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EAN : 9791096373376
284 pages
La Déviation (24/08/2021)
4.31/5   13 notes
Résumé :
"A Le pic vert enroule sa langue autour de son cerveau pour le protéger contre les trépidations quand il fore les arbres. A " Cette phrase, prononcée par un guide de musée, est une révélation pour Sylvain Breuil, le point de départ d'une quête de l'invulnérabilité, puis de l'immortalité. Il y a la mère, morte en mettant Sylvain au monde, le père atteint d'Alzheimer, mais aussi Stanislav, l'ami arménien, une jeune fille aux yeux de pluie, un apnéiste, un boulier chin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ce matin, je marchais en forêt quand j'entendis brusquement ce bruit caractéristique qu'on croit surgir d'un monde imaginaire : les trépidations du bec d'un pic vert contre un tronc d'arbre. C'est un bruit magique. On croirait entendre celui des baguettes d'un batteur de jazz donnant le tempo...
J'ai essayé de m'approcher d'un peu plus près, mais impossible de repérer l'oiseau qui me semblait cependant tout proche. Un autre pic vert au loin donnait l'impression de lui répondre par les mêmes trépidations.
Je venais d'achever quelques heures plus tôt la lecture de cet étrange et poétique roman, La langue du pic vert. J'en étais encore sous le charme. Comment alors ne pas penser à cette phrase qui traverse le récit : « le pic vert enroule sa langue autour de son cerveau pour le protéger contre les trépidations quand il fore les arbres » ? Je me suis encore approché parmi les buissons et les ramures pour tenter d'observer le phénomène, mais une horde de vététistes agités est entrée alors dans le paysage, renvoyant le dialogue des volatiles dans l'envers du décor.
Au commencement il y a donc cette phrase surprenante saisie par Sylvain Breuil, un jeune homme qui avoue qu'il attendait cette révélation depuis dix-huit ans. Il en fait la découverte lors de la visite d'une Maison de la Ligue pour la protection des oiseaux...
Je me suis alors rappelé avec une délicieuse nostalgie le souvenir de mes vacances de l'été dernier dans les Vosges et le lieu de ces vacances, c'était là aussi un refuge de la Ligue pour la Protection des Oiseaux tenu par une dame passionnée par les oiseaux. Elle recensait notamment une variété de pic, on les entendait dans la forêt toute proche, comme ce matin, comme dans les pages de ce livre qui se transforme subitement en véritable carrousel...
La langue du pic vert est une histoire intrigante, envoûtante, sensible... C'est un livre au voisinage du ciel, à la lisière du fantastique et cela ne nous surprend guère comme les trépidations d'un pic vert savent nous plonger dans la beauté d'un monde irréel.
Le personnage principal, Sylvain Breuil, porte le fardeau d'une famille éprouvée. Sa mère est morte en lui donnant naissance, tandis que son père bascule tout doucement dans les affres de la maladie d'Alzheimer... de cela, en est-il marqué ? Sans doute que oui, mais Sylvain Breuil est un personnage secret, mutique, taiseux... C'est sans doute ce mystère qui séduit cette jeune fille Françoise qui s'éprend de lui durant les vacances d'été en Auvergne chez son oncle et sa tante...
Sylvain Breuil va à la rencontre d'un pic vert comme on avance à tâtons dans le dédale d'un souterrain d'où surgit au loin un rai de lumière.
Sa fascination vers le pic vert, cette recherche de liberté, devient pour lui comme un besoin vital de légèreté, de survie, de résilience, de rêve et en même temps d'enfermement.
Tout évoque désormais pour lui le monde des pics verts, même lorsque l'amour entre dans sa vie, avec un premier baiser de Françoise qui se pose comme l'effleurement d'une aile d'oiseau.
Même le salon de l'appartement familial en H.L.M. devient le théâtre d'une chose insensée, irréelle, des pics verts qui traversent le soir la pièce entre 22 heures et 23 heures, ouvrant les murs et les reformant aussitôt, c'est un rituel, un ballet, un mouvement aérien et éthéré, un rendez-vous qui lui donne désormais un nouveau sens à sa vie.
Sylvain Breuil bientôt ne supporte plus ce qui peut faire obstacle à cette magie qui entre dans son univers...
