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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman est clairement un livre que je n'aurais pas lu de ma propre initiative à la seule lecture du résumé. En effet, le baseball et la religion sont au centre de cette oeuvre de plus de 800 pages, deux thèmes pour lesquels je n'ai que peu d'intérêt.
Alors si je l'ai lu, c'est parce que les mots de Doriane (@Yaena) m'ont convaincue qu'entre ses lignes se cachait un roman lumineux et chaleureux, servi par de beaux personnages, touchants par leurs fragilités et leur histoire.

Alors, lorsque l'on m'a proposée de participer à une lecture commune autour de ce roman, je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais. J'aime la convivialité des lectures partagées, elles permettent d'aller vers des romans pour lesquels on a parfois un à priori, une appréhension …, d'élargir sa propre vision du livre par le croisement des différents ressentis, d'envisager d'autres dimensions à l'histoire.
Ce roman s'y prête totalement car il est dense, riche, avec une intrigue difficile à anticiper qui le rend particulièrement addictif.

*
Une grande partie du récit se déroule aux Etats-Unis dans les années 60 et 70.

Ce que j'ai trouvé particulièrement réussi est le développement des personnages de l'enfance à l'âge adulte et la manière dont l'écriture, à hauteur d'enfant au début, s'adapte et évolue, devenant plus mature au fil de la lecture.
Les personnages sont magnifiquement incarnés, complexes dans leur psychologie. Leurs personnalités s'affinent progressivement, se développant remarquablement, notamment autour de relations familiales difficiles, complexes et tendues.

« Nous étions jeunes. Nous étions arrogants. Nous étions ridicules. Parfois nous allions trop loin. Nous étions stupides. Nous avions souvent des engueulades. Mais nous avions aussi raison. »
ABBIE HOFFMAN

Principalement raconté par Kincaid, le plus jeune fils de la famille Chance, elle propose un tableau assez exhaustif de la société américaine à travers son regard. Mais très étrangement, même si j'ai ressenti sa vivacité d'esprit, son empathie, son altruisme, sa capacité à cerner les gens, son humour teinté d'ironie et de tendresse, je n'ai pas eu l'impression de le connaître intimement, en tous les cas, pas autant que ses trois autres frères.
J'ai eu beaucoup de plaisir à suivre ses frères avec qui on sent une proximité et un attachement : l'aîné, Everett, anarchiste, irrévérencieux, un rebelle au grand coeur ; Peter, intelligent, rêveur, absorbé dans ses livres ; et Irwin, le plus doux, croyant et sensible.
J'ai aimé voir grandir les enfants de la famille Chance, voir leur identité se dévoiler, leur personnalité s'affirmer pour trouver leur place au sein de leur famille et dans la société américaine.

Il me reste à parler des parents autour desquels s'articulent tous leurs enfants, leurs quatre garçons et leurs deux petites jumelles. Leur vie est cantonnée dans les extrêmes.
Hugh Chance, un joueur de baseball, voit sa carrière professionnelle détruite après un accident du travail qui va l'handicaper. Sa femme Laura est une adventiste du septième jour, une femme au fort caractère, intransigeante, dévouée à son église ; chaque jour plus fanatique et acharnée que jamais, elle tente d'entraîner toute sa famille dans sa « folie ».
Alors, en grandissant, chacun des enfants choisit son chemin qui apporte son lot d'épreuves. Toutefois, au final, la famille, l'amour, le courage et le sacrifice, seront les clés qui les uniront.

*
Les tensions familiales permettent de développer dès le début des thématiques fortes autour du baseball et de la foi jusqu'à l'extrémisme religieux, puis de voir se dessiner d'autres débats autour de la politique et des problèmes sociétaux, des questions morales, du libre arbitre et de la liberté d'expression.

*
C'est un livre très long, mais l'intrigue est bien rythmée et l'écriture est simple, fluide, plaisante à lire. Les seuls temps morts où j'ai décroché, et c'est très personnel, sont les passages où il était question de baseball. Mais ils s'estompent après la moitié du roman pour ne devenir que secondaires. Pourtant, ce thème est loin d'être inintéressant car le baseball est un des sports les plus emblématiques de l'Amérique et est très représentatif de la société et de la culture américaine.

