maintenant le ciel
à vif
et cette hirondelle
qui à elle seule
veut faire le printemps
tu la retiens un instant
dans ta paume
pour mieux la rendre
à la patience des feuillages
où elle cache son nid
sans inquiétude
tu guettes le vert
illisible
troué de chants
tu écris
comme si la mort
n’existait pas
ton âme flotte-t-elle
dans les restes d’un livre
ouvert sur la table
ou dans les longs silences
qui dérivent le soir
avec les cerfs-volants
je te cherche partout
où tu n’es pas
et je ne trouve
que cette évidence
chaque matin le soleil
se lève
mais tu ne l’imites plus
il suffit de si peu
pour raviver le corps
frémir sous la caresse
d’une voix ou d’une ville
fiévreuse, avancer
plus vite que l’ivresse
d’anciennes colères
gratter le noir encore luisant
à l’ongle
ou écrire
écrire, ce verbe
maigre
qui ramène l’infini
à la hauteur des mains
mais un poème
ne te sauvera jamais
de tous les livres inutiles
tu n’arrives plus à mentir
à tes yeux
qui voient
les villes s’écrouler
à la vitesse des vertiges
tu cherches malgré toi
à faire surgir
l’espoir
dans un poème
abandonné au bon vouloir
des signes
qui continuent à tenir
tête à la réalité
tu brûles
avec babel
ruinée
ou deux tours / deux tours arrachées au ciel / sans nuages / en une fiction affolée / la vie est parfois / aussi concrète / que ces amants / dans le vide / les mains nouées
VLEEL Printemps des poètes 2022, L'éphémère avec cinq auteurs, éditions Bruno Doucey