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Citations sur Détruire, dit-elle (8)


Dans le livre que je n'ai pas écrit, il n'y avait que toi.
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[Incipit.]

Temps couvert.
Les baies sont fermées.
Du côté de la salle à manger où il se trouve, on ne peut pas voir le parc.
Elle, oui, elle voit, elle regarde. Sa table touche le rebord des baies.
A cause de la lumière gênante, elle plisse les yeux. Son regard va et vient. D'autres clients regardent aussi ces parties de tennis que lui ne voit pas.
Il n'a pas demandé de changer de table.
Elle ignore qu'on la regarde.
Il a plu ce matin vers cinq heures.
Aujourd'hui c'est dans un temps mou et lourd que frappent les balles. Elle porte une robe d'été.
Devant elle, il y a le livre. Commencé depuis son arrivée à lui ? ou encore avant ?
Près du livre il y a deux flacons de pilules blanches. Elle en prend à chaque repas. Quelquefois elle ouvre le livre. Puis elle le referme presque aussitôt. Elle regarde le tennis.
Sur d'autres tables d'autres flacons, d'autres livres.
Les cheveux sont noirs, gris-noir, lisses, ils ne sont pas beaux, secs. On ne sait pas la couleur des yeux qui, lorsqu'elle se retourne, restent encore crevés par la lu­mière, trop directe, près des baies. Autour des yeux, lorsqu'elle sourit, la chair est déjà délicatement laminée. Elle est très pâle.
Aucun des clients de l'hôtel ne joue au tennis. Ce sont des jeunes gens des environs. Personne ne se plaint.
- C'est agréable, cette jeunesse. Ils sont d'ailleurs discrets.
Aucun autre que lui ne l'a remarquée.
- On se fait à ce bruit.
Il y a six jours quand il est arrivé elle était déjà là, le livre devant elle et les pilules, enfermée dans une longue veste et un pantalon noir. Il faisait frais.
Il avait remarqué l'élégance, la forme, puis le mouvement, puis le sommeil chaque jour dans le parc, puis les mains.
Quelqu'un téléphone.
La première fois elle était dans le parc. Il n'a pas écouté le nom. La deuxième fois, il l'a mal entendu.
Quelqu'un téléphone donc après la sieste. Une consigne sans doute.

Soleil. Septième jour.
La voici encore, près du tennis, sur une chaise longue blanche. Il y a d'autres chaises longues blanches vides pour la plupart, vides, naufragées face à face, en cercle, seules.
C'est après la sieste qu'il la perd de vue.
Du balcon il la regarde. Elle dort. Elle est grande, ainsi morte, légèrement cassée à la charnière des reins. Elle est mince, maigre.
Le tennis est désert à cette heure-là. On n'a pas le droit d'en faire pendant la sieste. Il reprend vers quatre heures, jusqu'au cré­puscule.
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Soleil. Septième jour.
La voici encore, près du tennis, sur une chaise longue blanche. Il y a d'autres chaises blanches vides pour la plupart, vides, naufragées face à face, en cercles, seules.
C'est après la sieste qu'il la perd de vue.
Du balcon, il la regarde. Elle dort. Elle est grande, ainsi morte, légèrement cassée à la charnière des reins. Elle est mince, maigre.
Le tennis est désert à cette heure-là. On n'a pas le droit d'en faire pendant la sieste. Il reprend vers quatre heures, jusqu'au crépuscule.
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-Quand l'ennui prends une certaine forme..., dit Stein. Il s'arrête.
-Oui ? demande Bernard Alione, vous alliez dire une chose intéressante. Quelle forme ...en...l’occurrence ?
-celle d'un horaire par exemple, il n'est pas perçu, dit Stein. S'il n'est pas perçu, pas nommé, il peut prendre des voies inattendues.
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Fulgurant comme l’amour, silencieux comme la mort, grave comme la folie, âpre comme la révolution, magique comme un jeu sacré, mystérieux comme l’humour. Détruire dit-elle ne ressemble à rien.
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- Madame, lit Stein. Madame, il y a dix jours que je vous regarde. Il y a en vous quelque chose qui me fascine et qui me bouleverse dont je n’arrive pas, dont je n’arrive pas, à connaître la nature.
Stein s’arrête et reprend.
- Madame, je voudrais vous connaître sans rien en attendre pour moi.
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- Vous vous intéressez beaucoup à elle, décidément, dit bernard Alione.
-oui.
- On peut savoir pourquoi ? - la voix a repris de la force.
- Pour des raisons littéraires, dit Stein. Il rie.
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- Elle est à celui qui la veut. Elle éprouve ce que l'autre éprouve. Oui.
Sielnce.
- Quelques jours de plus aurait été nécessaire, dit Stein, pour qu'elle se soumette au désir d'Alissa.
- Ce désir était fort.
- Oui.
Silence.
- Il n'était pas clair.
- Non.
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