C'est un basculement à partir d'un rêve qui va se poursuivre vers la folie...
Il y a la construction d'un enfermement à partir d'une passion qui entre dans les premières pages de ce roman avec légèreté, puis cette passion devient obsessionnelle et qui finit par nous faire mal.
J'ai beaucoup aimé ici l'écriture poétique de Chantal Dupuy-Dunier, poétesse dont le style m'avait déjà enchanté il y a quelques semaines lors de la lecture d'un de ses recueils de poèmes, Mille grues de papier. Et j'ai été emporté aussi par la construction de ce récit qui m'a tenu en haleine jusqu'aux dernières pages où nous suivons Sylvain Breuil dans sa quête éperdue d'immortalité...
C'est juste beau et terriblement émouvant.
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Chantal Dupuy-Dunier. Une carte. C'est moi ! dit le livre, il est beau. le ramage aussi ça compte et que dire de l'oiseau. Quand le ‘tout' me quitte je vois mieux. Ici ‘tout' est nouveau, un oiseau qui souvent s'est posé dans mon champ de vision. Qui est-il de mon présent ainsi transposé que je n'ai pas vu avant ? Une douceur de remplacement qui se construit peu à peu et me comble en mémoire pour demain. Très contente d'être visitée par cet oiseau du livre, le pic-vert, même si le mien est autre, qui siège sur la rambarde de ma terrasse, cet inconnu qui m'observe d'un regard vif et bref, et qui revient pourtant. Sylvain qui s'est acheté un livre sur les pics s'amuse à formuler le mot ‘pic' avec les noms/prénoms des auteurs Philippe Clergeau et Patrick Chefson ; de même que, lorsqu'il rencontre Stanislav à la bibliothèque, il va associer son bégaiement en mode saccadé au tape-tape du pic. le personnage de Sylvain qui est orphelin de mère et successivement délaissé par son père frappé d'Alzheimer se voit happé par un phénomène sensoriel qui l'attire vers cet oiseau de prédilection, le pic vert en particulier et les pics en général. Comme sa sensibilité est exacerbée, il lit les signes du quotidien de sa vie qui comblent un vide affectif et l'amènent à penser différemment. Si la lecture emprunte la poétique elle n'est pas sans fondement de réalisme quand on peut poser la question de savoir s'il n'y a pas des traces indicibles se trouvant sur nos chemins de destin. C'est pourquoi je parlais du mien oiseau, un faucon crécerelle qui vient me visiter et de nouveau s'élance aux bleus du ciel. Sylvain perçoit des choses nouvelles dans son monde qui s'élargit ; les murs de son habitat s'effacent et les pics traversent son univers. Puisque la norme n'est plus délimitée par une quelconque exemplarité, son propre père étant intimé ailleurs, Sylvain s'échappe, partant tôt et rentrant tard. Sylvain ne fête pas ses anniversaires ; enfin, on ne lui fête pas ; c'est-à-dire qu'il coïncide avec le jour de la mort de sa mère ; soit, qu'on lui fait porter le poids du décès de sa mère ; soit, qu'un adulte en souffrance n'a plus le don d'aimer quand il s'accorde protection à lui-même. Quand Sylvain s'en va rejoindre ses oncle et tante à Cronce et qu'il n'a plus d'affinité avec les lieux, il court dans la forêt de Montmouret pour retrouver ses chers oiseaux. C'est alors qu'il croise Françoise Vergne, la petite fille du vieux Claude ; Françoise qui le ramène d'Aile à Elle. Mais la frontière est faible entre le bec et la bouche et l'assertion nouvelle de Sylvain classant du côté de l'arbre les mortels et du côté du bec les autres. C'est alors que l'entendement est interrogé lorsque la destinée s'acharne à nous enlever des proches. La lecture du présent, entre, mots et signes, revêt une résonnance accrue sans qu'il soit pourtant détecté par l'oeil ami et attentif une altération de la pensée.
Il y a une complétude dans ce livre, et du mouvement, même si, l'ambiance oscille entre poétique et analyse quand on est confronté à l'homme fondu dans un monde animal jusqu'au suspens final qui laissera au lecteur le soin de conclure. Une découverte mémorable. La Déviation pour l'éditeur et Babelio pour le circuit. Merci.
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« Les hommes sont des oiseaux de passage. »
William Shakespeare

