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EAN : 9782889153329
158 pages
Presses polytechniques et universitaires romandes (09/01/2020)
2.08/5   6 notes
Résumé :
La saga de la Table Ronde avec ses héros, le roi Arthur et son épouse Guenièvre, Merlin l'enchanteur, Lancelot, Perceval à la quête énigmatique du Graal, hantent l'imaginaire occidental depuis plus de mille ans. C'est le plus colossal ensemble mythique de la littérature européenne, il concerne tout le monde celtique, l'ancienne Helvétie comprise (le 1er août était jadis la fête du dieu solaire Lug, célébré par des feux et de grandes assemblées).
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Etant passionnée par la littérature arthurienne depuis fort longtemps, je ne pouvais pas manquer cet essai, que j'ai lu avec grand plaisir. Il est vraiment très intéressant, il présente le mythe et son évolution au cours du temps. Toutefois il n'est pas d'un abord très facile, on va dire qu'il s'adresse au moins au grand public cultivé.

L'auteur rappelle tout d'abord le contenu originel de la geste arthurienne, qui date de la période celtique et était transmis par des bardes. Cette culture était non écrite et s'est en grande partie perdue, pour ne pas dire en totalité, ceci pour souligner que le culture druidique « reconstituée » et remise à la mode par le New Age n'a pas grand chose à voir avec la vraie culture celte. Arthur a sûrement existé dans la réalité à la fin du cinquième siècle de notre ère, quand les Romains en quitté la Bretagne (en fait l'Angleterre dans notre langage actuel). Il était un chef de guerre qui a fédéré quelques clans autour de son projet de s'opposer aux Saxons qui voulaient étendre leur territoire. Il vivait dans un camp fortifié avec des constructions en bois et absolument pas dans un château magnifique à Camelot. Donc comme son illustre prédécesseur David, le roi Arthur est bien plus grand dans la littérature que dans l'histoire. L'auteur raconte comment on est passé de l'oralité à l'écrit. L'auteur le plus connu est Chrétien de Troyes, mais des chroniqueurs anglais ont parlé d'Arthur depuis le sixième siècle dans des mentions éparses. Toutefois on s'accorde à dire que le trouvère champenois a mis en forme la légende dans son contenu pratiquement définitif. D'autres auteurs l'ont complété, notamment Wolfram von Eschenbach, qui l'a nettement enrichie. Les auteurs qui mettent le mythe par écrit sont chrétiens, il devient donc un mythe chrétien, sans toutefois perdre son origine et son contenu celtique. Il y a une interpénétration des deux univers. le centre de la geste devient la quête du Graal (la coupe dans laquelle Jésus a institué la première Cène avant sa passion et qui aurait servi à recueillir son sang), la dimension spirituelle est essentielle, tout comme l'amour courtois.D'ailleurs la légende de Tristan et Iseut appartient au cycle arthurien. L'auteur développe tous ces différents aspects de manière passionnante, traitant des amours adultérines des héros, du rôle de Merlin, des fées etc. Je retiens le rôle axial attribué au roi, Arthur est au centre de cet univers mais il semble étonnement passif, il ne participe pas aux exploits de ses paladins, il est le centre d'où tout converge. La table ronde est une image de l'univers, bien plus qu'un symbole d'égalité entre les chevaliers.

Ces développements sont vraiment très complets et passionnants. Toutefois l'auteur continue de parcourir le temps et à l'en croire tout se gâte après Wolfram. La Renaissance donne une image très négative du Moyen âge et le mythe tombe dans l'oubli presque jusqu'au dix-neuvième siècle. La thèse de Dumont est que la culture de masse comme il l'appelle a tout gâché et complètement dénaturé le mythe à mesure qu'elle se déploie jusqu'à nos jours. Il parcourt la littérature, le cinéma et d'autres supports comme les jeux vidéos en vomissant tout son mépris envers cette culture de masse destinée à un public décérébré. Je ne vais pas mettre de citations mais il y en aurait des dizaines qui disent tout le mal qu'il pense des non spécialistes et du grand public. Je n'ai pas du tout aimé cet élitisme, qui me fait donner seulement quatre étoiles à ce livre autrement passionnant. L'auteur cite quelques films américains récents, dont un produit par Steve Munchin, le ministre du budget de Trump, qui semble vraiment aussi inepte que ce que l'on peut attendre d'un tel personnage, par contre certains auteurs comme Jean Markale sont qualifiés de semi lettrés sans accès à la linguistique et à la philologie… je trouve vraiment limite. Et je ne vous parle même pas de Marion Zimmer Bradley, qui serait la prêtresse d'une église fondée par un disciple du « sataniste Crowley« . Tous ces affreux et bien d'autres auraient complètement vidé le mythe arthurien de sa substance. On est bien d'accord que le net a mis pratiquement tout le savoir possible à disposition de tous, mais en pratique, tout le monde n'a pas accès à Chrétien de Troyes dans le texte original. Je suis d'accord avec le fait que la culture celte originelle est perdue et que les succédanés proposés par le courant New Age sont complètement artificiels. Toutefois on ne sait pas comment la population de base percevait ces légendes au Moyen âge, certainement pas comme l'élite lettrée des cours. Il y a toujours eu un fossé entre les détenteurs du savoir et le peuple, autrefois comme aujourd'hui. Ces propos très méprisants ne font qu'alimenter le populisme ambiant, ce qui n'est pas une bonne chose.