Ce que je retiens principalement de ce roman est la force de l'écriture de David James Duncan : cette famille est terriblement dysfonctionnelle et pourtant, elle s'unit face aux drames. Cela se ressent aussi à la façon dont les voix secondaires se mêlent à celle de Kincaid.
L'auteur a cette habileté incroyable à accompagner l'action dramatique et à rendre fortes, les émotions de ses personnages. J'ai ressenti dans l'écriture de la tristesse, de la nostalgie, de la douleur et du chagrin, mais également de l'amour, de la tendresse, du respect et du courage.

*
Alors, malgré le fait que je n'y connaisse rien au baseball, que je n'aime pas du tout le sport, le destin de cette famille m'a touchée. Cette lecture m'a fait rire, elle m'a réconfortée et déprimée l'instant d'après. Parfois, mes yeux se sont embués de larmes devant tant de bêtise humaine.
Et puis, le dernier quart du roman est tout simplement magnifique, les drames qui se jouent sont excessivement prenants et émouvants.
Je suis séduite, encore une fois, malgré sa longueur, par ce roman de la très belle maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture et je vous encourage, si vous aimez les beaux pavés, les belles émotions, à rencontrer les Frères K.
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Doriane (@Yaena) avait beaucoup aimé ce roman et la chaleur avec laquelle elle nous l'avait recommandé valait bien que je me plonge à mon tour dans les aventures de la famille Chance. En charmante compagnie (Anne-Sophie, Sandrine, Nico et Berni (en léger différé pour ce dernier) dans une parfaite dream team), j'ai donc passé quelques heures à… perfectionner mon base-ball. Ou plus exactement à ne rien comprendre au base-ball, à le regretter d'abord, m'en agacer ensuite et lâcher purement l'affaire pour finir.
Dans les années 60 puis 70, Hugh Chance est l'heureux père de six enfants. Quatre garçons d'abord, parmi lesquels le narrateur, petit dernier de cette équipe masculine et deux filles jumelles ensuite. La passion d'Hugh, que dis-je, sa vie entière, c'est le base-ball. Doué d'un certain talent, d'une grande persévérance et d'une guigne incroyable, il va traverser son existence aimanté par ce sport, se jouant plus ou moins adroitement des obstacles qui se dresseront entre lui et sa pratique. Laura, la mère de cette belle tribu, est aspirée par un autre culte. Depuis toute jeune, et pour des raisons essentielles, elle voue à l'église évangéliste des adventistes un amour inconditionnel. Malgré les aspects dangereusement sectaires de certaines pratiques.
Avec de tels parents, la fratrie grandit entourée de grands idéaux aussi contradictoires qu'impérieux et une grande partie du plaisir de lecture réside dans les scènes de familles, les disputes, farces et estocades entre frangins qui émaillent les pages. Car, non contents d'avoir ces particularités incompatibles comme caractéristiques, la famille Chance cultive également avec soin l'originalité fondamentale de chacun de ses membres. Ajoutez quelques camarades impossibles, de la bière, un service religieux grandiloquent, un goût tout à fait d'époque pour le bouddhisme et l'Inde pour Peter, les meetings enfumés et les décisions idiotes pour Everett, une foi naïve combinée à un solide appétit pour la vie chez Irwin, la guerre du Viêt-Nam, quelques histoires d'amour et vous aurez les principaux ingrédients de ce roman 100% made in USA.
Est-ce que j'ai aimé ? Eh bien, j'ai trouvé ça un peu long et assez sympathique. Mais jamais je n'ai eu l'impression de franchir l'Atlantique. Ce livre, je l'ai lu depuis mon chez moi, incapable de rentrer dans les mentalités, les réactions et les ressentis des personnages tant ils me semblaient relever d'un habitus typiquement yankee. Il y a toutes ces références qui ne me parlent que de très loin, depuis les rares séries et romans américains que j'ai pu regarder et lire, la pop musique et tous ces codes culturels que l'on partage depuis des décennies de soft power. Mais que je relis avec beaucoup plus de distance historique et critique ces derniers temps. Ni le base-ball, ni les road trip ne m'allument des étoiles dans les yeux par principe. J'ai donc lu les frères K en recevant des milliers de petits stimuli destinés à instaurer une complicité culturelle qui ne faisaient, hélas, que rarement tilt.
Sur le fond, ce roman est empreint d'une réflexion philosophique indéniable et met au premier plan la question de la liberté à se gouverner et son rapport avec la foi. Evidemment, aucun lecteur ne peut accepter les bondieuseries adventistes scandaleuses qui obligent Laura et ses enfants à des circonvolutions impossibles. le culte du sport et de l'esprit d'équipe fera un peu plus long feu, pour ceux qui ont, contrairement à moi, les capacités d'y adhérer. Mais quand on a refermé le livre et qu'on cherchera à dégager une morale globale, on trouvera, derrière l'histoire rocambolesque et forte d'une tribu, une philosophie de l'existence qui laisse peu de place à l'en-commun.