J'aime les oiseaux. C'est sûrement pour cette raison que ce roman m'a tout de suite attirée.
La critique de fbalestas a fini de me convaincre et je la remercie de m'avoir conseillé cette lecture.

Présent dans la liste des romans de la dernière masse critique, j'ai demandé à le lire et j'ai eu l'heureuse surprise de le recevoir. Un énorme merci à toute l'équipe de Babélio, aux éditions La Déviation pour leur envoi accompagné d'un petit mot manuscrit et à Chantal Dupuy-Dunier pour cette lecture proche du coup de coeur.

*
La couverture est magnifique , mais son sens m'a échappé jusqu'à la toute fin, ne comprenant pas pourquoi le pic vert s'agrippait aux barreaux d'une grue, au lieu d'un tronc d'arbre.

*
Le titre m'a également interpellée, car sujet à de multiples interprétations. L'auteure aime jouer avec le sens des mots.
La langue des oiseaux n'a aucun rapport avec l'ornithologie. Elle est une façon très subtile de jouer avec les sonorités et le sens caché des mots pour en modifier l'interprétation.

« S'appeler Sylvain Breuil n'est pas sans risque. La double étymologie sylvestre - en vieux français breuil signifie bois - recèle bien des dangers. On passe facilement de forêt à foré. Un signe redoublé redoutable. »

Mais le titre fait également référence au pic vert qui possède une langue vraiment étonnante. En effet, elle s'enroule autour de son cerveau pour absorber les percussions lorsqu'il fore, tambourine les troncs d'arbres à coups de bec. Ainsi, sa langue le protègerait des commotions cérébrales.

Les thèmes de cette histoire s'articulent autour de questions existentielles : la vie, la mort, la maladie, le passage du temps.

*
Difficile de parler de cette histoire. Roman d'ambiance, roman psychologique, il m'a touchée.
Dès les premières lignes, on sent que l'auteure nous emmène dans un autre univers, mélange de réalité, de rêve et de folie. Je me suis abandonnée à sa poésie, à l'atmosphère qu'elle a su créer, et à toute une variation d'émotions et de sensations.
Les mots s'assemblent et s'associent avec élégance et doigté, déployant tout un nuancier de sonorités et d'images.

« Dans les racines de soi,
se trouvent déjà des vers.
Les mots cheminent
au milieu du souvenir des magnaneries.
Existe-t-il un souvenir de l'absence de mémoire ? »

*
Sylvain, le narrateur de cette histoire, se passionne pour les pics verts, suite à la visite de la Maison de la Ligue pour la protection des oiseaux. Instinctivement, le jeune homme solitaire et secret ressent un sentiment de proximité qui le lie aux oiseaux, et en particulier aux picidés.

« le pic vert enroule sa langue autour de son cerveau pour le protéger contre les trépidations quand il fore les arbres. »

Cette phrase va bouleverser sa vie. Sylvain va se réfugier dans leur monde, lui qui n'a jamais connu sa mère et qui voit son père, Julien, s'éloigner inexorablement de lui, sombrant dans les méandres de sa mémoire.

« Julien se trouve, lui, dans le lieu terminal de sa conscience, un environnement aquatique où sa mémoire n'est plus qu'une coque de noix à la merci du flot des neurones. Julien Breuil devient liquide. »

Julien s'isole de plus en plus, passant ses journées à étudier l'oiseau.

« Je me trouverai.
Pouvoir se trouver implique la recherche de soi,
à travers la plume, ou les plumes… »

*
Ce roman aurait pu être banal, mais c'est alors que le récit va se teinter d'un brin de fantastique. Les pics verts vont s'inviter chez Sylvain chaque soir, perforant le papier peint pour jaillir du mur du salon et voler à travers l'appartement. Rivalisant d'agilité et de vivacité, ils s'animent devant ses yeux, offrant un festival de couleurs et de grâce.

« Ce rendez-vous est devenu tellement essentiel dans sa vie qu'il ne peut imaginer ce qu'il deviendrait si, à son retour, les pics verts ne réitéraient plus leur fascinant carrousel. »

*
Attirée autant par la couverture du roman que par son titre, j'ai également été charmée par l'écriture lyrique de l'auteure et l'étrangeté de ce roman. En effet, j'ai été troublée durant cette lecture, ne sachant pas trop dans quel univers je me trouvais. Mais c'est ce trouble, ce mystère auréolé de poésie qui m'a séduite.

Chantal Dupuy-Dunier a réussi à m'emporter dans son monde, à la fois onirique et intrigant.
Un beau moment de lecture, une écriture à découvrir.
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Rentrée littéraire 2021

Voici un très beau récit poétique, sensible et fantastique.
L'histoire ? Sylvain Breuil est un jeune homme solitaire, étudiant en langue anglaise au début du roman, dont la mère est morte au moment de sa naissance, et dont le père est atteint de la maladie d'Alzheimer.
Elève sans histoire, enfant particulièrement docile, il n'aurait rien d'original si ce n'était que, à l'occasion d'un visite à la Maison de la Ligue pour la Protection des Oiseaux en Auvergne, il n'était tombé en arrêt sur une phrase prononcée par le guide ornithologique qui va faire basculer son destin : « le pic-vert enroule sa langue autour de son cerveau » - une révélation.

