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EAN : 9782359735550
304 pages
Ravet-Anceau (06/05/2016)
4.35/5   27 notes
Résumé :
En 1970, dans le bassin minier, un terril sépare les riches des pauvres. Deux enfants que tout oppose se lient pourtant d'amitié : François-Xavier de Montjarrieux, fils d'un puissant industriel, et Iwan Kaczmarek, dont le père est mineur. Des années plus tard, le premier est devenu avocat, le second policier. François-Xavier a sombré dans la drogue et l'illégalité en défendant dealers et malfrats. Alors, quand sa famille est retrouvée massacrée, il constitue le susp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Lorsque vous vous baladez dans le Nord-Pas-de-Calais, il est impossible d'y échapper, la vue de ces nombreux terrils font partie du paysage, vestige d'un passé révolu et pourtant encore prégnant dans la mémoire collective, ces montagnes articificielles issues de l'exploitation des nombreuses mines de la région, si elles ont fermé depuis quelques décennies aujourd'hui, l'histoire se rappelle qu'il fut un temps où les habitants vivaient heureux, les valeur inculquées, la force et le courage de ces travailleurs des entrailles de la terre donnaient l'exemple.
Iwan est un fils de mineur, François-Xavier est né avec une cuillère en argent dans la bouche, deux destins que tout oppose mais le hasard et la providence vont les voir se réunir pour le meilleur et le pire ...

L'histoire débute trente-cinq années après, par le massacre perpétré dans le domaine familial de François-Xavier, tous les membres ont été assassinés sauvagement, cela ne fait pas l'ombre d'un doute, tous les indices convergent vers un seul et unique suspect, François-Xavier.
Pour son ami d'enfance, Iwan, devenu policier, l'impensable et l'incrédulité se disputent dans son esprit, comment en est-on arrivé là ? Connaissait-il vraiment François-Xavier ? Se pourrait-il qu'il y ait une machination diabolique à l'oeuvre derrière ces odieux crimes ? Et s'il n'était pas le coupable, trop beau pour être plausible, personne n'ignore qu'il fréquentait des milieux louches voire dangereux dans le cadre de son travail d'avocat pénaliste, ni qu'il s'adonnait à des plaisirs prohibés par la loi certes mais jusqu'à présent, il s'en était plutôt bien sorti grâce à ... Iwan.
C'est alors que les souvenirs vont émerger et faire apparaître la face cachée de leurs parts d'ombre ...

Qui de mieux qu'un major pour décrire tous les rouages d'une affaire hors du commun, rien ne vous échappera, le parfait manuel du fonctionnaire de police, les procédures sont décrites avec force détail, la vigilance et la minutie avec lesquelles l'auteur nous invite à suivre l'arrestation, les différentes étapes d'une mise aux arrêts, pour le fan de polar, ne vous trompez pas, le meilleur est à venir, pour peu que vous soyez patient, l'effort sera récompensé et surtout, le récit va prendre une envergure inimaginable et une belle surprise, mine de rien (sans jeu de mots), la découverte d'une vraie plume, au-delà de la précision rigoureuse d'une véritable enquête de police, la révélation d'une grande histoire d'amitié, de celle improbable dans le milieu ouvrier du début des années 70, dans une France qui voyait déjà le fossé des classes sociales se creuser, la misère sociale cotoyant la bourgeoisie privilégiée, cette fracture est pudiquement bien décrite dans le roman, ni misérabilisme, ni démonstration superficielle pour dénoncer, critiquer des injustices criantes, l'auteur connaît bien la région pour y avoir vécu toute son enfance, dans la grisaille de ces matins difficiles et dont l'avenir ne s'annonçait pas toujours radieux, par la volonté et l'abnégation, le travail est vite devenu le leitmotiv, la condition sine qua non pour s'arracher et espérer des jours meilleurs.

Le riche et le pauvre ...

