Jusqu’aux années 1950, le jeune homme qui se rendait passer son premier hiver dans un chantier forestier franchissait une étape importante dans les rites de passage de la vie : il abandonnait le groupe des adolescents pour accéder à celui des adultes. Cette entrée dans la catégorie des hommes était aussi marquée par la rencontre des étrangers. Ces camps forestiers regroupaient des Canadiens anglais, des Américains, des Acadiens, des Gaspésiens, etc.; et il suffisait souvent d’un seul hiver passé parmi eux pour que le jeune homme parle ensuite, toute sa vie, de tel homme qui ne pouvait pas parler français, de tel homme fort de Caraquet, Nouveau-Brunswick, de tel sacreur qui s’était estropié, de tel conteur, etc.
Une bonne fois, je vais vous conter, vous raconter, tant de vérités, tant de mentries, plus je mens, plus je veux mentir. ..