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Éric Dupont, avec son roman Bestiaire, entraine encore une fois ses lecteurs dans un univers réaliste, très fouillé, mais transformé par une imagination débordante. Au Québec, dans les années 70-80, un garçon du nom d'Éric raconte son enfance. Son père s'est séparé d'avec sa mère, a épousé une autre femme, puis d'autres ensuite. Autant les appeler Henry VIII, Catherine d'Aragon, Anne Boleyn et ainsi de suite. Pareillement avec les lieux et les événements, réimaginés (réinterprétés ?) à travers les yeux d'un enfant qui aime l'histoire. Les livres sont probablement sa façon de s'évader. le reste de l'intrigue est une façon pour ce jeune garçon de comprendre monde qui l'entoure, de s'approprier les bouleversements sociaux en les associant à des moments fort de l'histoire. L'Exode, le Grand Dérangement, etc. Je dois admettre que, si le concept était original, il m'a dérouté au début. Je ne connais pas tellement cette période de l'histoire du Québec, à part la performance de Nadia Comaneci aux JO de Montréal, le référendum pour l'indépendance et la fin de la course à l'espace. Ainsi, essayer de déduire les événements auxquels Éric se réfère, à partir d'autres événements ou personnages historiques auxquels il les a assimilés, cela n'était pas toujours facile. Bref, au début de ma lecture, je n'étais pas complètement convaincu. J'ai éprouvé de la difficulté à accrocher aux observations d'un ti-gars d'une région excentrée. Puis j'ai commencé à porter davantage attention au style de l'auteur. Après tout, c'est le même qui a produit La fiancée américaine. Je me suis rendu compte que j'étais un peu sévère dans mon jugement. le point de vue d'un enfant est riche car, à cet âge, on fait des liens qui échappent parfois (souvent ?) aux plus vieux, notre compréhension de ce qui se passe est moins limitée par des cadres rigides, d'une certaine façon. Je suis persuadé que le roman contient plein de liens que je n'ai pas saisi, à commencer par la raison derrière les titres des chapitres, des noms d'animaux (d'où le titre). Aussi, il n'est pas dénué d'un certain humour, de jeux de mots, toujours à la portée de la compréhension d'un enfant. «Bordée par l'Italie et le Danemark, l'Allemagne est connu pour ses grands compositeurs, Bismarck et Adolf Hitler.» Je regrette d'avoir lu trop rapidement Bestiaire et d'être passé (un peu) à côté d'un petit bijou.
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Une merveilleuse découverte (merci ARDOISE). La prise de conscience d'un enfant qui découvre, peu à peu, sa différence est décrite avec une telle sensibilité que tout le monde peut s'y reconnaître (après tout, nous sommes tous en quête d'une identité), pas seulement les "tapettes". J'étais moi aussi obnubilé, à 8 ans, par les prouesses de Nadia, rêvant de partir pour Montréal laissant ma région natale où je ne me sentais pas tout à fait à ma place. Je redoutais un peu un récit à la Vipère au poing mais ce n'est pas le cas: Les adultes ici ne sont pas méchants, seulement humain, avec leurs carences, leurs bêtises et parfois aussi leurs moments de grâce. Un livre lumineux.
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Nous avions beaucoup aimé "La fiancée américaine" de cet auteur québecois ; les lecteurs retrouveront dans ce dernier livre, où chaque chapitre porte le nom d'un animal, son grand talent de conteur !
Sur un mode sarcastique et un peu "foutraque" le narrateur nous raconte son enfance : on sent que c'est du vécu, qu' il s'agit très certainement d'un roman (au moins en partie) autobiographique.

Eric et sa soeur ont un père qu'ils appellent Henri VIII et une belle-mère Anne Boleyn. Leur mère étant Catherine d'Aragon ou plus exactement "Micheline Raymond, cuisinière de métier". "Henri VIII" car le père, par ailleurs officier de police, est un grand coureur de jupons et aura plusieurs femmes successives. La vraie mère, aimante et rieuse, ne pouvant plus faire face (ils se retrouvent un jour devant un réfrigérateur complètement vide) les a dans un premier temps confiés aux "Thénardier" avant qu'ils ne rejoignent père et belle-mère. Ainsi, dans leur vie, il y eut, entre autres, le "Grand Dérangement" et la "Grande Epouvante".
Extrait : "C'est après l'un de ces dimanches de culte que j'avais osé, dans la maison du roi, évoquer le nom de ma mère devant Anne Boleyn. Je ne sais pas ce qui m'avait pris, à six ans, de parler de choses si inconvenantes. J'avais pourtant compris qu'il ne fallait parler d'elle qu'en cas de stricte nécessité. je dus être frappé de démence pour dire à voix haute le nom de ma mère. c'était pure provocation. Heureusement Anne Boleyn veillait au grain. le censure frappa fort et frappa dur, d'une voix râpeuse, juste un degré au-dessus du zéro absolu : "De votre mère, je ne veux plus jamais entendre parler. Elle vous a abandonnés. Ne me parlez plus jamais d'elle"." (p 27)
Interdit de parler de leur mère, interdit de rire, de manger du chocolat Cadbury... Mais ce n'est pas une simple histoire d'enfants avec une marâtre, d'abord à cause de la vision très originale qu'a l'auteur de son enfance, et parce que Anne Boleyn avait quelques qualités tout de même.