La morale de ce roman promeut la famille, les liens resserrés avec ceux qui sont les nôtres, sans espoir qu'un bien commun puisse sauver qui que ce soit. Sans que ni les institutions politiques, ni l'école, ni les différentes instances sportives, culturelles ou cultuelles soient autre chose qu'une source de danger. In fine, le collectif semble défini comme ce qui entrave la fantaisie et la liberté fondamentale de chacun, sans aucun recours possible. Et bon, me laisser bercer par de sympathiques anecdotes racontées sur un ton cocasse mais qui ne me disent pas grand chose et recevoir cette morale en partage, ça ne m'a pas enchantée.
Ca n'empêche que ce roman est très bien construit. La manière dont le narrateur distille les informations, dont les différents lieux où se trouvent les personnages imposent des changements de perspectives ou de type de rédaction rend la lecture agréable et fluide. On sent un grand soin apporté à la construction de chacun des personnages, à la manière de mettre en valeur leurs caractéristiques et le charme de leur personnalité. Et puis surtout, cette lecture aura été l'occasion de nombreux échanges et de jolies discussions philosophiques avec Doriane. Et pour cela au moins, elle en valait vraiment la peine !
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J'ai failli parfois l'abandonner durant la première moitié à cause de la religion (passion de la mère) et du baseball (passion du père) qui remplissent des pages et des pages, difficile pour les non américains dont c'est le sport favori. Six enfants, dont certains sont subjugués par les entraînements du père. Enfin, quand ils grandissent, le roman devient intéressant, de par leurs parcours différents, d'autant que nous sommes en période de guerre du Vietnam. le point fort est l'amour et la solidarité familiale.
Une chose me tourmente : ma lecture précédente est 4321 de Paul Auster, publié en 2017 aux USA. Celui de Duncan en 1992. On y trouve énormément de choses communes. C'est vrai qu'il y est question du même pays et de la même époque.
Merci à masse critique pour ce roman plein de tendresse, d'humour et d'humanité.
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J'aurais pu abandonner ce livre après en avoir lu presque 400 pages,mais deux raisons m'en ont empêchée et je m'en felicite ! Quel roman!
Ces deux raisons sont,tout d'abord qu'il m'a été offert par mon fils,puis parce que la plume de David James Duncan est exceptionnelle et que dès les premières pages il réussit à camper des personnages forts,émouvants,à la fois simples par leur statut mais riches et complexes par leur psychologie. L'humour particulier et la tendresse s'imposent également dès les premières lignes.
Ce qui m'aurait incité à stopper ma lecture c'est la place prépondérante que tient le base Ball.
Ce roman narre l'histoire d'une famille américaine dans les années 60,par la bouche des enfants et principalement de Kincaid. Ils sont quatre frères : le narrateur, Everett l'aîné,Irving et Péter ainsi que les deux petites dernières,les jumelles Beth et freddy.
Cette famille a deux piliers : le base- Ball et la religion.
Le premier est incarné par le père, magnifique personnage dont la sensibilité et l'amour pour sa famille n'a d'égal que sa passion pour ce sport ; le second inébranlable, défendu coûte que coûte avec rigidité par la mère, membre fanatique de l'église adventiste.
Ce que développe ce roman c'est l'immense entremêlement de ces deux mondes mais aussi des multiples autres fils qui s'y glissent,l'amour,la guerre,la précarité, les secrets de famille,la poésie, le bouddhisme, la politique etc.
Et c'est en effet,lorsque cette fratrie devient adulte et que le contexte de la guerre du Vietnam s'impose que j'ai totalement plongé dans cette histoire.
Chaque membre de cette famille a sa propre façon de voir et de vivre le monde. Chacun souffre et se démène comme il peut pour donner sens à sa vie. Malgré tous les remous,les drames,la violence intra familiale et celle du monde,malgré les apparences,c'est le lien d'amour indéfectible qui unit cette famille qui permettra des miracles!
Impossible de rendre compte et hommage en un simple billet d'un tel monument littéraire de plus de 800 pages ! Alors,s'il est vrai que pour qui n'est pas passionné de base Ball la première partie du roman est longue,il vaut vraiment la peine de ne pas le lâcher ! Je n'oublierai pas cette lecture !
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Autant le reconnaître d'emblée : oui, il est beaucoup question de base-ball dans ce touchant et vaste roman de David James Duncan. Et pas seulement comme un symbole de l'Amérique des années 1960 car la famille Chance, du moins Hugh, le père (qui a été joueur semi-professionnel) et trois de ses fils, vouent un véritable culte à ce sport, ce qui nécessite pour un lecteur non averti (comme moi) beaucoup d'explications, disponibles sous forme de notes de bas de page.

