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EAN : 9782226396181
304 pages
Albin Michel (17/01/2018)
4.33/5   9 notes
Résumé :
Et si les grandes victoires du féminisme renforçaient la domination masculine ?C'est en entendant les femmes témoigner de leur vécu que Marianne Durano a pris conscience de la nécessité d'un nouveau féminisme. Un féminisme qui prendrait soin de leur corps avec la même urgence que celle que l'on accorde à la protection de notre environnement. Pourquoi le corps féminin, maternel et la grossesse, par exemple, sont-ils oubliés, niés, bannis de l'émancipation des femmes ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un essai absolument remarquable, d'une grande puissance philosophique, qui propose une vision du féminisme très différente, voire opposée, à celle qui domine actuellement dans le paysage universitaire et médiatique, sans qu'on puisse nier ici la rigueur de l'argumentation ni les possibilités d'émancipation ouvertes par la réflexion de Marianne Durano.
L'autrice conteste le processus en cours de construction d'une indistinction sexuelle. Si les femmes peuvent sans problème, selon elle, "jouer à Batman ou devenir entraîneuses de ping-pong", bref s'épanouir dans toutes les activités professionnelles et sociales traditionnellement réservées aux hommes, elles n'en conservent pas moins une caractéristique fondamentale, et qui les distingue absolument des hommes : la possibilité d'engendrer, de mettre au monde des enfants. Or, dans la société actuelle, l'émancipation des femmes semble devoir passer, relève Durano, par l'étouffement de cette possibilité, permettant une forte limitation de la prise en compte des spécificités féminines, et par suite une forme de disciplinarisation de la femme, mise à disposition, dès son plus jeune âge, des hommes comme partenaire sexuelle sûre parce que stérilisée, puis à l'âge adulte, du capitalisme comme travailleuse sommée d'enfanter le plus tard possible. Cette double opération visant à stériliser les jeunes femmes fécondes puis à rendre fécondes les femmes d'âge mûr devenues stériles se réalise au profit d'une "phallocratie" (plutôt que d'un patriarcat), pensée individualisante et neutralisant (c'est à dire virilisant) le sexe des personnes. En réponse, Durano prône, pour les femmes et leurs partenaires de vie, l'écoute des cycles du corps, le respect des âges biologiques, l'adaptation enfin de la société à la réalité biologique, plutôt que l'inverse.
Dans une succession de chapitres très bien organisée, Durano remet ainsi en cause la perception sociale de la grossesse, le contrôle gynécologique opéré sur les femmes, la réduction de la sexualité à une activité pénétrative constante, le chantage à l'absence d'enfants exercé sur les travailleuses, le vice de la contraception forcée, la maternité comme marchandise, et enfin le cadre théorique de la dévalorisation des femmes, hérité de Platon et de la philosophie médiévale, et paradoxalement réactivé par le féminisme contemporain, notamment derrière Simone de Beauvoir.
Une limite : bien que Durano se défende de vouloir revenir à un modèle patriarcal classique (et c'est souvent vrai, elle défend la place des femmes comme travailleuses, comme citoyennes, etc.), il semble que dans son esprit seul le modèle du mariage fermé et de la famille nucléaire puisse vraiment sortir les femmes de l'ornière où elles sont actuellement tombées. La sexualité récréative semble condamnée - au profit il est vrai d'une sensualité exacerbée avec son conjoint. On relève un ou deux paradoxes : ainsi, Durano considère que la grossesse pour autrui est si éprouvante qu'elle ne peut qu'être achetée, et jamais altruiste, mais elle défend la possibilité de remplacer l'avortement par le "don" d'un bébé à un couple ne pouvant en avoir, ce qui semble exactement la même chose. Surtout, la défense du "foyer" proposée semble un peu trop individualiste, repliée sur soi, adoptée finalement à des personnes très qualifiées qui comme Marianne Durano elle-même (prof agrégée de philo) n'ont pas besoin d'une solidarité matérielle ni morale.
Malgré ces quelques points de débat (selon moi), il s'agit à mon avis d'une oeuvre majeure qui, parce qu'elle va à contre-courant, n'a pas eu le retentissement médiatique et intellectuel qu'elle méritait.
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J'apprécie que ce livre dénonce les pratiques scandaleuses des gynécologues qui ont transformé du soin en rituels de domination sur leurs patientes qui sont contraintes à une soumission bien éloignée de l'émancipation féminine. Si elles veulent une contraception ou si elles sont enceintes les femmes se retrouvent seules face à un gynécologue qui les oblige à se dévêtir, s'installer dans une position de soumission sexuelle, écarter les cuisses, subir des touchers vaginaux inutiles et des violences gynécologiques parfois sans nécessité médicale qui les blesse dans leur intimité pendant que leurs compagnons sont tenus éloignés, tranquilles et exemptés de toute cette politique abusive, intrusive et irrespectueuse.
