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EAN : 9782379316050
humenSciences (31/08/2022)
4/5   14 notes
Résumé :
Vous trouverez dans ce livre tous les arguments contre les prétendues « preuves » de l’existence de Dieu : le Big Bang, le fin réglage de notre univers, l’apparition de la vie, l’adaptation parfaite de l’être humain à sa planète… Scientifique de formation, Thomas C. Durand démontre avec brio à quel point ce discours scientifico-mystique dessert non seulement la science, mais aussi la foi. C’est pourquoi cet ouvrage, accessible et argumenté, s’adresse aussi bien aux... >Voir plus
Que lire après Dieu, la contre-enquêteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Au XVIIe siècle, la toute jeune science expérimentale fondée sur les mathématiques est en plein essor. Dans Dom Juan, Molière témoigne alors du changement de mentalité en cours. A l'acte III, un personnage – probablement un ecclésiastique – tente de convaincre Dom Juan de l'existence de la providence divine par la considération des oeuvres de la nature (qui sont belles, harmonieuses, obéissant à un dessein, etc.). Pourtant Dom Juan semble plus que dubitatif.

L'homme religieux l'apostrophe alors de la sorte :

« Est-il possible que vous ne croyiez point du tout au Ciel ? »

Dom Juan réplique :

« Je crois que deux et deux sont quatre, et que quatre et quatre sont huit. »

Car Dom Juan, loin d'être un simple libertin amoureux, est aussi un libertin philosophique. A l'époque, il était encore possible de congédier le libertin : Pascal proposait à celui qui croit uniquement à deux et deux font quatre l'argument du Pari. le problème ne semblait pas mériter qu'on s'y attarde plus que quelques pages.

Depuis, ce qui était encore pour les contemporains de Molière une simple règle arithmétique est devenu l'unique repère à quoi l'esprit humain puisse se raccrocher. Pour preuve, l'homme religieux contemporain, plutôt que de lui claquer la porte au nez, court désespéramment après le libertin. Il écrit non pas Les Pensées mais Dieu, la science, les preuves. Et si ce n'est pas assez clair on précise par le sous-titre « La science, nouvelle alliée de Dieu ».

Sur ce, le libertin lui rend la pareille avec Dieu, la contre-enquête. Il est expressément précisé que l'auteur est docteur en sciences : voici donc « la réponse scientifique » au livre de Bolloré –manière implicite de dire que celui-ci ne l'était pas. Deux et deux font quatre est décidément très intimidant.

Tout cela est très étrange : la question de l'existence de Dieu aurait-elle intégralement changée de nature pour se voir dorénavant investie par les sciences ? Je dois reconnaître mon étonnement, car je pensais naïvement – Thomas Durand le concède lui-même – qu'en science « on ne produit pas de vérité absolue, mais des modèles explicatifs du monde que l'on remet constamment à l'épreuve du fonctionnement du réel » (p.23). du coup, quelle "équation", quelle "loi", quel "modèle" se verra assimilé à Dieu ?

Pourtant, Thomas Durand semble faire volte-face quelques chapitres plus tard : il est tout à fait possible pour la science de parler de Dieu, elle est même en première ligne. le chapitre 24, « La science a-t-elle le droit de parler de Dieu ? » répond de façon tout à fait catégorique. La science parle, voilà qui est intéressant… Il y a donc un sujet qui lui prête sa voix – en l'occurrence Michel-Yves Bolloré ou Thomas Durand.