Ceci-dit le récit, passionnant, reste toujours fluide et je n'ai pas vécu comme une gêne le fait de ne pas toujours comprendre exactement de quelle technique de jeu il s'agissait, tant les règles me paraissent compliquées et fluctuantes, soumises, semble-t-il, dans une large mesure à l'appréciation de l'arbitre.

Pour la mère, un de ses fils et ses deux filles, les petites dernières, le culte qui les guide est à prendre au sens propre. Il s'agit de celui des Adventistes du Septième Jour, une église chrétienne protestante très rigide, qui sert de béquille émotionnelle à Laura, la mère, qui a eu une enfance compliquée.

La famille Chance va donc se déchirer entre baseball et religion, liberté et soumission, désir de vie contre pulsion de mort. Leur histoire, douce-amère, est en grande partie racontée par Kincaid, dit Kade, qui est le quatrième des six enfants. Et peut être celui qui se préoccupe le plus de chacun des autres membres de cette famille.

L'humour est bien présent tout au long du roman, comme par exemple dans ce passage, où le père s'essaye à une tentative de synthèse :
« Au vu de mon expérience, je vous le dis, les enfants : dans la religion comme au base-ball, il y a la même dose d'ennui, la même hypocrisie, les mêmes vaines promesses de gloire, les mêmes bancs qui font mal aux fesses, les mêmes grandes gueules qui se mêlent aux supporters sincères, les mêmes pasteurs-entraîneurs qui ont soif de pouvoir et tiennent les mêmes sermons. Merde, il y a même de l'orgue en musique de fond dans les deux. »

Chaque membre de cette famille est magnifiquement rendu, sans oublier Grandamer, une inoubliable grand-mère paternelle d'origine anglaise. L'auteur a su les faire vivre dans leur individualité, leurs contradictions, leurs craintes et leurs espoirs. Et j'ai vraiment été saisi par la puissance romanesque de l'ensemble.

Le titre du roman s'explique en partie par référence au roman de Dostoeïveski « Les frères Karamazov » mais aussi par le fait qu'au base-ball, si j'ai bien compris, être « K » c'est être éliminé du jeu sur un strike.

J'ai lu ce roman dans le cadre de l'opération Masse Critique et je remercie vivement Babelio et les éditions Monsieur Toussaint Louverture. Je serais probablement passé à côté de ce roman si je l'avais découvert sur un présentoir de librairie, l'objet n'est pas en cause car comme toujours chez cet éditeur l'impression est particulièrement soignée, mais je pense que je n'aurais pas osé franchir le pas de l'achat après avoir parcouru les premières pages (y compris un schéma du « Diamant » de base-ball). Et je ne peux qu'encourager d'autres lecteurs à dépasser ce possible premier ressenti car cet excellent roman en vaut largement la peine.
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Dans quels cas lire ce livre ?
Pour lire un roman, qui pourrait être une saga (et que personnellement j'ai lu comme telle, soit en plusieurs fois), et vivre au rythme des membres du clan Chance, famille typique de la classe moyenne américaine des années 60.
Laura et ses 6 enfants, électrons plus ou moins libres, transitent autour du père, Hugh Chance et de sa carrière contrariée de joueur de baseball. Les souvenirs sont nombreux et chaque lancer, chaque point marqué ou perdu, chaque match, chaque victoire et chaque défaite deviennent autant d'allégories et leçons de vie.

