Elle est originaire de Yaoundé. Comment s'est-elle retrouvée dans cette forêt ardennaise à la végétation si différente de celle de son enfance ? Et ces hommes qui la traquent et auxquels elle espère échapper dans la nuit noire… Aussi noire que son blouson… Aussi noire que sa peau… Heureusement, elle détient encore son portefeuille et son smartphone… Son smartphone qui contient les photos…
Elle en était là à cause de son cousin, Léon Nkoulou. Elle se doutait qu'en s'embarquant dans cette histoire, cela ne pouvait que mal tourner. Mais c'était son cousin. Son cousin, c'est la famille ! Et la famille, il n'y a rien de plus sacré !
Critique :
Après «
Une mort pas très catholique » qui se déroulait dans la ville universitaire de Louvain-la-Neuve, nous retrouvons nos deux enquêteurs Roger Staquet et Paul Ben Mimoun à Liège. Pourquoi ce dernier, qui avait fait son trou dans la police d'Ottignies avait-il invité Staquet à Liège, Staquet, lui qui continuait sa vie tranquille de retraité à Louvain-la-Neuve ? le rendez-vous était fixé dans la gare des Guillemins, une gare signée Calatrava. Un chef-d'oeuvre, plein de courants d'air, qui en faisait une des dix plus belles gares du monde, mais une gare disproportionnée en regard de la taille de la bonne ville de Liège. Staquet comprit bien vite qu'il n'était pas là pour faire du tourisme lorsqu'il vit Ben Mimoun en compagnie de Clarisse. Clarisse, l'ancienne étudiante qui s'était trouvée dans de sales draps lors de son enquête précédente, cette affaire de « sugar babies » ! Se serait-elle une nouvelle fois plongée dans de sales draps ? Ou le jeune Paul Ben Mimoun et elle fricoteraient-ils ensemble ? Peut-être les deux à la fois ?
Cette nouvelle aventure du jeune policier et de l'ancien flic retraité, écrite à quatre mains par
Agnès Dumont, Liégeoise qui joue donc à domicile, et
Patrick Dupuis, Néo-Louvaniste, nous entraîne dans une enquête officieuse puisque Paul Ben Mimoun est en congé et que c'est pour les beaux yeux de Clarisse qu'il enquête à Liège. Cette même Clarisse qui a joué un rôle dans le premier épisode, lorsqu'elle était étudiante à Louvain-la-Neuve. (La Clarisse « qui attire les emmerdes plus sûrement qu'un aimant la limaille de fer ».) Pourquoi tant de mystère dans la recherche d'Honorine ? Eh bien parce qu'Honorine, déjà aperçue dans le premier épisode, est encore et toujours en séjour illégal en Belgique. Alors, aller signaler la disparition de la petite Camerounaise auprès de la police équivaudrait à lui offrir un aller simple pour son pays d'origine. Mais le trio va-t-il arriver à retrouver Honorine… vivante ?
J'ignore s'il y a un complot parmi ces auteurs qui publient chez Weyrich, mais à un an d'intervalle, ne voilà-t-il pas que nous sommes précipités dans le même coin reculé
De Belgique, au fin-fond de la province de Namur, à un jet de pierre de la frontière française.
Christian Joosten dans «
le Roi de la Forêt » nous avait entraînés à Vresse-sur-Semois, et maintenant
Dumont-Dupuis nous font visiter Graide dans la commune de Bièvre, située aux limites est de Vresse-sur-Semois. Remarquez que pour des auteurs de polars cela s'explique par l'isolement du lieu et la beauté de la région. Pour être tout-à-fait honnête, nos enquêteurs ne feront que passer par Graide-Station.
J'avoue avoir apprécié l'humour noir dont les auteurs font preuve malgré la gravité du sujet : « Il aspira une goulée d'air frais et revint à la charge, avec l'enthousiasme du gars qui sort d'une tranchée quand il sait qu'en face, l'ennemi est prêt à tirer » ; « un type aussi large qu'un camion-citerne, mais un peu moins sympa, s'encadra dans l'embrasure » …
Vous l'aurez compris, j'ai trouvé très plaisant de lire ce roman policier d'autant que je connaissais déjà les protagonistes principaux. Pour ceux qui n'auraient pas lu «
Une mort pas très catholique » pas de panique : il n'est pas indispensable d'avoir dévoré le premier opus pour profiter de celui-ci.