Cette amitié forte et indissociable, les pages du livre l'abordent sous toutes les facettes, dans les moments de phase décrite qui jalonnent le parcours de vie, la solidarité et l'entraide poussent la relation vers des sommets uniques, ceux qui pourraient vite devenir infranchissables sans le concours et la culpabilité à l'unisson, la générosité est une notion complexe pour en définir l'essence, quand on se sent dans l'obligation ou dos au mur, quand la vie a changé pour des raisons imprévisibles, rien ne prédisposait ou ne mesurait le degré atteint, cette crainte de l'isolement et de la solitude forcée, dans l'alternance des voix qui permettent de remonter et de comprendre les fondations, de prêcher le faux pour savoir le vrai, analyser froidement les faits n'empêche pas d'investiguer plus avant pour se situer dans l'échelle, éprouver de l'empathie est indispensable afin de trouver les tenants et aboutissants d'une affaire qui va voir se transcender deux personnages aux antipodes l'une l'autre, dans le mirage du désert, dans l'illusion parfaite du magicien qui sort le lapin de son chapeau, il existe des règles fondamentales pour défendre l'amitié et dont la pire extrémité serait la trahison, la manipulation et l'odieuse mesquinerie risquant de ternir l'image, de bafouer des éléments irremplaçables, un trait d'union peut se gommer d'un coup en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la plume perce la carapace et met à jour progressivement ce qui a pu rapprocher et éloigner, faire conjuguer l'amitié à coups de pédale ou de gestes de rescousse, le temps est un indicateur de la valeur intrinsèque, de la marche palpable vers cette course au terminus du terril qui attendent les deux complices d'antan, des jours et des week-ends, de mutations professionnelles en affaires traitées au tribunal, dans la mouvence du temps qui passe, dans le secret d'un passé qui hante les protagonistes de l'histoire, les réminiscences de faits divers anciens n'attendent qu'une chose et c'est tout l'intrigue qui éclatera, qui se dévoilera enfin dans sa tragique dimension, Aussi noir que le charbon deviendra vite aussi sombre que la lumière qui attendait alors les mineurs quand ils descendaient, l'acharnement et la vérité vous catapulteront vers des zones obscures, un dénouement aux relents terriblement humains, dans toute sa démesure poignante et fragile.

Je remercie une amie, Clémence, qui se reconnaîtra, j'ai eu la chance de rencontrer l'auteur lors d'un salon, sa franchise et son regard franc, ses mots directs, il n'a pas pris le risque d'écrire juste un polar pour étayer sa science, son style s'en est largement inspiré en proposant une histoire digne de figurer dans les meilleurs polars du genre, tout en apportant sa touche personnelle, de véhiculer des émotions, de construire une histoire pour traquer la vérité, défendre la veuve et l'orphelin, combattre l'ignoble et le mal absolu nécessitent de se méfier des apparences, en amour comme en amitié, rien n'est intangible, Iwan et François-Xavier vont l'apprendre à leur dépens, dans cette alchimie riche de péripéties dans leur jeunesse, les erreurs comme les joies de courte durée, les entraves et épreuves de la dure réalité et le temps son facteur déclencheur, tous les éléments d'un polar qui nous vient du nord mais dont les racines sont à creuser encore dans les profondeurs des ... terrils.

A noter les autres romans qui suivent Aussi noir que le charbon, Devoir de mémoire et Tu ne dormiras plus, Eric Yann Dupuis n'est pas seulement un major-instructeur dans la vie de tous les jours, un adepte des arts martiaux (Krav Maga) mais aussi un vrai auteur de polar.
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Aussi noir que le charbon porte bien son titre. Eric Dupuis propose ici un roman noir en plein bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.
Au pays du charbon, on s'amuse, on pleure, on rit. On s'enfile beaucoup aussi : de la dope, des petits jeunes. Bref, din'ch'Nord, on sait faire la fête.
Grisaille et misère sociale, comme toujours quand il est question de la moitié septentrionale des Hauts-de-France. Mais pas que. Dupuis dresse un portrait pointu de la région et de son coeur souterrain. Aux détails dispatchés ici et là, on sent qu'il a bossé son sujet sur tous les plans (historique, économique, social…). Son travail documenté dépasse les clichés et le misérabilisme faciles. le décor comme les protagonistes s'enracinent dans les profondeurs tant de la mine que de l'Histoire. En ressort une vision à la fois globale et précise qui sonne juste.

Justesse aussi dans les personnages d'Iwan et François-Xavier. J'avoue avoir eu peur en attaquant la lecture. le duo de personnages liés depuis l'enfance et opposés en tout. le riche vs. le pauvre, l'avocat marron vs. le flic… Un schéma pas nouveau qui laissait craindre les pires clichés et impressions de déjà-vu. A l'arrivée, rien de révolutionnaire, mais le procédé fonctionne sans donner envie de baffer son auteur. Ça tombe plutôt bien, vu que Dupuis a “quelques” notions de corps à corps (comprendre qu'il peut me pulvériser d'une pichenette du gros orteil).
La relation entre les deux bonshommes se construit sur le long terme par le biais d'analepses. Des fois que tu imaginerais une position tarabiscotée du Kamasutra, tu te trompes : l'analepse est à la littérature ce que le flashback est au cinéma. Pas une révolution non plus mais efficace et bien construit. Déployé sur une trentaine d'années, le binôme prend assez d'épaisseur pour tenir la route.