Pour découvrir (ou redécouvrir) une écriture extrêmement intelligente où les psychologiques complexes des personnages très imagées deviennent limpides, où les punchlines sont légion, où l'humour et le cynisme sont omniprésents. David James Duncan aborde de cette manière une multitude de thématiques, allant de la religion à la guerre en passant par la famille, la fraternité, la résilience, l'amour et j'en passe. Mais surtout, David James Duncan délivre à travers ce texte fresque sociale, roman d'apprentissage et récit intimiste, un sacré paquet d'émotions, parfois même contradictoires !

Pour lire les courriers que s'adressent les frères, pour découvrir leurs rédactions. Rien que ces quelques pages éparses justifient à elles seules la lecture des 800 autres !

⚾️ Effet secondaire
Risque-t-on d'oublier les frères Chance une fois que l'on a accompagné la fratrie pendant ces quelques décennies ? La réponse est non.
Je vais même jusqu'à dire qu'ils nous permettent de considérer notre propre famille sous un nouveau jour !

⚾️ Contre-indication
Plus de 800 pages d'une toute petite écriture, peu d'aérations, il faut admettre que ça accompagne un moment. Il faut accepter d'y passer du temps. de même que toute allergie au baseball (il n'est toutefois pas nécessaire d'y être initié) ou aux digressions doit plutôt conduire à renoncer !
Cela étant, de mon point de vue, il fallait bien ça pour accorder suffisamment de place à chacun des membres de cette famille, si banale qu'elle en devient extraordinaire.
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Voilà un roman délicieusement dense et une famille qu'on quitte avec regret. Normal quand on a 6 enfants, dont deux jumelles, très différents au sein d'une famille avec des destins et croyances bien différents. C'est également un livre plein de subtilités qui requiert de l'attention pour ne pas laisser échapper toutes les nuances de sentiments par lesquels l'auteur nous fait passer.
Cette famille pleine de nuances c'est la famille Chance qui n'a de chance que dans son nom le K fait référence à l'échec. Ce qui partage cette famille c'est la religion, celle de leur mère adventiste à laquelle peu d'enfants adhérent, celle du père, le Baseball, puis celle d'un des fils bouddhiste ou la révolution dans laquelle s'engage l'aîné.
La poisse commence avec ce papa joueur de baseball qui coince son pouce dans un machine de l'usine qui l'embauche. Là s'arrête ses ambitions de joueur professionnel.
Le baseball a une place importante dans le livre et j'avoue que cela m'a fait peur dans la première partie mais la deuxième moitié du livre se concentre sur les fils et le baseball prend moins de place. Et oui, c'est la guerre du Vietnam qui vient par la suite désunir cette famille et c'est cette seconde partie du livre qui m'a vraiment ému car devant les épreuves, tout l'amour qui les unit jaillit et nous saisi. Les personnages sont attachants, les disputes entre membres de la famille sont parfois jubilatoires tant l'auteur fait monter la tension au cours de certaines scènes, mais souvent tout le monde est au bord du fou rire et nous aussi.
Et c'est là que s'est trouvée, pour moi toute la subtilité du livre le rire malgré toutes les tragédies vécues. Ce qui est constant dans ce livre c'est le courage dont fait preuve chaque membre de la famille qui s'agrandit tout au long de l'histoire. le courage qui fait qu'ils ne capitulent jamais.
Si l'histoire est essentiellement racontée par Kincaid, dont on ne sait pas grand chose en fin de compte, les prises de paroles sont multiples grâce aux lettres ou aux dissertations des enfants. Ce que j'ai apprécié dans la structure du livre. Quand c'est un pavé pareil, des modes de rédaction différents permettent de rendre la lecture moins linéaire, je trouve, et aussi d'éviter la monotonie.
Le livre n'a pas été un coup de coeur surtout à cause de la place du base ball mais j'ai eu un coup de coeur pour le personnage de la mère, c'est un chef d'orchestre et un pilier contre l'anarchie dans la famille, une femme de fer sans qui tous seraient perdus.
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Le baseball, un sport confidentiel en France. Tout le contraire des Etats-Unis.

