Le paysage est planté, nous sommes en plein hiver dans les grands espaces encore vierges du Quebec, un paysage aussi bien féerique que redoutable, car le froid pétrifie tout, à côté du lac St Jean, à Val-Jalbert.
Dans les années 1910, ( le début des " années folles"), nous est compté, la vie rude des ouvriers, dans une petite cité ouvrière construite par les dirigeants de la compagnie d'une usine de fabrique de papier, édifier près d'une gigantesque et bruyante cascade "Là où l'eau tourbillonne" la rivière Ouiatchouan ( de son nom Amérindien).
En fond de trame, une certaine mentalité très pieuse, "rustique" et parfois intolérante (notamment envers les Amérindiens Montagnais, y compris les métisses), ce qui malheureusement amenait son lot de drames en tout genres, mais aussi, de très beaux moments d'entraides et d'amour.
Nous suivons également, les progrès sociaux, économiques et technologiques, les mentalités commencent doucement à changer aussi....
Pour loger au mieux les ouvriers de la pulperie, en contrepartie du travail très éprouvant, la compagnie offrait des grandes conditions de confort dans chaque maison, pour l'époque, ( électricité, eau courante, chauffage, sanitaire, jardin potager etc....)
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Val-Jalbert, 7 janvier 1916.
par un soir glacé de l'Epiphanie, sous les branches des hauts sapins, un homme se cache, personne ne peut le voir dans le plus profond, le plus noir, de la nuit et la tempête de neige qui s'est abattue sur Val-Jalbert, il scrute le couvent où des soeurs se sont installées récemment afin d'instruire les enfants du village, la grande bâtisse est neuve, bien éclairée et présente tout le confort qu'il est possible d'avoir, il sert contre un lui ce que l'on pourrait prendre pour un ballot de fourrures de grandes qualités.
Après avoir fait le guet pendant un long moment, il s'avancera prudemment vers le couvent, pour y déposer aux portes, son ballot de fourrures, transit, l'âme en peine, sanglotant s'en retournera vers l'obscurité de la forêt balayer par la tempête de neige, rejoindre la cabane de bûcheron où sa jeune femme Laura gisait sur une couchette sommaire, épuisée par une terrible fièvre.
Ainsi commença la vie de Marie -Hermine ....
Son prénom étant connu, grâce au billet, non signé, que ses parents avaient glissé dans les fourrures
Notre fille s'appelle Marie-Hermine. Elle a eu un mois le mois dernier, avant Noël. Nous la remettons entre vos mains, à la grâce de Dieu. Les fourrures sont une avance sur sa pension.
Très peu de temps après que son père l'ait déposé à la porte du couvent, elle fut trouvée par la soeur Saint Madeleine , qui par la suite, pris d'un amour quasi maternelle, demandera à rompre ses voeux et fera les démarches nécessaires pour adopter la petite.
Mais un grand malheur s'abattra sur le village, sous le nom de grippe Espagnole répandant la mort sur des familles entières, la jeune soeur n'y échappera pas non plus .
Marie Hermine grandira paisiblement au couvent entourer des soeurs, ainsi que des allées et venues chez une nourrice du village, la douce Elisabeth Marois .
Puis la petite fille enchantera, les habitants de Val-Jalbert, avec sa voix cristalline, de même que sa facilité à apprendre en classe. Elle forgera un caractère de battante, tout en ayant un sens de l'empathie profond.
Cependant, elle n'aura de cesse de croire que ses parents reviendront la chercher, qu'elle ne sera plus nommée Marie-Hermine "Trouvé" ( nom que l'on donne aux nourrissons abandonnés), qu'elle aura un nom aussi et une maman.
Selon les Amérindiens, tout est en forme de cercle, la boucle et cette histoire nous le révélera ....
Une lecture à la fois belle, bouleversante, magique j'oserais dire.
Je ne connaissais pas cette auteure, avant L'enfant des neiges, sa plume m'a entraîne indéniablement vers la beauté, un brin de magie, pour une histoire exceptionnelle, que je conseille.
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