Même crédibilité affichée pour le versant enquête du bouquin. Logique, tu me diras. Dans le vrai monde de l'IRL, Dupuis sert dans la police depuis une trentaine d'années, il connaît la chanson. Certes, c'est la moindre des choses de connaître les procédures et le vocabulaire, mais ça ne fait pas tout. Procès-verbal et roman appartiennent à deux genres distincts, un seul relève de la littérature. Passer de l'un à l'autre demande du souffle, du rythme, du suspens…
Aussi noir que le charbon réussit son coup. Très réaliste, pas avare de rebondissements et révélations fracassantes, avec en bonus une mise en abyme via un bouquin dans le bouquin.

Si tu aimes les romans noirs avec des mineurs (dans tous les sens du terme), tu trouveras ton content avec ce roman. Gueules noires, ciel gris, sombre héros, côté obscur de la nature humaine, il y a quelque chose de pourri au royaume des Hauts-de-France (et un cliché shakespearien dans cette phrase).
Lien : https://unkapart.fr/aussi-no..
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Les missives de Fanny H pour Collectif Polar
1971, un enfant âgé de 6 ans est retrouvé sans vie au pied du terril noir et triste de Vourroy, une tragédie qui restera pour toujours ancrée dans les esprits.
1975, des jeunes filles sont assassinées, seul survivra l'une d'entre elles en 1976 : Bérengère Montjarrieux, fille d'un riche industriel.
35 ans plus tard, au commissariat de Lens, le commandant Constantini se retrouve avec une affaire terrible : un quadruple meurtre à Vourroy. Il s'agit d'André Montjarrieux, riche industriel, de sa mère, de sa femme et de sa fille retrouvés tous les quatre assassinés. le (ou les) tueur a mis en place une mise en  scène. Bérengère a été positionnée de la même façon qu'elle a été retrouvée en 1976. Il ne reste donc plus qu'un seul membre de cette famille, le fils, qui n'habite plus là depuis longtemps François-Xavier, surnommé FX.
Vourroy, une ville scindée en deux avec d'un côté, les ouvriers et des personnes en situation plutôt précaire à Vourroy-Village et d'un autre, les chefs d'entreprises ou directeurs de banque à Vourroy-Nouméa. Deux milieux, deux catégories sociales que tout oppose. Et pourtant un jour, ces deux petits mondes se sont bel et bien rencontrés. Quand François-Xavier Montjarrieux se promenait avec son beau vélo, il fit la connaissance d'Iwan Kazmarek. A partir de ce moment est née entre les deux jeunes enfants, aux vies si différentes, une amitié indéfectible.
A l'adolescence, FX a de très mauvaises fréquentations et il aura acquis une sale réputation. Et c'est Iwan qui sortira cette tête brûlée de situations de plus en plus graves et dangereuses les unes que les autres. Il a toujours été le plus calme et le plus réfléchi des deux. Un comportement destructeur, autodestructeur ou borderline cache bien souvent des blessures profondes et enfouies. Puis, les années ont passé et FX, dont le surnom est trompe-la-mort, est devenu avocat au barreau de Lille et roule en Maserati. Quant à Iwan, il a choisi la police et est maintenant major à la brigade des mineurs. Il y retrouvera un autre camarade d'enfance, Thierry Novak.
Qui a pu s'en prendre ainsi à une jeune femme prostrée depuis 35 ans et à sa grand-mère gravement malade et alitée ? Pourquoi des masques italiens sur les victimes ? Que cache toute cette mise en scène ? Une fois de plus, FX sollicitera l'aide d'Iwan.


J'ai aimé de suite la façon dont l'auteur décrit les corons et ses habitants. On ressent pleinement l'attachement d'Eric Dupuis pour sa région natale. J'ai beaucoup aimé également lire cette belle rencontre entre les deux enfants. On a envie de savoir ce qu'il va se passer entre ses deux garçons devenus des hommes. L'auteur fait des allers-retours dans leur passé afin de nous permettre de bien comprendre les fondamentaux de l'histoire.


