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Critique de horline


Sanctuariser sa "zone de confort", conserver coûte que coûte le calme de la vie bourgeoise qu'il s'est employée à construire patiemment depuis tout petit. Voilà la tâche à laquelle se dévoue ce fils d'ouvrier Clément, à peine trente ans, marié à la fille du plus gros industriel du coin. "Mon destin est mon oeuvre" se plait-il à dire.
Mais un accident de voiture laissant sa femme dans un état végétatif est le grain de sable qui vient fissurer cette vie lisse. Sous le vernis des chaussures italiennes et les costumes taillés sur mesure, toutes les certitudes de Clément vacillent sous l'effet d'une série d'événements et de rencontres étranges qui font figure d'ondes de choc. Entre la peur obsessionnelle de perdre son statut, la quête de reconnaissance envers son beau-père et son nouveau rôle de garde-malade, le masque porté jusqu'à présent devient lourd à porter …Le gendre idéal perd pied.


A priori, c'est le genre de résumé qui suggère un roman intimiste sclérosé par la quête d'identité, le poids des conventions sociales et une énième volonté de s'émanciper. le genre d'intrigues existentialistes dans lequel se noient beaucoup de romans contemporains.
Mais L'homme à débattre est autre chose.
Il fait partie de ces romans à déflagration lente dans lesquels les réactions du héros _ souvent décalées au regard des évènements _ orientent le récit vers la comédie douce-amère. Avec la complicité heureuse ou malheureuse des personnages secondaires, l'auteur aime bousculer les conventions. Et force est de constater qu'il y parvient avec un humour déconcertant, on accueille avec bienveillance l'excentricité des personnages comme la plus naturelle des choses.
En apparence, tous sont écrasés par leur destin ou convaincus de l'intangibilité de leur statut social si bien qu'ils sont plus ou moins dépassés par les évènements, tout n'est que chaos lorsque les catastrophes leur tombent dessus. Mais en les affranchissant habilement de rôles convenus et figés, Ilan Duran Cohen fait d'une pierre deux coups : il parvient non seulement à rendre les personnages attachants, mais il réussit également à écarter toute pesanteur dans la progression du récit.
L'écriture est simple, limpide, minimaliste mais la double narration retient l'attention en confrontant le récit de deux personnages, celui de Clément et de sa belle-mère. A priori des tempéraments et des destinées radicalement opposés mais que la progression de l'intrigue va rapprocher pour non seulement donner du relief aux errances et contradictions du héros mais également de la profondeur au thème de l'ascension sociale.


C'est un récit étrangement captivant dans lequel l'auteur aime brouiller les pistes. Ilan Duran Cohen a su trouver les ressorts pour traiter avec légèreté du déterminisme social.

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