Bête noire

Eric Dupond-Moretti est un avocat pénaliste français de plus en plus connu. Il détonne un peu dans le monde des avocats, même des pénalistes, par son franc-parler.
Chaque époque a ses pénalistes célèbres. Depuis la fin de la peine de mort en France, ils font moins l'actualité mais Me Dupond-Moretti est avec Me Metzner et quelques autres une vedette du droit pénal en France,

Avec le chroniqueur judiciaire du Figaro, Stéphane Durand-Soufflant, il nous donne aujourd'hui un livre d'entretien en 13 petits chapitres, de 249 pages. le livre est imprimé en gros caractères et on le lit très facilement, d'une traite ou deux.

Dupond-Moretti ne se prend pas au sérieux. C'est une de ses forces. le livre lui-même fait preuve d'autodérision, déjà à travers son titre, Bête noire, avec en arrière-plan sur la couverture la photo en robe noire d'un avocat décidé. Bête noire de certains magistrats, il l'est assurément. L'un d'entre eux a même voulu le faire poursuivre pour une affaire d'usage de stupéfiants qui s'est révélée totalement infondée. L'avocat a beaucoup d'acquittements à son actif, au point d'avoir récolté le surnom d'"acquittador", et donc beaucoup de mécontents dans l'appareil judiciaire. le sous-titre "Condamné à plaider" est dans le même registre d'autodérision.

Avocat depuis 30 ans, Me Dupond-Moretti est partisan non pas d'une défense de rupture à la Vergès, mais d'une défense musclée à l'intérieur du système. Il ne craint pas d'affronter les magistrats si nécessaire.

Il évoque son travail, les rapports avec les clients, bien qu'il n'aime pas ce qualificatif, prévenus ou accusés, le plus souvent, victimes parfois, ainsi que quelques tactiques et stratégies procédurales.

On y apprend beaucoup sur la façon dont se prennent les décisions, sur le rôle primordial du Président de la cour d'assises, à même d'influencer le verdict dans la quasi-totalité des cas et sur quelques grands procès, dont Outreau, un des plus grands scandales judiciaires de notre pays, dont on n'a toujours pas tiré les conséquences.

Lecture intéressante sur un univers trop méconnu .

J'ai toujours apprécié ce personnage médiatique officiant dans nos tribunaux. Ce Dupont Moretti de part sa prestance, son assurance, ses interventions dans des procès souvent à la une des journaux, bref pour résumer son charisme peut bien être qualifié de personnage à part entière.
La lecture de ce livre ne m'a pas décu, pas tellement par l'aspect des coulisses de certaines histoires judiciaire mais surtout pour les passages où il parle des coulises de sa vie d'avocat.
Sa comparaison avec une vie d'artiste est bien vu et me semble assez juste, une vie sans temps morts, une vie faite d'attente, une vie où le résultat final de votre travail, à savoir l'acquittement ou la condamnation de ses clients,ne dépend pas de vous mais des décisions d'autrui.
Quelle vie incroyable, il offre une vision de la justice singulière basé sur l'accusé et non sur les victimes. Un discours sans concession parfois dérangeant tellement il peut sembler anti moral. Mais comme il le repète souvent je fais du droit pas de la morale.
Le seul point négatif est qu'il s'appuie sur de trop nombreux exemples pour illustrer ses propos, un tri plus important de ses anecdotes n'aurait pas nui à la force du discours.

On a l'impression que ce livre est une transcription d'une longue interview de Dupond-Moretti.
Il y raconte essentiellement des événements, des anecdotes tirés de sa longue expérience. On y trouve de quoi confirmer, de son point de vue, que la justice pénale est un grand spectacle ou chaque acteur tente d'imposer son jeu et que le sort de l'accusé en dépend autant que le carrière des présidents, avocats généraux et avocats tout court.
Quelques moments émouvants au milieu de beaucoup de coups de gueule, c'est un peu brouillon et écrit dans un style parlé, mais comme ça se lit en 2h maximum, c'est distrayant comme une émission de télévision, même si on peut rester sur ça faim...

Rapide à lire. Efficace. Ce livre nous plonge dans le monde judiciaire et policier à travers le regard d'un avocat d'expérience dont le point de vue est intéressant de connaître.

