Si nous ouvrons le dictionnaire de l'Académie française, nous trouvons du mot portrait la définition suivante « Image, ressemblance d'une personne, faite avec le pinceau, le burin, le crayon, le ciseau, etc. » Cette définition nous éclaire certainement et fixe dans notre esprit la signification propre du mot portrait; elle ne nous satisfait pas toutefois absolument. Il suffit sans doute pour qu'il y ait portrait, que la ressemblance d'une personne soit transportée sur une toile, sur une planche de métal, sur une feuille de papier ou dans le marbre mais si la ressemblance purement physique était seule indispensable, le meilleur moyen d'obtenir un portrait parfait consisterait à s'adresser à un instrument qui fixerait mathématiquement, sur une surface où dans une matière donnée, les traits dont on voudrait posséder l'image.
Deux villes de France, Paris et Lyon, se partagent presque exclusivement au XVIe siècle le monopole des livres ornés de figures ; elles possèdent l'une et l'autre dans leurs murs des imprimeurs célèbres qui apportent aux diverses publications auxquelles ils attachent leurs noms un soin tout particulier : Etienne Groulleau, Denis Janot, Jean de Tournes et Guillaume Rouille, pour ne citer que les imprimeurs les plus renommés, ont eu, à cette époque, une influence salutaire sur l'art de la gravure.
C'est à la fin du XVIe siècle seulement, sous le règne de Henri IV, avons-nous dit, que se développe en France d'une façon significative la gravure de portrait. Jusque-là, en effet, plusieurs artistes s'étaient exercés dans cette branche de l'art et y avaient accusé un savoir réel, mais aucun ne s'était tout spécialement consacré à ce genre.