Deux drames sont évoqués. le premier s'est passé le 27 décembre 1974 quand un coup de grisou emporte 42 personnes descendus dans la fosse des Six-Sillons à Liévin. Un accident qui laissera une région meurtrie. le deuxième, sans être explicite, nous fait penser à l'affaire de Bruay-en-Artois, toujours non élucidée à ce jour. le 6 avril 1972, Brigitte Dewèvre, jeune fille issue d'un milieu modeste a été retrouvée violée et assassinée.
L'auteur évoque aussi cette séparation des classes sociales entre les plus riches et les plus pauvres. Et pourtant, les mineurs avaient les mains sans doute plus propres que celles de ceux qui habitaient les beaux quartiers.
Dans Noir comme le charbon, on apprend beaucoup de choses, ce livre fourmille de renseignements intéressants.
C'est un pur polar, un vrai comme je les aime. le suspense est bien mené jusqu'au bout. Au final, Eric Dupuis nous révélera une histoire extrêmement sombre car il a choisi un thème qui n'est pas évident à aborder.
L'amitié a-t-elle des limites ? Si oui lesquelles ? Et vous, jusqu'où seriez-vous prêt à aller pour un ami d'enfance qui vous demande de l'aide ? Vous trouverez sans doute la réponse dans Noir comme le charbon.
(A suivre...)
Lien : https://collectifpolar.wordp..
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En 1971, dans le bassin minier du Pas-de-Calais, deux garçons que tout oppose se lient d'amitié : François-Xavier de Montjarrieux, fils d'un riche industriel de la région, est un enfant gâté, tandis qu'Iwan Kaczmarek, rejeton d'un mineur polonais, violent et alcoolique, traine ses guêtres dans la cité de Vourroy. Des années plus tard, alors qu'Ewan est devenu policier, FX, avocat véreux au train de vie luxueux, se laisse entraîner par ses fréquentations douteuses. En 2006, lorsque sa famille est retrouvée assassinée dans leur propriété, il est indéniablement considéré comme le premier suspect, d'autant plus qu'un témoin confirme avoir entendu sa voiture, une grosse cylindrée remarquable, sur les lieux du crime. Iwan, son ami fidèle, qui l'a toujours tiré d'affaire, tente une nouvelle fois de lui sauver la mise. A la lumière de ses souvenirs, l'opinion qu'il se fait de son ami prend un nouveau jour… L'avocat a t-il été victime une machination, d'un règlement de compte lié à ses « affaires » dans le milieu du grand banditisme lillois, ou le triple meurtre est-il lié à l'agression dont sa soeur a été victime des années plus tôt ? Pour le commissaire Constantini, l'enquête se rapproche en effet d'une série de meurtres d'adolescentes ayant entaché la région une trentaine d'années plus tôt, et dont la seule rescapée n'est autre que Bérengère, la soeur de FX. Y'a t-il un lien entre les deux affaires?

Un roman noir d'une belle richesse, sur plusieurs points. L'auteur originaire du nord retranscrit à merveille la vie au coeur du bassin minier à une époque où la fermeture des mines affaiblit les familles les plus pauvres. Une certaine fatalité émerge de ces lignes et on peut sans peine imaginer la vie rude et austère des habitants plongés dans le désarroi par la perte de leur travail. L'amitié entre ces deux gamins issus de classes sociales opposées apparait comme une clarté dans un monde alors bien sombre, mais ce n'est que le début d'une ténébreuse histoire qui va nous emmener très loin. Un polar régional donc mais autour d'une affaire hors du commun, qui effleure le grand banditisme, qui revient également sur un fait divers bien connu dans la région et sur lequel se base l'auteur pour tresser son intrigue. Autant vous dire que le réalisme fait froid dans le dos ! D'autant plus qu‘Eric Dupuis, major-instructeur dans la police nationale et conseiller technique pour le cinéma, a une connaissance parfaite du milieu, est très au fait des procédures judiciaires et c'est avec beaucoup de rigueur qu'il nous entraine dans cette enquête méticuleuse. Les retours progressifs dans le passé des deux protagonistes sont l'occasion de revenir à plusieurs reprises sur les faits horribles qui se sont déroulés dans cette intrigue pour le moins sordide. Eprouvant mais passionnant, voilà un roman qui marquera longtemps les esprits !

Un retour bien sombre dans ma région d'origine qui m'a pourtant beaucoup plu. Je remercie le Collectif Polar pour ce cadeau reçu dans le cadre d'un concours sur le blog l'an passé : grâce à vous j'ai découvert cet auteur de talent et ce roman que je ne suis pas prête d'oublier !
Lien : https://loeilnoir.wordpress...
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Ce roman, c'est d'abord l'histoire d'une amitié qui bafoue les codes sociétaux des années 70.
A cette époque, un riche et un pauvre, quel que soit leur âge, n'étaient pas sensés partager quoi que ce soit, encore moins leurs secrets les plus sombres.
Pourtant, sous la plume diabolique de l'auteur, ils vont non seulement bousculer toutes les règles pendant 30 ans mais également les transgresser, révélant une perversité qui ira jusqu'au meurtre et à la trahison.
Le lecteur assiste au fil des pages à une véritable mise à mort de cette amitié, orchestrée avec une incroyable noirceur par les deux protagonistes qui s'engouffrent dans des procédures criminelles parfaitement expliquées par l'auteur (lequel est, tout de même, major instructeur dans la Police).