Bref, eu égard à toutes ces promesses, on est logiquement en droit d'attendre que la partie du livre qui s'occupe de déconstruire les fameuses "preuves", à défaut de faire pure oeuvre de science, entretienne tout du moins un rapport étroit avec elle. Vérifions cela par un inventaire des différents champs du savoir que recouvrent les "preuves" présentées dans le livre :

1. La preuve cosmologique. Preuve par la "contingence" du monde, développée chez Leibniz ou Thomas d'Aquin. Philosophie.
2. La preuve par le commencement. Argument dit du "kalam", abordé dans la scolastique islamique médiévale. Philosophie.
3. La preuve téléologique. Principe anthropique (XXe). Philosophie de la physique (philosophie de la nature).
4. La preuve par le design. Théologie naturelle, développée au XVIIIe et XIXe par William Paley (entres autres). Philosophie de la biologie (philosophie de la nature).
5. La preuve ontologique. Saint Anselme, Descartes ou encore Hegel. Philosophie.
6. La preuve par la raison. Argument de C.S. Lewis. Philosophie (épistémologie).
7. La preuve par la morale. (+ Problème de l'existence du mal). Philosophie morale.
8. Les preuves historiques. Preuve par l'universalité de la croyance en (des) dieu(x). Anthropologie, sociologie des religions.
9. La preuve par les miracles. (?)
10. La preuve par l'expérience mystique. (?)
11. La preuve par les Ecritures. Fiabilité et origine des textes sacrés. Exégèse biblique, histoire, archéologie.
12. le pari de Pascal. Philosophie.
13. le miracle de Fatima. (?)

(Note : J'ai mis un point d'interrogation pour les domaines de connaissance qui me paraissent flous ou incertains, voire hors sujet en vue d'une investigation rationnelle de l'existence de Dieu).

Alors, qu'en est-il ?

On ne peut évidemment pas affirmer que la science n'a rien à dire sur aucun de ces sujets, mais force est de constater qu'elle reste une discipline assez périphérique, et ce dans la grande majorité des cas. « La science a-t-elle le droit de parler de Dieu ? », certes oui, mais indéniablement moins que la philosophie. Et quand c'est effectivement le cas, c'est la philosophie qui la fait parler.

Mais alors, que peut bien avoir à dire d'intéressant un docteur en biologie (physiologie végétale) sur des problèmes qui sont par nature philosophiques ? Loin de moi l'idée de réserver la philosophie aux experts mais Thomas Durand nous recommande fortement de « déléguer une partie de la connaissance vers des référents, des experts auxquels nous faisons confiance. »

Peut-être serait-il raisonnable alors de ne pas croire, a priori, ce que raconte Thomas Durand sur le sujet. de faire oeuvre de scepticisme, au moins de prudence. Que ses admirateurs ne s'en formalisent pas trop : après tout, ils savent très bien que l'absence de croyance n'est pas la croyance de l'absence.

Il serait surtout opportun de se souvenir que la notoriété de Thomas Durand n'est pas la conséquence de son doctorat en physiologie végétale (de ses travaux dans ce domaine), mais plutôt de son statut de vulgarisateur sur internet. Si on y regarde de plus près, ses vidéos et son travail se réclament effectivement d'une certaine philosophie.

Laquelle ? le scepticisme scientifique.

Pour commencer, il aurait donc été plus honnête de formuler le sous-titre non pas « la réponse scientifique… » mais « la réponse du scepticisme scientifique… ». Laissons donc le principal intéressé nous parler du scepticisme scientifique. Ça tombe bien, au début de la conclusion il se réclame explicitement de cette filiation. Et là, gros malaise :

« le quasi-monopole des puissances religieuses sur la philosophie et les sciences durant tout le Moyen Âge explique bien le rejet du scepticisme, école de pensée de l'Antiquité qui doute de la capacité humaine à atteindre une réelle connaissance du monde. »

Et un peu plus loin :

« … l'hypothèse que les sceptiques ont tort, c'est-à-dire que la connaissance absolue est accessible. »

Moi non plus, je ne suis pas un expert en philosophie, mais ne confond-il pas le scepticisme philosophique (dont les origines remontent à l'Antiquité) et le scepticisme scientifique (contemporain de la révolution scientifique du XVIIe) ? Les sceptiques de l'Antiquité auraient-ils uniquement douté de la possibilité d'une connaissance absolue, non pas de la connaissance tout court ?