C'est le début pour Sylvain d'une étrange passion pour cet oiseau étonnant, ces pics épeiches ou pics bigarrés, à la musculature de la boite crânienne insolite, destinée à le prémunir des chocs répétés lorsqu'il frappe le tronc d'un arbre. Cette passion le distrait des soucis que lui cause son père, de plus en plus sujet à des trous de mémoire et à de curieux comportements – jusqu'à qu'il ne soit plus possible de partager le même appartement.
L'histoire serait plutôt banale et on aurait pu tomber sur une histoire triste et commune si l'autrice ne nous avait pas réservé quelques surprises.
L'une d'entre elle fait basculer le récit dans une fable poético-fantastique : Sylvain, installé seul dans son salon, voit soudain apparaître un pic vert sortir du mur, puis traverser la pièce et ressortir par le mur opposé sans jamais le fracasser, et bientôt il est suivi par d'autres dans un balai magique et très bien orchestré.
L'évènement se répète tous les soirs entre 22h et 23h précisément, et Sylvain n'en parle à personne de peur de trahir un secret et de voir les pics verts s'envoler.

C'est aussi à cette période qu'il fait la connaissance de celui qui deviendra son unique ami, Stanislav, un arménien venu étudier les Mathématiques, qui est par ailleurs doté d'un fort bégaiement - et on pense subitement à "l'ami arménien" d'Andreï Makine, lu il y a quelques semaines.

L'originalité du roman de Chantal Dupuy réside dans l'introduction de la poésie dans le récit - l'autrice est en effet surtout connue pour ses nombreuses publications en poésie – et elle réussit ici à ponctuer son récit de recherches poétiques : Sylvain décompose des mots en mode syllabique, pour tenter de percer le mystère du langage et de la langue du pic vert à partir de ses sonorités.
On suit ainsi le travail du poète comme si nous étions en train de composer une oeuvre rythmique.
Pendant ce temps Stanislav, en véritable ami qui prend soin de Sylvain, lui offre un boulier exotique qui va lui permettre de rythmer ses phrases en une série de scansions sonores.

L'été arrive. Les deux étudiants vont se séparer et Sylvain va rejoindre son Auvergne natale, dans le petit village de Cronce, chez son oncle Roger. Malheureusement les pics verts du salon de la région parisienne ne l'ont pas suivi. Mais Sylvain va trouver dans cette campagne environnante de quoi satisfaire sa soif d'en savoir plus sur son oiseau fétiche : avec ténacité il suivra les traces d'un pic épeiche et découvrira comment vit un oiseau sauvage dans son environnement naturel.
Stanislav aura plus tard une compagne, Patricia, et Sylvain lui aussi nouera une relation avec une dénommée Françoise Vergne, perçue dans un premier temps comme une ambassadrice privilégiée des pics verts. Mais rien ne se passera simplement pour ce garçon solitaire et si particulier…

« La langue du pic vert » est un récit original, qui mêle le merveilleux et la mélancolie. L'écriture y est fluide et le vocabulaire choisi et précis. Mais c'est surtout l'introduction de ces formes poétiques où le personnage principal tente de retranscrire phonétiquement les sons d'un oiseau qui en fait l'originalité.

La femme poète affleure souvent sous la romancière, ce qui agrémente de façon très inédite à ma connaissance ce récit d'une passion pour un oiseau sur lequel on apprend beaucoup : une jolie bouffée d'oxygène pour nous les urbains qui fait beaucoup de bien.

Lien : https://versionlibreorg.blog..
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Un roman qui nous parle de la difficulté de vivre quand on est différent de la moyenne et d'échapper à ses obsessions.

