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Critique de pompimpon


Le Roi Marc, c'est celui qui n'a pas eu de chance, celui qui arrive après le vin herbé, qui reçoit Yseut ramenée d'Irlande par Tristan…

Dupe ?

Cocu ?

Personnage prêtant à rire ou à pleurer ?

Avec lui ou sur son dos ?

Aveugle, surtout, lorsqu'il accueille sa promise et ne voit qu'elle puisqu'elle lui est promise, réservée, à lui seul et aucun autre.
Aveuglé par sa beauté, sa jeunesse, ébloui par sa lumineuse présence, ses grands yeux gris, ses longs cheveux blonds entremêlés de fils d'or.

Le Roi Marc, c'est celui qui ne pensait pas à se marier, voulait que son neveu Tristan lui succède sur le trône de Cornouailles, puis a été convaincu par ses barons qu'il lui fallait engendrer un héritier.
Dans la littérature médiévale, les barons sont rarement de bon conseil.
Ceux-là ne dérogent pas à la règle.
Ils n'agissent par pour le Roi Marc mais contre Tristan.
Quelle aubaine pour eux, cet amour de Tristan pour Yseut et d'Yseut pour Tristan, qui crève tellement les yeux que le Roi Marc ne le voit pas ! Il est bien le seul.

Le Roi Marc, c'est celui qu'on oublie sans cesse, celui qui est de trop dans ce parfait amour, qui devrait s'effacer mais n'y pense même pas.
Sauf quand il est trop tard.

Clara Dupont-Monod lui donne la parole, à ce mis de côté, surnuméraire, encombrant Roi Marc.
Elle lui prête les mots de l'amour, de la jalousie, de la colère, de la vengeance, du déni, des prières balbutiées et des ordres cinglants, de l'orgueil froissé comme un papier de soie et de la fierté de l'ignorance.

Il est humain, son Roi Marc, il ne nous cache rien des marées de son amour à sens unique, qui le portent et le noient tout ensemble.

On l'écoute, souverain et influençable, fort et faible, prêtant l'oreille aux imbéciles et aux mesquins, fermant son coeur à ceux qui l'aiment sans le craindre.

Il décide, et puis change d'avis, vire et volte, instable et vacillant.
Surtout, il ne comprend pas que cet amour qui lui vole SA femme, celle qui LUI était promise, réservée, à LUI SEUL et AUCUN AUTRE, cet amour dépasse tout le monde, dépasse tout, à commencer par ces deux qui en deviendront légendaires.

Alternance de poésie et de bassesse, de descriptions merveilleuses et de sentiments médiocres, il nous dit tout, son Roi Marc, comme un ami repu de détresse et de mauvais vin qui vient pleurer son mariage raté, sa femme infidèle, reniflant et morveux, postillonnant son malheur entre deux hoquets.

Non, Jef, t'es pas tout seul…

Viens, Roi Marc, allez viens, il me reste trois sous à moi aussi, j'ai pas de guitare mais on fera avec mon hukulélé, tu ne finiras pas poivrot sanglotant dans le caniveau…
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