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Un ENORME plaisir à lire cette BD ! Y a pas à dire, ils ne font pas dans le délicat Nicolas Dumontheil & Eliane Angeli ; ça gueule, ça bastonne, ça s'insulte copieusement mais ça forme une sacré communauté. Le lecteur est projeté "dans le bain" dés la première...bulle ! En ce mauvais jour de 1975 un mac annonce à ses trois "filles" qu'il les transfère à Bordeaux. Museline hurle qu'elle n'ira pas et se fait tabasser. Enceinte "jusqu'aux yeux" elle accouchera en urgence. L'enfant, elle dira à son proxénète qu'il est mort mais ses deux copines savent ce qu'il en est. Donc elles iront à Bordeaux, par le train. Museline y tuera son mac. Fin du prologue : les pièces du drame sont mises en place. La suite, ce sera vingt six ans plus tard, dans le quartier de Bacalan, quartier où la misère et la racaille trouvent asile sous le pont d'Aquitaine. C'est un quartier interlope dont chacun des personnages est décrit tant par le dessin que par le texte avec humanité ; même en utilisant les clichés, en forçant la caricature , ils sont crédibles avec leurs trognes et attachants avec leurs tares. C'est de la graine de racaille : ils sont sur leur terrain et leurs vies ne manquent pas de piquant. "La Museline c'est le centre économique du quartier", la star ! Et comme une star, son entrée dans le récit est particulièrement ...percutant ! Elle est dégoulinante de graisse et brillante d'intelligence. le drame va se nouer un soir de concert de rap dans un bar du coin. de tableau caricatural on bascule dans la tragédie. C'est très noir et très haut en couleurs. Nicolas Dumontheuil nous fait passer de l'éclat doré de la journée aux bleus gris glauques de la nuit Chacun des personnages est attachant ; j'avoue une tendresse particulière pour Denis le soulard perpétuel et perpétuel papa-poule de ses triplés noir d'ébène. La mise en scène est savamment orchestrée comme dans un excellent film noir. Les indices sont aux bons endroits, aux bons moments, sauf que le lecteur ne les voit pas, et pourtant ils sont les moteurs du drame. Les dialogues sonnent vrais, un peu comme ceux d'un certain Michel Audiard et en quelques mots c'est un désespoir qui se glisse simplement dans une réplique. Alors se découvre toute la délicatesse qu'ont su apporter ce duo d'auteurs bien cachée au creux d'une intrigue policière qui n'est pas que sordide. + Lire la suite |