Pour Hugh Chance, c'est une respiration et une philosophie de vie.

Ses rêves de carrière s'arrêtent lorsqu'il se retrouve avec un pouce en moins, résultat d'un accident du travail à son usine.

Pas le temps de se lamenter pour autant, car les années 1960 ne sont pas celles des miracles. Mais plutôt de la ténacité quand on a une famille à faire vivre : Laura, sa femme, croyante adventiste convaincue et ses enfants : Everett, Peter, Irwin, Kincaid, Beatrice et Winifred.

C'est la vie d'une famille américaine en cette période si marquante pour l'histoire de ce pays : les années 60, le mouvement hippie, la
Guerre du Vietnam.

Stop !

Je relis le début de cette chronique et je le trouve beaucoup trop plat pour raconter ce livre...

Alors je reprends : ce livre parle, au début, insupportablement trop de baseball. Parce que pour quiconque n'a pas grandit aux États-Unis/vécu aux États-Unis/ eu un parent américain (et n'hésitez pas à me donner d'autres exemples) le premier tiers du livre est une ode à ce sport. Et pour un lecteur lambda, c'est du martien.

Alors ce livre est mauvais et il ne faudrait pas le lire ?

Mais pas du tout ! Ce roman est génial et si je suis arrivée au bout de 800 pages malgré ce que je vous ai dit plus haut alors croyez moi, c'est que vraiment cela en valait la peine.

Cette famille Chance est imparfaite, chaque personnage est tout à tour énervant et attendrissant. Ils sont tous terriblement vivants. J'ai aimé cette famille de papier et rêvé d'être des leurs. Car j'ai eu peur, j'ai pesté et j'ai pleuré avec eux.

Parce que l'auteur réussit avec un talent incroyable à nous entraîner avec chacun d'eux, avec cette famille de gens quelconques, dans une peinture toute en nuance de l'Amérique de cette époque. Mais aussi parce que ce roman dépeint une universalité. Celle des familles qui, vaille que vaille, restent unies, qui se transcendent malgré leurs différences.

L'on y parle des liens du sang et des liens du coeur, du sens de la
vie, de philosophie, de rencontres, de résignation et de colère. L'on y parle de la vie tout simplement.

Je pourrais vous en parler encore et encore mais, faites-moi confiance, ce roman est incroyable et il mérite d'être découvert

À moins que vous ne l'ayez déjà fait ?
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Cette métaphore, David James Duncan la file d'un bout à l'autre de ce puissant roman.
Ce qu'il nous offre là, c'est l'histoire de la famille Chance. Pour paraphraser Everett, l'aîné des enfants, la vie va tenter de les éliminer sur strikes, ils vont se perdre eux-mêmes, devenir quelqu'un d'autre pour que ce soit, ironie du sort, la seule manière de sauver leur peau.
La famille Chance est riche en personnages romanesques : une mère aimante mais très religieuse, un père très bon joueur de base-ball mais ayant raté sa carrière professionnelle, quatre garçons aux personnalités aussi différentes que percutantes -sauf Kincaid le narrateur dont nous ne saurons pas grand-chose- et pour la touche féminine, des jumelles. Les cultes qui les gouvernent sont le base-ball et l'Église adventiste, avec plus ou moins de ferveur de la part de chacun des membres de la famille.
De 1956 à 1980, nous allons suivre la vie des Chance, traverser avec eux les grands bouleversements historiques comme la guerre du Vietnam, surmonter des difficultés diverses... Attention, ce n'est pas la famille Ricoré et l'amour qui existe entre eux se transforme parfois en déferlements de haine.
Le texte est puissant, c'est une écriture belle mais exigeante et le lecteur est sans cesse interpellé par une idée ou une autre ; pas une lecture reposante donc... Il y a de belles fulgurances qui me sont allées droit au coeur. L'auteur parsème également son récit de phrases faisant office de prophéties et qui donne une forte intensité à l'histoire.
Par certains aspects, et notamment sur le sujet de la guerre du Vietnam et des protestataires, Les frères K m'a beaucoup fait penser à 4 3 2 1 de Paul Auster, roman postérieur mais que j'ai lu avant.
Petit bémol tout de même pour moi, les longs passages relatifs au base-ball, carrières de joueurs, récits de matchs, m'ont parfois désintéressée, un peu ennuyée. 👇🏻
Pourtant les notes de bas de page sont très utiles et les explications très claires. Cependant, cet aspect parle certainement plus aux américains qui baignent dans la culture base-ball qu'à moi qui n'en connais pas grand-chose.
Mais ce n'est pas ce que je garderai de ce magnifique roman, je préfère retenir de ces 750 pages que l'amour entre les parents Chance est le "véritable héritage" de leurs enfants.
Prem se bhiksha dijiye. Ce que tu donneras avec amour, nous l'accepterons.
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J'ai su dès les premières pages que j'allais aimer, voire adorer ce livre. Impression confirmée en le refermant.