À plusieurs reprises, bien que je n𠆚i jamais entendu sa voix dans un prétoire, j𠆚i eu l’impression d’écouter Éric Dupont-Moretti plaider. Cet ouvrage fourmille de belles formules, d’intelligence, mais aussi d’un manque de nuances et d𠆞xagérations. Dupont-Moretti essaye de nous convaincre et/ou de nous persuader que sa vision de la défense est la bonne, celle des « vrais avocats pénalistes ». Pour autant je ressors très inspirée par cette lecture, tant par la réussite d’un avocat issu d’un milieu modeste, que par sa volonté de défendre, de rendre son humanité à l�usé, de rétablir l’équilibre par un exercice minutieux des droits de la défense. À force d𠆚necdotes, il décrit le métier qu’il a embrassé avec fougue et passion, ne se contentant pas de défendre les innocents, au contraire. On peut être en accord ou en désaccord avec ses propos, louer sa combativité ou déplorer sa brutalité, il est certain que cet ouvrage pousse à la réflexion.

Eric Dupont-Moretti est l'un de nos avocats pénalistes les plus célèbres. Sa renommée a depuis bien longtemps dépassée les murs des prétoires, car il est surnommé « Aquitador ou Aquitattor » tant il excelle dans l'acquittement des personnes qu'il a eu à défendre. Il est devenu aussi, un personnage très médiatique, ce qui n'est pas sans énerver fortement une partie de la magistrature.
Ladite magistrature qui ne supporte guère plus ses méthodes non conventionnelles et son langage franc et direct et inversement ce grand avocat n'a aucun atome crochu avec l'ENM (école nationale de la magistrature).
Eric Dupont-Moretti se bat depuis toujours pour une « justice juste » si l'on peut dire, car pour lui, les peines demandées ne sont pas toujours en adéquation avec les crimes et/ou délits commis. Dans ce livre, il nous ouvre la porte des prétoires, nous plonge au coeur d'un monde cruel et douloureux ou prédomine trop souvent le culte de la vengeance. Il y a bien évidemment du côté de la partie civile des familles dévastées par un crime qui les a touchées en plein coeur, mais il y a aussi des magistrats qui en profitent pour attiser en permanence les braises et jeter de l'huile sur un feu vindicatif. Alors, quand la parole est à la défense, il faut essayer de rendre aux jurés un peu d'humanité pour qu'ils conviennent à l'heure du délibéré d'une peine adéquate et acceptable par tous.
Sans en refaire tout le procès, Eric Dupont-Moretti nous replonge aussi à sa façon dans le terrible fiasco d'Outreau. Une enquête menée exclusivement à charge qui a conduit des innocents dans l'incroyable broyeuse de la machine judiciaire. Des personnes ordinaires condamnées par la seule parole d'enfants abusés dont les témoignages ont été dictés par une femme et largement relayés par le juge d'instruction. Dans ce type de procès et plus que jamais le travail de l'avocat est essentiel et tout son art consiste à prouver l'invraisemblable et à démonter point par point toute les pièces de l'accusation pour obtenir l'acquittement. Tous les accusés d'Outreau ont enfin été blanchi par la justice, mais au prix de vies brisées par des années d'instruction, des mois d'emprisonnement, des parents séparés de leurs enfants, sans compter des ruines financières et surtout un mort en prison.
Après ce monstrueux fiasco, la justice devait réformer en profondeur le système de l'instruction, mais au grand dam d'Eric Dupont-Moretti, la montagne à accouchée d'une souris, soit rien. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il nous reste à souhaiter de ne plus jamais revoir un tel drame.

Lu pour mes cours de droit, je recommande ce récit à tous les étudiants en droit, et les passionnés de justice...
L'auteur, un célèbre avocat surnommé "Acquitator" nous raconte son point de vue sur la justice française qu'il estime corrompue. Il raconte également les affaires qu'il a eu à défendre, et raconte le procès Outreau...
Une vraie pépite que je relirais certainement...

Lu juste avant le passage d'EDM devant la cour de justice de la République pour prise illégale d'intérêts, où il se voit accusé d'avoir utilisé sa fonction de ministre de la justice pour régler ses comptes d'ancien avocat avec certains magistrats… soit exactement ce qu'il reproche au chapitre 9 de son bouquin, titré coup fourré, à un juge d'instruction qui avait monté contre lui une procédure d'infraction à la législation sur les stupéfiants. C'était il y a trente ans.
Au-delà de ce curieux télescopage, la plus grande partie de l'ouvrage demeure d'actualité, dix ans après sa parution, notamment les très beaux passages sur la grandeur de la mission de l'avocat de la défense, la solitude ce dernier face à la vindicte populaire et son devoir de lutter pied à pied contre le conformisme ambiant, au besoin en étant franchement désagréable. C'est un prix modeste à payer pour notre liberté à tous.

Je comprends maintenant à quel point Maître Dupont-Moretti doit être un très bon avocat, un ténor du barreau, qu'on l'apprécie ou non. Parce qu'il n'a pas peur des mots, parce qu'il sait parler aux gens. J'ai aimé rentrer dans cette infime partie du monde de la justice pénaliste.