On peut évidemment déplorer un appauvrissement de la légende au fil du temps, mais tous les mythes sont réinterprétés selon les besoins de chaque époque. Par exemple, lorsque la Suisse construisait son unité comme nation dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, on a ressorti nos amis les lacustres, des ancêtres communs redécouvert au bon moment ! le fait que cette légende soit toujours connue et revisitée par le production culturelle contemporaine me paraît plutôt un bon signe de vie, même si le film de Munchin doit être aussi nul que le dit l'auteur.

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Ok boomer.


C'est bien la seule critique que j'aurai faite de ce livre si je ne l'avais pas eu avec le Masse Critique de Babelio. du coup, par respect pour le site, je prends la peine de faire un article à peu près digne de ce nom.



Ce livre, ce n'est pas la peine de vous y attarder. Dès le premier chapitre, l'auteur annonce la couleur : « Force est de constater qu'on assiste aujourd'hui à un pillage sans vergogne de ces “héritages ancestraux” jadis précieusement thésaurisés, à une vulgarisation prédatrice et à des manoeuvres de falsification inédites, comme s'il s'agissait de faire disparaître des témoins gênants, réduits à des produits de fantasie interchangeables » ou encore « la falsification s'incruste d'autant plus facilement que, parmi la génération milléniale, les lecteurs sont rares et leur capacité à distinguer le vrai du faux en la matière tend à se réduire comme peau de chagrin : l'ère de l'ignorance volontaire est en marche… »



L'auteur nous propose ensuite de découvrir les origines du mythe arthurien, entre légende et histoire, manuscrits médiévaux et diffusion des thèmes. Bon, un connaisseur ne trouvera rien de nouveau à se mettre sous la dent. Une dent grincera quand même quand l'auteur fait remarquer que la civilisation celtique (d'où est issue une grande base de l'arthuriade) est l'héritière d'une plus ancienne civilisation… hyperboréenne… Non. Ça, c'est une vieille pensée nazie. Si le monde celtique est héritier de quelque chose, c'est de l'âge du Bronze et il n'est pas hyperboréen. Raison de plus de ne pas s'occuper de ce livre.


Vient ensuite la partie sur le cinéma. Grosso modo, rien ne trouve vraiment grâce à ses yeux. Hormis peut-être Astier, les Monty Python (non par ce que, eux, ils ont fait des études à Oxford et Cambridge, donc ils savent !) et le film Perceval avec Luccini. Et encore, ça ne s'étouffe pas sur les compliments.

Loin de moi l'idée de dire que tous les films/séries qui traitent de la légende arthurienne sont des réussites, mais l'auteur n'apprécie pas quels seuls quelques éléments soient systématiquement utilisés (oui, c'est vrai que c'est dommage, mais on ne va pas en faire un fromage) ou que pire, certains éléments éléments soient évincés (coucou le Graal trouvé par Indiana Jones) ou modifiés.

À lire, il faudrait des films bourrés d'une symbolique que seuls les vrais savants pourraient lire et comprendre. Un bon film pour petite aristocratie intellectuelle qui voit mal de beaux « savoirs thésaurisés » passer dans les mains des gueux qui ne s'y connaissent rien à cause de la TV.


Personnellement, je pense que si des jeunes vont découvrir le monde arthurien aujourd'hui, c'est bien le média audiovisuel qui les y emmène. Pour ce qui est d'aller plus loin, les générations précédentes n'avaient pas plus de connaissances que celles « de base » qu'ont une partie des gens aujourd'hui. Et encore. Si je regarde mes parents et grands-parents, pas certaine qu'ils en sachent (ou en savaient) plus que moi ! Oups, pardon, je viens d'un milieu modeste, je ne suis qu'un gueux.