J'aime ce genre de récit, où l'on suit une famille à travers les expériences de la vie. J'aime aussi la période pendant laquelle se passe l'histoire, des années 50 au début des années 70, qui fut, notamment aux États-Unis, une période charnière et mouvementée (après-2nde guerre mondiale, guerre froide, guerre du Vietnam).
Et ce que vivra cette famille sera à l'image de ce que vit le pays.
Entre un père, aux rêves cassés de joueur pro de base-ball, et une mère adventiste fanatique, grandit une fratrie de 4 garçons avec chacun un caractère bien trempé, que viendra compléter l'arrivée de jumelles aux personnalités aussi affirmées que différentes l'une de l'autre.

Ce que l'auteur nous narre dans ce récit, c'est un bout de cette famille, un bout de ce pays, un bout de cette période.

Comment ces 8 personnalités si différentes arrivent à vivre ensemble, il nous parle de ce ciment qui les lie, de l'amour familial et filial dont on ne peut, ou ne veut, parfois pas se défaire. Pour le meilleur, parfois pour le pire.

Comment une fissure peut d'abord apparaître, sans mettre en danger l'édifice construit. Puis une autre. Et encore une autre.

Comment ça finit par tout faire exploser, pour éparpiller les membres de la famille aux quatre coins de la planète. Chacun et chacune vivant son expérience de son côté, seul.e, même en étant entouré.e par les siens.

Mais même décomposée, explosée, éparpillée, blessée, en colère, dans le rejet et l'envie d'indépendance, cette famille et ses membres ont toujours été liés par un fil invisible, parfois très ténu, à la limite de se briser. Mais il a tenu bon, ce fil, il ne s'est jamais rompu et eux-mêmes n'ont jamais vraiment lâché prise, même dans les pires moments.

Comment cette famille a pu ensuite se reconstruire. Se retrouver, se réattacher, se resouder, s'aimer à nouveau.

Duncan nous raconte tout ça avec beaucoup de poésie, beaucoup de tendresse pour ses personnages. Ils sont beaux dans leurs imperfections, leurs fêlures. Ils sont tout à la fois attachants et agaçants, ils nous font tour à tour rire et pleurer. On a envie de les serrer dans nos bras et de pleurer au creux de leur cou, et parfois on a juste envie de les secouer et les engueuler.
Chacun avec ses qualités et ses défauts, ils nous touchent tous mais jamais pour les mêmes raisons ni de la même façon.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce récit, ses personnages, cette histoire, cet auteur et sa narration.
Je lui aurais mis volontiers 5 étoiles, mais je lui ai parfois trouvé quelques longueurs. J'aurais pu faire avec, le fond compensant la forme. Mais ce qui m'a vraiment déçue c'est la fin, que j'ai trouvée un peu bâclée : quelques pages vite fait après presque 800 pages... et surtout un arrière-goût très amer de livre feel good, avec une happy end que je n'ai pas aimée et pas trouvée très cohérente avec le reste de l'histoire. C'est vraiment vraiment dommage.
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