AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de OverTheMoonWithBooks


Juette est une jeune pré-adolescente de 13ans lorsque s'ouvre le roman. Elle est très pieuse (et le sera toute sa vie). C'est la fille d'un marchand belge et d'une mère qui lui paraît très froide, acariâtre et bigote. Puisque nous sommes au 12ème siècle, une fille ne put être d'une grande "utilité" à ses parents : elle est donc mariée à ses 15ans. "Heureusement", elle devient veuve à 18ans. C'est donc l'occasion pour Juette de rejoindre la léproserie de la ville, où se trouve des femmes de l'ordre des Béguines (des femmes qui entendaient vivre leur religion loin des règles du clergé corrompu). Et c'est dans cet endroit, avec les rebuts de la société que Juette s'affirme , en tant que femme, contre le clergé, contre sa famille qui veut la contraindre à se remarier et contre la société misogyne qui ne reconnaît son existence que lorsqu'elle devient la femme/propriété DE quelqu'un.

C'est le deuxième livre de Clara Dupont-Monod que je lis, et j'avoue avoir eu la sensation de lire le même livre que le précédent - La folie du roi Marc publié sept ans plus tôt.
Je n'ai pas eu réellement d'effet surprise comme ç'avait été le cas avec La folie du roi Marc : à nouveau, c'est un récit à la première personne servi par une écriture très féminine et des monologues très tournés autour des sentiments plus intimes. Bien que, dans La passion de Juette, l'auteur alterne le récit du point de vue de Juette, et celui du point de vue de Hugues de Floreffe, son confident - qui est aussi prêtre.

Toutefois, j'ai tout de même été touchée par le personnage (qui a certes réellement existé) de Juette qui évolue en marge dans ce "vilain Moyen Age" (pour reprendre l'expression de Jacques le Goff) : celui du clergé corrompu, de l'intolérance, où la misogynie (facilitée par la doctrine culpabilisante de l'Église catholique de l'époque) et l'institution des règles a érigé en maîtres les hommes les moins scrupuleux - confortés dans leur place douillette car dans une société où la loi du plus fort est la règle, pas moyen d'être inquiété...

Vers la fin, le roman gagne en force et en complexité grâce à l'aspect libertaire de la vie de Juette. Et comment ne pas être sensible à cette jeune fille qui revendique son droit d'exister en tant qu'individu et à disposer de son corps comme elle l'entend ?
J'ai aussi trouvé le parallèle entre les femmes et les lépreux très forts. Deux catégories d'exclus pour des raisons qui aujourd'hui paraissent insensé.

Un bon moment de lecture malgré l'impression de déjà lu !
Commenter  J’apprécie          350



Ont apprécié cette critique (30)voir plus




{* *}