Qu'y-a-t-il de véritablement commun entre celui qui doute du pouvoir de la raison et celui qui doute de tout sauf de la science ? N'est-ce pas deux mentalités profondément inconciliables ? Les grands héritiers des sceptiques se rangent-ils du coté de Descartes, Bacon et Galilée ou plutôt de Nietzsche, Kierkegaard, Chestov et Camus ? La réponse est sans équivoque... Bref, devant ce qui semble un contresens, on est un peu perdu. Thomas Durand ferait-il donc partie de ces sceptiques que dénonçait Chesterton, ceux dont la prouesse était d'engendrer chez le lecteur des doutes plus grands que leurs propres doutes ?

Car il est pour le moins ironique de le voir se réclamer du scepticisme philosophique qui – rappelons-le – était le postulat épistémologique de départ… des sophistes. du coup on ne sait plus : est-ce de là que lui vient sa science de la rhétorique et de l'argumentation ? Comme les sophistes, met-il ses compétences au service de l'efficacité d'une argumentation se déployant en dehors de toute vérité ?

Bref, on ne sait plus où l'on en est. A examiner le discours déployé dans ce livre, il est à croire qu'il est effectivement possible de statuer des "preuves" de l'existence de Dieu avec pour seule arme une panoplie de biais argumentatifs. Vas-y que je te glisse un "homme de paille" par-ci, un "argument d'autorité" par-là, un "non sequitur" ailleurs, sans oublier la terrible "analogie douteuse".

Finalement, qu'importe si ces preuves sont ancrées dans la complexité d'un système philosophique, qu'elles impliquent des présupposés méthodologiques, épistémologiques ou encore physiques irréductibles. Par exemple, les "cinq voies" de Thomas d'Aquin sont tributaires de la physique aristotélicienne, l'argument par la "contingence" de Leibniz du principe de raison suffisante, les preuves par le "dessein" d'une philosophie de la nature finaliste (ah non, parait qu'il faut maintenant dire une "illusion d'agent" !). Mais on ne parle pas de tout ça dans ce livre.

Prenons un exemple trop fameux – quitte à me faire l'avocat du diable. La célèbre preuve ontologique (quelle horreur !). le constat que cet argument refait surface fréquemment dans l'histoire de la philosophie – chez des penseurs de premier ordre – devrait à minima inciter quiconque à un peu de mesure et de réflexion. Il est peu probable que l'argument ontologique soit résumable à un grossier sophisme. Pourtant, Thomas Durand l'expédie en deux pages (quand il croit bon d'en faire 40 sur le miracle de Fatima !). de quelle manière cet argument fut-il utilisé par Descartes, Anselme ou Hegel ? En quoi un certain "idéalisme" philosophique en vient-il inéluctablement à rencontrer ce problème ? Mais non, l'argument ontologique est traité hors sol, résumé à un tour de passe-passe rhétorique, si ce n'est à de la malhonnêteté intellectuelle à caractère prosélyte.

Visiblement, toutes ces preuves étaient donc affaire de "dissonance cognitive" ! le mystère est éventé, circulez, il n'y a rien à voir. A ce compte-là, on comprend pourquoi « la question de l'existence de Dieu n'a rien de spécialement complexe » (p.25).

Pour reprendre le fil de mon raisonnement, on sait en fait assez vite que Thomas Durand n'est pas un sceptique radical. Il nous explique :

« Depuis le XVIe siècle de Galilée et de Francis Bacon, toute entreprise de connaissance passe par le crible de l'empirisme, la mise à l'épreuve des hypothèses au contact du monde, ce qui force le chercheur à changer son approche »

Notez bien qu'il est spécifié « toute entreprise de connaissance ». Comme il était facile de le deviner, Thomas Durand ne déploie pas sa rhétorique en dehors de toute vérité. Quelle est la sienne ? Pour le savoir, il faut revenir au début du livre.