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MON CORPS NE VOUS APPARTIENT PAS, Marianne DURANO, Ed. A Michel 2017
SYNOPSIS : L'auteur, normalienne agrégée de philo mariée et mère de deux enfants, dénonce le féminisme du 21 ième siècle, qui ne fait que renforcer la domination masculine. Les méfaits sur les corps, la médecine, la contraception…même l'actualité sont passés au crible, sans concession ni langue de bois.
CE LIVRE EST A LIRE ABSOLUMENT pour ouvrir les yeux, sur l'avenir de la femme. Marianne Durano montre une grande indépendance et exigence intellectuelle dans cet ouvrage, qui va à l'encontre de tous les dogmes imposés par la société, et auxquels elle a cru elle aussi.
Remarquable (même si 2 ou 3 remarques me " défrisent " un peu. 5/5
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Un livre pour les femmes sur la fécondité, la contraception, la vie sexuelle, la grossesse, la médecine, les non-dits, la liberté, l'égalité, la violence, les choix politiques, les lobbies pharmaceutiques, l'écologie ... Un livre pour comprendre, connaitre et choisir en pleine conscience. Je recommande, surtout pour les jeunes femmes !
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voilà une pensée revigorante.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
C'est à la femme d'anticiper, c'est elle que l'on doit dépister, que l'on doit rendre stérile. Éternel mythe de la putain à la chaude-pisse. Vieille fascination morbide pour l'intimité féminine où croupissent de putrides eaux originelles. Voilà donc notre mystère levé, la jeune femme doit subir ces examens pour faire proprement l'amour avec l'homme ! Belle image de l'amour en vérité que celui qui doit d'abord être autorisé, stérilisé par les médecins sur l'autel de la table d'examen. Stérile, c'est à dire à la fois infécond et propre, lavé de tout germe potentiel, microbe ou ovule. Le scabreux rituel a en réalité pour but ultime de prescrire à nos jeunes filles l'inévitable contraception chimique qui leur permettra d'être disponible sans risque et sans restriction au désir de leur partenaire. Avant d'autoriser une jeune fille à faire son entrée dans le monde des plaisirs faciles, il faut vérifier qu'elle soit saine et sans danger. L'examen gynécologique est le certificat d'assurance que tout partenaire est en droit d'exiger de l'objet de son désir. Il est interdit d'en dénoncer le caractère traumatique
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Voilà cependant le corps juvénile allongé nu, sans doute pour la première fois, étrange défloration, sur le lit froid de la table d'examen, dans une posture non seulement humiliante, mais encore éminemment sexuelle. Que le médecin ne ressente aucune excitation à cette vue ne change rien au potentiel traumatique de cette posture, surtout quand on sait que, bien que pratiquée par la quasi-totalité des gynécologues français, elle n'est pas du tout nécessaire. Il est étonnant que notre époque, prompte à dénoncer partout toutes les formes de domination, ne se soit attaqué que très récemment à cette domination symboliquement sexuelle - certaines parlent de viol -
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Pourquoi, à rebours de son plus proche voisin, le sexe de la femme est-il automatiquement considéré comme potentiellement malade, possiblement pourri, lieu dangereux où stagnent les miasmes ? Pourquoi devrait on systématiquement palper les seins de la femme et non pas les testicules de l'homme ? A peine pubere, la jeune fille est déjà une malade en puissance, comme si la féminité était en soi une menace pour son corps, comme si la sexuation était une condamnation. Et pourtant, nous répondra-t-on, il faut bien admettre cette étape, pour traumatique qu'elle puisse être, au cas ou. Au cas ou quoi? En vue de quoi ?

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Nous n'avons pas de philosophie de la maternité, pas de philosophie pour penser l'expérience du corps féminin. Impensé, il est logique qu'il ne trouve pas sa place aujourd'hui dans les sphères intellectuelles, si ce n'est à travers des techniques qui visent à le maîtriser.
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Or, pendant que mademoiselle est techniquement contrôlée manipulée, palpée, vidée, sans que jamais on n'évoque une alternative, qui est le grand gagnant de cette situation ? Qui a désormais le champ libre pour faire l'amour tout le temps, sans conséquence, avec des filles toujours plus jeunes ? Qui se voit dispensé des capotes peu ragoûtantes, d'une fidélité encombrante et d'une paternité menaçante ? L'homme.
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