des ânes. Ils sont insolents, ils sont turbulents, mais ils sont surtout secoués par le sort du pauvre crapaud. Cela va même jusqu'à l'évanouissement, le vomissement. C'est une tragédie.

Le poème est long et, comme ils le disent, cela fait du bien quand ça s'arrête. Non qu'il soit mal écrit, ni qu'il n'intéresse personne, au contraire. Ce poème leur parle dans une autre langue, une langue qui va au fond des choses, qui parle de beauté et de laideur. Un poème qui leur dit que le crapaud lève les yeux au ciel pour regarder la beauté, alors que les enfants et l'homme ne font que regarder la boue. le vilain n'est pas celui qu'on croit. Et l'âne maltraité par le charretier, sauveur du crapaud, incarne la bonté, malgré son air lamentable, et fait honte aux enfants. L'ignorant vaut parfois mieux que le savant.

Puis la tension tombe. « le déluge de la beauté a pris fin. ». Malgré la terreur, le suspense et l'agitation, chacun est heureux, car le crapaud et l'âne sont victorieux. La paix est revenue dans les coeurs. Victor Hugo s'est calmé, il s'émerveille, mais il est bien fatigué !

Un magnifique album. Les dessins amusants rendent vivant ce poème trop difficile à comprendre pour des enfants. Les sous-titres résument l'idée générale. Le poème, ainsi imagé, et aussi, gentiment ridiculisé, devient accessible et son message porteur d'espoir devient limpide.
Les enfants sauront reconnaître l'idée de la beauté d'un coucher de soleil, de la bonté, de la cruauté de l'enfance, de la fausseté des apparences...

« Bonté de l'idiot, diamant du charbon »…
La brute par moments pense et sent qu'elle est soeur
De la mystérieuse et profonde douceur ;
Il suffit qu'un éclair de grâce brille en elle pour qu'elle soit égale à l'étoile éternelle. »