A ce moment-là, l'auteur croit devoir se prémunir des accusations de "scientisme" : « Exiger de la science ce qu'elle ne peut fournir, c'est tomber dans le scientisme. » ou encore « il serait présomptueux d'affirmer que la science nous livre un accès direct aux secrets intimes de l'univers ». Et pour le coup, je ne peux pas lui donner tort : non, Thomas Durand et la science ne peuvent pas statuer sur l'existence de Dieu (même s'il semble se contredire un peu plus loin p. 303, dans ce qui ressemble surtout à un procès d'intention : « Beaucoup estiment que c'est une hérésie de réduire Dieu à une hypothèse que la science pourrait valider. Leur émoi est sensé : ce que la science pourrait prouver, elle pourrait aussi le réfuter »).

Ca y est, réglé le compte du scientisme ?

"Scientisme" est un terme flou, pouvant signifier beaucoup de choses. D'un côté, les prétentions exagérées de la science à posséder toutes les réponses. Mais aussi la volonté de réduire la connaissance à ce qui est validé par la science expérimentale. En gros l'idée qu'il n'y a de connaissance que scientifique (parlons donc plutôt de positivisme scientifique). Remarquez que cet énoncé n'est pas le résultat des sciences, il n'est issu d'aucune équation, d'aucune "loi" de l'univers. Cette thèse semble se réfuter d'elle-même. le positivisme scientifique serait une "philosophie" niant toute pertinence à la philosophie...

Que dit donc Thomas Durand de la connaissance philosophique ? Quel statut lui accorde-t-il ? Déjà, une première remarque : au milieu d'un tombereau d'éloges sur la "méthode scientifique" il est bien difficile de trouver quoi que ce soit sur la philosophie et son rapport à la connaissance (274 occurrences pour "science", contre seulement 16 pour "philosophie"...). C'est pour le moins suspect vu le sujet du livre. du coup j'ai cherché un peu, pour finalement trouver ça :

« La question des valeurs, du sens à donner à l'existence, de la morale, etc. intéressent également d'autres domaines de la pensée [que la science] : en particulier l'éthique et la philosophie qui traitent du bien et du mal. La science est apte à répondre aux questions du vrai et du faux. »

Visiblement, sauf si j'ai compris de travers, la philosophie ne s'occupe dorénavant plus que du bien et du mal. Il faut reconnaitre que c'est du moins très ambigu... Pour nous faire un avis plus certain allons voir plus loin :

« Il y a une légère crispation des philosophes envers les scientifiques qui s'aventurent à répondre à des questions que la science a jusqu'ici laissées à la philosophie. Peut-être les philosophes oublient-ils que les scientifiques sont des philosophes empiristes […] c'est-à-dire des penseurs impliqués dans la distinction entre ce qui est vrai et ce qui est faux. »

Bref, maintenant les scientifiques sont des types particuliers de philosophes, spécialisés « dans la distinction du vrai et du faux ». Je me demande vraiment ce que pouvaient bien faire les autres philosophes en attendant, si ce n'est de s'occuper aussi du vrai et du faux ? Ils se tournaient les pouces ? Non, j'imagine qu'ils coupaient les cheveux en quatre sur des choses qui n'existent pas – dissonance cognitive oblige !

Qu'est-ce qui permet donc à la science une telle prétention à la connaissance, dont ne pourrait se prévaloir aucune autre discipline ? C'est simple pour Thomas Durand : elle est quasi vierge de tout présupposé idéologique ou philosophique. Elle est objective ! La science n'est pas née de conditions historiques particulières, d'une certaine philosophie de la nature (et donc de ses a priori) avant de s'en émanciper. A croire qu'elle est tout simplement descendue du ciel pour révéler la vérité-vraie à l'homme de science. Un peu comme le Saint-Esprit pour l'homme religieux.

Bon, j'avoue je suis un peu mauvaise langue, car Thomas Durand lui-même reconnait que la science a bien quelques préconçus "métaphysiques". Après intense réflexion de sa part, il s'avise que la science présuppose que « le monde est réel » et « le monde est compréhensible » (p.51). Et… c'est tout. Notez, au passage, que la méthode scientifique se base sur un consensus, qui fait « qu'elle est vraie pour tout le monde » (p.284). Elle est donc "universelle" – c'est-à-dire catholique -, comme l'Esprit Saint, je vous dis ! Les théories "scientifiques" (ou qui se prétendent tel) qui ne font pas consensus ne sont pourtant pas si rares : ainsi de la psychologie évolutionniste, fil rouge d'une grande partie du livre. Mais passons...