Bref, je ne recommande pas du tout ce livre ! Il est vraiment dispensable sur tous les points possibles, aussi bien sur le mythe arthurien (rien de nouveau sous le soleil) et que sur la partie cinéma qui n'est là que pour dire : c'est d'la merde (Coucou Jean-Pierre Koff).
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Ce court essai propose une analyse de l'évolution des légendes arthuriennes et de la façon dont elles ont été perçues au fil du temps, suivie d'un glossaire et d'une bibliographie. On passe de la légende originelle telle qu'elle a été retranscrite par les moines chrétiens des premiers âges, c'est-à-dire déjà modifiée, à ses divers avatars jusqu'à notre époque.

C'était extrêmement intéressant de découvrir ce qu'on sait des divers mythes celtes, mais aussi comment ces mythes ont été récupérés à toutes les époques, dans des buts totalement différents, chaque génération ou presque se les réappropriant.

L'analyse que fait l'auteur de ces récupérations successives était passionnante et m'a ouvert de nombreuses perspectives. Cependant, j'ai déjà lu beaucoup sur le sujet, suffisamment pour ne pas être d'accord avec toutes les conclusions qu'il en tire. Là où il regrette que les mythes d'origine aient perdu leur sens et leur substance au fil du temps, je considère que ce sont ces évolutions successives qui leur ont permis de parvenir jusqu'à nous. D'autre part, il me semble que, si on ne peut pas comprendre complètement le sens que leurs donnaient les hommes qui les ont imaginés, ce qui est parvenu jusqu'à nous peut continuer à nous émerveiller.

A savoir que le texte est assez pointu et ne s'adresse pas à un public de néophytes. Il vaut mieux avoir déjà lu sur le sujet avant d'aborder cet essai (il ne suffit pas d'être fan de Kaamelott pour suivre ^^). N'oublions pas qu'il s'agit d'un éditeur qui publie des recherches universitaires.

Bref, une lecture très intéressante, qui permet d'apprendre beaucoup et de se poser pas mal de questions sur le sujet, mais qui manque un peu de recul sur certains points selon moi (oui, la culture populaire est aussi de la culture).
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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"Le Mythe d'Arthur. Des bardes celtes à la culture de masse" par Hervé Dumont semble proposer en un peu moins de 150 pages de retracer l'épopée de la légende arthurienne à travers les siècles. Entreprise ambitieuse qui permettrait d'apprécier la vivacité d'une légende désormais millénaire.

Globalement, c'est bien la trame retenue, à ceci près que de réguliers allers-retours chronologiques dans le propos rendent parfois la lecture difficile. Malheureusement, le véritable sujet du livre tient plutôt à être un constant pamphlet contre ces réappropriations et réécritures que l'auteur liste et décrit (non sans sécheresse et parti pris). Tout le malheur de la légende arthurienne, à en croire H. Dumont, vient d'ailleurs de cette plasticité du mythe qui a su s'adapter aux différentes époques où il été réactualisé. L'auteur semble "oublier" que c'est précisément cette constante adaptation à l'air du temps qui rend le mythe arthurien si vivace et pertinent !

Mais ce n'est pas le seul "oubli" de l'auteur : les raccourcis, les jugements péremptoires, les approximations sont légions ; sans compter les "interprétations" pour le moins fumeuses de l'auteur, qui, en filigrane, laisse accroire que seul lui (et quelques rares élus) détient le sens véritable de la légende arthurienne. Que dire de la bibliographie (incomplète d'environ 1/3) qui ne contient presque pas de travaux de médiévistes littéraires ni de textes classiques de la légende arthurienne mais où figurent de vieilles lunes et quelques références douteuses. Ne parlons pas de l'écriture qui oscille entre la prose pompeuse et ampoulée et le style oralisant, coloré d'un certain ton condescendant voire snob, relevé d'un léger accent passéiste.

Tout cela pourrait prêter à sourire si ce n'était l'ennui et l'irritation que l'ouvrage peut provoquer chez son lectorat. Au final, qu'est-ce que ce livre ? Ni un essai, ni un ouvrage de vulgarisation... au mieux un fade assemblage d'anecdotes et d'éléments de culture générale ayant la légende arthurienne pour fil conducteur ; au pire un billet d'humeur fielleux (mais la liste est longue de ce que méprise Hervé Dumont).

Ce livre n'apporte peu ou pas grand chose que l'on soit néophyte ou versé plus ou moins passionnément dans la légende arthurienne.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le roi Arthur et ses vaillants compères séduisent particulièrement l ère victorienne, baignée dans ce nouveau narcissisme collectif baptisé nationalisme.
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