Ce roman, grâce aux origines de l'auteur, c'est aussi une peinture extrêmement fidèle et détaillée de la lutte des classes dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais dans les années 70.
Un lieu et une époque où les riches et les pauvres ne se regardaient que de loin (de chaque côté d'un terril) et où le choix d'une vie se résumait à avoir du pouvoir ou devoir le subir.

Ce roman, c'est, enfin, une chronique extrêmement fine dans sa transposition d'une affaire criminelle qui avait stigmatisé la haine entre la classe bourgeoise accusée du meurtre et la classe populaire dont était issue la jeune victime.
On retrouve dans ce texte toute la violence qui avait explosé à cette époque pour critiquer le fonctionnement de la justice. On y voit également l'émergence des media, véritable 4ème pouvoir balbutiant, avec les premières interviews locales.

En toute logique, je me suis délectée de ce roman à la noirceur charbonneuse, de son style sans fioriture et de son écriture dépouillée et riche à la fois.
Il a reçu en 2016 le prix « Sang pour Sang Polar » au salon du livre de Franqueville Saint Pierre.
Je vous le conseille vivement ainsi que les trois précédents et Devoir de mémoire, paru chez le même éditeur en juin 2017.

« Les hypocrites les plus doux sont les plus redoutables.
Les masques de velours sont toujours noirs. » Victor Hugo
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
p 9 « Deux enfants de 6 ans s’amusent en grimpant l’un derrière l’autre sur le terril surplombant leur village. Au premier coup d’œil, on pouvait se rendre compte que ces deux gamins n’étaient pas du même monde.
En tête, le fils de Polonais, Iwan Kaczmarek, habillé comme un « loqueteux« , chemise aussi décousue et rapiécée que son pantalon à l’ourlet maintes fois réajusté, agitait un long morceau de bois, suivi de près par François-Xavier
de Montjarrieux, un gosse de riche, comme on disait dans la région. Guindé tel un prince, il arborait une superbe épée de chevalier en plastique. Iwan, prédisposé aux activités sportives, savait, avant même de donner le signal, qu’une fois de plus, il arriverait en haut le premier.
Pourtant, il laissait sa chance à son ami en ralentissant l’allure. Le temps qu’il regagne du terrain, il accélérait juste la distance nécessaire pour lever les bras au sommet en guise de victoire. Comme d’habitude, le noir de charbon recouvrait le bas de leurs jambes, avec ce sol
meuble, composé de schistes, où chacun de leurs pas s’enfonçait et laissait échapper des nuages de poussière novice. » https://lespatchoulivresdeverone.com/2017/02/17/aussi-noir-que-le-charbon-eric-dupuis/
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C'est dans ce contexte qu'Iwan et François-Xavier se rencontrèrent. Deux enfants de l'école primaire, commune aux deux quartiers, qui, à l'origine, n'avaient aucune chance de devenir, un jour, amis. L'un issu du monde ouvrier, avec l'ensemble des hommes de la famille nourri grâce aux mines de charbon, et l'autre, notable, issu d'une famille de riches industriels, né avec une cuillère, non pas en argent, mais en or massif dans la bouche.
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Quand ce terril refaisait surface, il le considérait comme un oiseau de mauvais augure. Il observa le noir ambiant sans oser tourner la tête trop rapidement, de peur qu’elle explose. Une gueule de bois terrible. Ses idées s’éclaircirent progressivement. Il se trouvait en périphérie de Béthune, dans l’hôtel Neptune, à proximité du péage de l’autoroute. Sa maîtresse, épuisée, récupérait à côté de lui, de sa nuit mouvementée.
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Au premier coup d’œil, on pouvait se rendre compte que ces deux gamins n’était pas du même monde. En tête, le fils de Polonais, Iwan Kaczmarek, habillé comme un “loqueteux”, chemise aussi décousue et rapiécée que son pantalon à l’ourlet maintes fois réajusté, agitait un long morceau de bois, suivi de près par François-Xavier de Montjarrieux, un gosse de riche, comme on disait dans la région. Guindé tel un prince ...
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Guindé tel un prince, il arborait une superbe épée de chevalier en plastique. Iwan, prédisposé aux activités sportives, savait, avant même de donner le signal, qu’une fois deux plus, il arriverait en haut le premier. Pourtant, il laissait sa chance à son ami en ralentissant l’allure. Le temps qu’il regagne du terrain, il accélérait juste la distance nécessaire pour lever les bras au sommet en guise de victoire.
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