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Critique de MonsieurHyacinthe


Bon, je l'admets, dans la veine des poétiques sensibles qui me font me bidonner, avec Fred et Renaud Dillies, Nicolas Dumontheuil est vraiment un chouchou. J'aime tout chez ces gens-là, quelle qu'en soit la période, des prémices au dernier cru, tout est délicieux, permissif et raffiné. Même dans le salé ! "Le Singe et la Sirène" n'y coupe pas.

En matière de salé, on est servi ici. Huit insultes dès la première page. La discourtoisie est de sortie, alliée au bestial, au licencieux et à l'incivil. Ça secoue les carcasses d'entrée de jeu, et pour quel plaisir de lecture ! On se laisse attraper dès l'entame du livre. Un guet-apens subtil, d'autant qu'un deuxième tome existe. Malin le singe.

La première prouesse se trouve ici : on aime ce monde trépidant, en proie à une continuelle agitation ! C'est fou de brosser des personnages grossiers, caractériels, benêts et misérables, sans qu'ils ne provoquent de rejet de la part du lecteur. On y adhère complètement. On en veut toujours plus, tout connaître d'eux, suivre leurs déboires. Les destins sont tragiques, les mistoufles tenaces, peu importe, l'attrait est tel qu'on se met à les aimer ainsi, le trait est tel qu'il fait tout passer, peines et vacheries.

Le ton du livre n'est donc en rien celui d'un drame lourd, l'atmosphère ne pèse pas, on ne s'embourbe jamais, au contraire, tout sonne comme un pamphlet social lumineux, impertinent, un brassage vivant, électrique, énergique et crédible, de petites gens aux abois, bien décidés à trouver une solution au "Métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro" de Pierre Béarn.

Autre joie appréciable, côté dialogues, les phrasés sont travaillés, la langue généreuse. L'argot des anciens côtoie la culture urbaine d'aujourd'hui. Rap, chansons paillardes, jargons ethniques, tout sonne juste, on s'en régale. Ça sent le vrai et participe à l'immersion dans cette banlieue de Bordeaux.

L'intrigue est noire, cruellement noire, la trame contemporaine et savoureuse. Une belle brochette de tarés, qu'on espère retrouver dans "Le Singe et la Dame blanche" avec autant de précision. En attendant, cette proposition se lit avec gourmandise, construite et bouclée, elle se suffit à elle-même. Un belle collaboration entre Eliane Angeli et Nicolas Dumontheuil.
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