Mais alors, quels pourraient bien être les autres présupposés de la science ?

Prenons l'exemple du « deux et deux sont quatre », seule et unique croyance du libertin de Molière. La mathématisation de la physique au XVIIe siècle pose effectivement question. Est-elle une lecture orientée du monde ? Les faits expérimentaux de la physique contemporaine sont-ils vraiment une "matière première" ou déjà un "produit transformé", conséquence d'un projet théorique prédéterminé ?

Apportons quelques pistes de réflexion :

- Un phénomène ne risque-t-il pas d'être étudié uniquement s'il est susceptible d'être mesuré ? Tout ce qui n'est pas mesurable ne risque-t-il pas de devenir "irréel" ? Notre attention ne sera-telle pas focalisée sur la quantité propre aux objets étudiés, au détriment de leur qualité (trop subjective) ?

- Que faire du hiatus créé avec le monde du "vécu", celui du "sens commun" ? N'y-a-t-il pas un décalage problématique entre la perception d'une couleur et une longueur d'onde stimulant un récepteur visuel ? Entre un parfum et une molécule se fixant sur un récepteur olfactif ? Entre un son et une onde faisant vibrer les tympans ? L'intériorité subjective ne risque-t-elle pas d'être interprétée comme une simple illusion ?

- Si le monde est mathématique, l'idée la plus spontanée n'est-elle pas de l'assimiler à une immense machine (d'où l'idée d'un "Dieu architecte") ? Ce qui veut dire qu'elle doit pouvoir s'expliquer par des modèles mécaniques. Comment serait-il possible d'observer une hypothétique "téléologie", un "finalisme" dans la nature, si par son essence même le modèle "mécanique" n'admet pas sa possibilité ?

- La structure mathématique de la physique moderne n'influence-t-elle pas la tournure d'esprit de celui qui cherche la vérité ? L'esprit ne risque-t-il pas de prendre l'univocité (le propre des mathématiques) pour unique critère du vrai ? L'ambiguïté interprétative devenant alors suspecte ?

Non, les présupposés de la science contemporaine ne se réduisent pas à la réalité du monde et à son intelligibilité. Malheureusement, nombreux sont les esprits chez qui toute problématique doit être intronisée par « deux et deux sont quatre » pour acquérir une once d'existence. Ainsi, si les scientifiques semblent moins "croyants" que la population générale (p. 307), ce n'est pas en raison de leur prétendue "supériorité" (?) intellectuelle mais parce qu'ils finissent tôt ou tard par avoir l'idéologie de leur méthode.

