Mais un jour les occidentaux arrivèrent. Ceux qui fantasmaient l'océan rencontrèrent ceux qui jouaient naturellement avec lui. A partir de ce moment-là, les surfeurs se firent plus rares et l'océan fut déserté.
Les missionnaires... l'industrie et les maladies... anéantirent la paisible existence insulaire. Les survivants se réfugièrent là où les étrangers n'oseraient plus les poursuivre ; l'océan.
Le surf devint alors le moyen de s'évader, de résister contre la colonisation, de défendre leur culture menacée.
Et toujours l'eau les accueillait.
C’est après l’anniversaire de Kristen que nous avons commencé à surfer sans elle. Je voyais bien que ça la blessait qu’on l’abandonne. Sa souffrance était palpable. Elle ne pouvait tout simplement plus suivre notre rythme et nous ne l’avons pas attendue. Cela nous faisait bizarre de surfer sans elle, mais notre culpabilité ne pesait pas lourd.
[ Hawaï - 19e siècle ]
Mais un jour les occidentaux arrivèrent. (...)
Les missionnaires, l'industrie et les maladies anéantirent la paisible existence insulaire.
Les survivants se réfugièrent là où les étrangers n'oseraient plus les poursuivre.
L'océan.
Le surf devint alors le moyen de s'évader.
De résister contre la colonisation.
De défendre leur culture menacée.
Et toujours l'eau les accueillait.
J'ai écrit ton nom dans la mer, les vagues l'ont effacé mais dans mon coeur tu resteras toujours.
«Le vide est constant. Mais le chagrin du deuil n'a pas de forme propre. Il va et il vient. » p. 340-341
Les surfeurs ont toujours trouvé refuge dans l'eau. Pour les premiers polynésiens, le surf était un plaisir universel. Une partie intégrante du quotidien de chaque hawaïen. Une expérience spirituelle qui unissait tous les habitants de l'archipel. C'était comme si l'île toute entière dansait dans les vagues.
Sa maladie n'était pas un point focal. Elle ne cherchait pas à ce qu'on s'apitoie sur son sort. Elle voulait qu'on la traite normalement, elle était forte. Elle avait surmonté la maladie dès le départ. La maladie ne l'a jamais battue.
La voir s'avancer dans l'eau m'a bouleversé.
Mon isolement inquiétait mes proches.
Ils me demandaient comment j’allais et j’avais bien du mal à répondre.
J’ai fini par trouver les mots que je cherchais.
« Cela vient par vagues »
C’est une réponse un peu lapidaire, mais juste.
Le vide est constant.
Mais le chagrin du deuil n’a pas de forme propre.
Il va et il vient.
Il demeure imprévisible. Il naît d’une tempête au loin, au plus profond de l’océan, à l’abri des regards, en faisant gronder les flots.
Il surgit, canalisé, concentré, se forme, se précipite, chargeant de toute sa force avant d’atteindre le point de rupture.
Il croît jusqu’à ne plus pouvoir tenir sa forme. Il devient instable et s’effondre.
Il finit par se répandre en une surface uniforme et calme.
Et puis l'eau se retire,
Avant que la vague ne se retire à nouveau.
« Cela vient par vagues » C’est une réponse un peu lapidaire mais juste. Le vide est constant. Mais le chagrin du deuil n’a pas de forme propre. Il va et il vient. Il demeure imprévisible. Il naît d’une tempête au loin, au plus profond de l’océan, à l’abri des regards, en faisant gronder les flots.