Sylvain Breuil est né et sa mère Martine est morte en accouchant de lui. Il est élevé par son père Julien, aide-soignant à l'hôpital de la ville. A 18 ans, Il décide d'entreprendre une licence d'anglais, trouve à la bibliothèque universitaire des sciences un livre sur les pics verts qui le passionne et sa découverte est le point de départ d'une quête obsessionnelle sur tout ce qui concerne ce volatile .
Son père Julien est atteint précocement par la maladie d'Alzheimer et Sylvain voit pour la première fois un pic vert qui sort du mur juste au dessus de la télévision ! A la bibliothèque des sciences, qu'il fréquente assidûment, il rencontre Stanislav Berghezian, un étudiant arménien en mathématiques qui souffre de bégaiement, atténué par un langage châtié impressionnant.
Une sorte de reconnaissance mutuelle d'handicapés, l'un par ses obsessions, l'autre par son bégaiement s'installe entre eux et les lie.
Une aide de vie devient nécessaire pour aider Julien et le ballet des pics verts traversant le mur devient le rituel de 22h.
Invité à passer l'été à Cronce chez l'oncle Roger et la tante Irène, Sylvain passe ses journées à marcher dans la nature et à observer les pics verts, leurs habitudes leurs habitats….
Les quelques échanges entre le citadin et les paysans locaux sont savoureux, mais laissent finalement Sylvain indifférent, il subit leur discours et souhaite y échapper au plus vite pour revenir à son unique raison de vivre, les pics verts.
Il fait la connaissance de Françoise Vergne, jeune étudiante en mathématiques, dont la rencontre semble être de nature à sauver Sylvain de sa maladie, mais il cultive une solitude affirmée, à peine entamée par la sollicitude de son oncle Robert, sa tante Irène et ses amis Stanislav Berghezian et Françoise Vergne.
La première partie du roman dévoile très peu l'amplitude du problème de Sylvain, hormis les prémisses figurées par son hallucination quotidienne, on pense déboucher, avec toutes les journées passées à l'observation de ces oiseaux à des conclusions de caractère scientifique. Mais, son obsession est maladive, il devient adepte de toutes les formes évoluées de yoga, de littérature ésotérique qui pourraient lui permettre de transposer la façon dont le pic protège son cerveau à lui même.
La folie le guette et son enfermement psychologique est plus fort que les manifestations d'empathie et d'amour qui lui sont prodiguées. L'inéluctabilité de la maladie devient évidente et son évolution rapide est bien rendue par l'accélération du rythme narratif.
L'auteure, nous offre un excellent roman très prenant montrant très bien les effets délétères et la difficulté à soigner ces maladies.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Et c’est alors que se produit l’évènement. Sur le mur de gauche, juste au-dessus de la télévision, apparaît un bec effilé. Un pic vert sort du mur, traverse le salon et achève son trajet sur le mur opposé, suivi immédiatement par d’autres pics verts. Aucun ne se fracasse contre ce mur. Chacun fore rapidement un trou dans le papier peint à côté du grand canevas brodé jadis par Martine, disparaît près de la forêt au point de crois pour réapparaître de l’autre côté du salon en un défilé ininterrompu. On dirait un spectacle de lanterne magique. Sylvain admire l’agilité des oiseaux à transpercer le mur sans provoquer la moindre dégradation.
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Ses méninges veillent sur son cerveau. L’une d’elles est appelée « dure-mère », une autre « pie-mère », de pia mater, la pieuse mère. Sylvain vient d’acquérir le privilège de commencer la recherche de la cache secrète qui lui assurera une protection absolue et éternelle. Il hérite de la mémoire des pics. Le doit lui est donné de franchir une étape initiatique.
Le « Kiakiakiak » continue à intervalles réguliers. Où se trouve l’oiseau ?
En contrebas d’un champ, à quarante mètres de Sylvain, un hêtre mort, noueux, que le Claude n’a pas abattu. Au tiers de l’arbre, une sorte d’automate aux plumes acidulées, coiffé d’une houppe rouge agitée d’un mouvement rapide : le pic vert.
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Quels mots pourraient exprimer ce qu’il ressent ? Ils doivent exister. Mais, dans ce cas précis, Sylvain a l’impression d’une pensée en dehors de tout support des mots. C’est comme si, devenue un oiseau, elle s’envolait dans toutes les directions. Sa pensée s’orne de plumes vert jaune et rit aux éclats. « Kiakiakiak ! » Elle met du temps avant de pouvoir se poser. Sylvain murmure « Pic vert, pic vert, pic vert ». Puis sa pensée se formule ainsi « Tout près, ri re et ai les, dé si rés ». Elle part de la paroi gauche de son crâne, galvanise ses circuits neuronaux, se fiche, triomphale, contre la paroi de droite. « Kiakiakiak ! » et le manège recommence.
Sylvain Breuil, issu d’une femme sans corps et d’un homme sans mémoire, éprouve des sensations qu’il n’a jamais ressenties jusqu’ici.
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Écoute, toi deux fois sylvestre, écoute le geste initiatique de notre martèlement. Notre cerveau est invulnérable. Écoute et vois ce qu’aucun humain n’a jamais perçu. Écoute et vois ce qui a fait défaut à ta mère et à ton père. Eux sont du côté de l’arbre. Nous sommes du côté du bec.
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C'est au contact de l'autre qu'il y a des choses qui vacillent.
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