Heidegger disait fort justement que « la grandeur et la supériorité de la science de la nature aux XVIe et XVIIe siècles résident en ceci, que tous les chercheurs d'alors étaient philosophes ; ils comprenaient qu'il n'y a pas
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J'avais déjà lu auparavant des livres critiquant les croyances religieuses, mais aucun n'avait la clarté, l'exhaustivité et l'humilité de celui-ci.
D'abord, la clarté est un atout majeur de l'ouvrage. Je ne m'attendais pas à autre chose de la part d'un vulgarisateur scientifique rodé, sur Youtube, à l'explication de notions complexes à un public néophyte (ou presque) sur ces sujets. Cette clarté se retrouve pleinement dans le livre, par l'utilisation d'exemples clairs, pas des reformulations précises mais jamais redondantes, et par le soin de toujours définir les termes spécifiques qui sont utilisés.
L'exhaustivité, ensuite, ou, du moins, une approche de très nombreuses raisons de croire en Dieu, de toute celles qui sont couramment utilisées par les croyants ou de celles qui questionnent les non-croyants. La revue des arguments rationnels courants pour défendre l'existence d'un dieu personnel, partie qui occupe la majorité du livre, est classique mais elle prend en compte des particularités de ces arguments qui, pour des raisons d'efficacité, sont souvent mises de côté dans les autres ouvrages du même genre (je pense par exemple à la question de la contingence, rarement abordée d'habitude et ici brillamment expliquée et réfutée). Outre la réponse aux non-arguments des theistes, Thomas Durand propose une partie très fouillée sur les miracles et sur les apparitions mariales, en particulier celle de Fatima. Enfin, le traitement de la question des raisons de croire est riche et pertinente.
Pour finir, j'ai trouvé dans l'écriture de l'auteur une vraie humilité, que l'on pourrait attendre de tout penseur sceptique mais qui est si peu évidente dans d'autres ouvrages de ce genre (notamment celui de Dawkins ou celui d'Hitchens) qu'elle les rend parfois insupportables, et empêche surtout qu'ils puissent toucher, même un tout petit peu, les croyants que le doute n'a encore jamais effleuré. Au contraire, je me verrais tout à fait proposer ce livre à mes proches croyants (si, bien sûr, ils ont envie de questionner leurs croyances ou si ils y sont disposés). L'humilité n'empêche pas une grande fermeté dans certaines conclusions, elle n'affadit pas l'ensemble.

Enfin, je ne peux que regretter le sous-titre du livre laissé par l'éditeur : "la réponse scientifique au livre Dieu, la science, les preuves". Si ce livre y répond en partie (et y consacre un chapitre), il est bien plus que cela et peut se lire indépendamment de l'ouvrage de Bolloré et Bonnassie.

Bref, excellent ouvrage, un vrai coup de coeur.
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L'auteur dégomme pas à pas et un après l'autre tous les pseudo-arguments que les croyants inventent depuis des millénaires pour justifier leurs croyances, fariboles, fadaises, après coup, pour se rassurer. Bien sûr il y a les professionnels dont c'est le métier de bobardiser. Rien ne résiste au tir aux pigeons de la rationalité et de l'intelligence de l'auteur. Très intéressant également les rapports de la religion (toutes boutiques confondues) avec la morale. Pas franchement en sa faveur. L'Histoire nous montre aussi que la religion est responsable de millions de morts. Et ça continue, suivez mon regard. Un livre salutaire qui malheureusement, l'auteur est sans illusion, ne nettoiera pas les cerveaux de ceux qui ont besoin de croire, comme d'autres de drogues et autres stupéfiants.


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Ouvrage à lire pour sa clarté, sa simplicité et son honnêteté dans ses explications.
Plus facile que Dawkins, moins philosophique qu'Onfray bref plus scientifique.

A lire pour ne pas souscrire aveuglément à des idées extrêmes menant à l'obscurantisme.
Coup de coeur pour un livre à lire tranquillement en prenant le temps.
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Vidéo de Thomas C. Durand
Présentation du livre de Mendax qui sort le 9 janvier.
« Quand est-ce qu'on biaise ? » est la question qu'on doit se poser quand on prend conscience de toutes les erreurs systématiques que nous commettons si nous ne prenons pas soin de corriger notre cerveau.
Savez-vous ce qu'est la Zététique ? L'art du doute nourri par la méthode scientifique. Le refus de toute affirmation dogmatique, mais aussi une autodéfense contre les idées reçues, les fausses évidences, les illusions sensorielles, les duperies du langage, les raisonnements erronés..., tous ces pièges que nous tend notre cerveau. L'intelligence n'immunise pas contre l'erreur. Quand nos neurones sont biaisés nous n'avons aucun moyen objectif de le savoir. Alors, il faut apprendre à douter. Une méthode mise en scène avec humour dans des dialogues entre deux personnages attachants, la marionnette Mendax, incarnation de notre cerveau avide de réponses simples et définitives, et Vled Tapas, professeur d'esprit critique. Du paradoxe de l'oeuf et de la poule, à Descartes et aux théories du complot, nos raisonnements sont passés à la moulinette.
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