Le jeune Eric, toujours très pince-sans-rire, compare la cour de récréation à son poulailler ; il donne aux poules les prénoms des filles de sa classe et parle de caquetages et de coups de bec de façon très drôle. Souvenirs d'école donc et leurs cortèges de cruautés enfantines, avec comme toile de fond l'exploration des changements des années 70-80 au Québec : montée du souverainisme et prises de distance avec la religion.Le tout bien filtré par les rêveries très imaginatives d'un jeune garçon qui aime les livres et leurs histoires.
Extrait : "Je me dis que la littérature était impénétrable, qu'elle ne pouvait, en fin de compte, servir qu'à appeler les divinités animales des forêts canadiennes et qu'elle n'avait d'autre finalité que de provoquer un changement brusque et venteux quand tout le reste a échoué. de toute évidence, je n'en étais pas encore là. La littérature redevint pour moi ce continent vierge que je continuai d'explorer seul, à coups de machette et de fusil, découvrant derrière chaque rocher couvert de mousse des univers qui n'auraient d'autre utilité que de changer le mien, petit à petit." (p 220)

Un livre formidable, drôle et émouvant, qui confirme les capacités poétiques et humaines de son auteur.
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Une nouvelle lecture !
Pour vous faire découvrir ce beau roman qui oscille entre perception et réalité - sans jamais trancher. Son père devient Henry VIII aux si nombreuses conquêtes, sa vie un exercice de gymnastique acrobatique... Jusqu'à l'envol final. Une belle façon de raconter son enfance, et, pour nous, une belle façon de découvrir le Québec...
Bonne écoute !
Lien : https://soundcloud.com/user-..
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Ce récit de son enfance en Gaspésie raconté par un fils de policier qui change de femmes comme de chemises est stupéfiant. Au-delà des ses aventures, classiques à cet âge, le narrateur décortique avec un humour parfois caustique ses relations avec ses parents du moment, un couple très particulier qui édicte des règles de vie un peu bizarres. le tout se déroule sur un le fond politique du moment, période marquante dans l'histoire du Québec, ce qui ne manque pas d'attirer des remarques juteuses de la part de cet enfant d'une candeur incroyable. Mais c'est aussi un observateur redoutable qui a le don de discourir avec verve sur tout ce qui l'entoure. J'ai souri tout au long de ce court roman aussi original que désopilant. Une lecture atypique et réjouissante.
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Un excellent roman, malgré une quatrième de couverture qui ne parvient pas à rendre compte de l'histoire. C'est le premier livre que je lit d'Eric Dupont, et j'ai été charmée par son écriture, sa façon à la fois poétique et drôle d'écrire la vie et les personnes qui en ont fait partie. Parfois, le texte part dans le registre fantastique, mais tout cela s'entremêle si bien que la lecture est fluide et agréable. le livre se lit très rapidement et laisse de bons souvenirs.
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Dans son « Bestiaire » dont chacun des chapitres est consacré à un animal, le narrateur nous livre ses souvenirs et anecdotes d'enfance.
Derrière l'humour, se cache néanmoins la souffrance d'un enfant du divorce, trimbalé, isolé à son école, en quête d'identité et vraisemblablement mal aimé par son père et sa sixième femme.
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du même auteur que la fiancée américaine
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Éric a six ans quand on le rencontre, à plat ventre devant la télé, à regarder Nadia Comaneci obtenir une note parfaite aux Olympiques de 1976. & il a seize ans lorsqu'on referme le livre, quelque trois cents pages plus tard, après une lettre qu'il aura écrite à sa soeur depuis un endroit qui, maintenant que j'y pense, n'est quand même pas si loin que ça de la patrie de Nadia. Entre-temps dix ans se seront écoulés, il y aura eu quelques va-et-vient entre Matane & Rivière-du-Loup, quelques rencontres avec des hiboux qui lisent Baudelaire & de petites chiennes qui arrivent directement de la stratosphère. Il y aura eu toutes les tragédies tranquilles qui viennent avec une famille qui ne sait pas vraiment en être une, & une collection de timbres, & le référendum de 1980, & les horreurs d'une école primaire gaspésienne pour un garçon chétif qui est persuadé que tapette est un terme qui fait surtout référence à son grand amour de la lecture. Une série d'anecdotes qui sont plus que des anecdotes, qui coulent & coulent & finissent par former un tout magique, coriace, sincère, triste, espiègle — exquis & achevé.

Tsé, quand on dit qu'un livre est drôle & touchant à la fois? C'est ce livre-ci. Sauf qu'ici c'est drôle comme dans caustique, comme dans décapant, un humour parfait & précis & dur, oui, sûrement un peu, & c'est touchant comme dans doux là où on s'y attend le moins, rien de larmoyant mais toujours comme un courant sous-jacent de chagrin, des relents de négligence qui sont déchirants parce que chaque enfance triste a quelque chose d'impuissant & de ravageur. J'ai passé un moment extraordinaire avec ce livre, j'aurais voulu qu'il dure toujours ; j'ai aimé la voix si particulière du narrateur, celle d'un homme qui raconte son enfance en en reproduisant les hyperboles, & elle m'est trottée longtemps dans la tête.

En prime, une couverture de livre où deux enfants sereins chevauchent une énorme crevette rose. Je sais pas pour vous, mais moi je peux pas demander mieux.
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