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EAN : 9782707320230
153 pages
Editions de Minuit (10/01/2008)
3.65/5   94 notes
Résumé :
La narratrice (est-ce Duras elle-même ?) est avec son ami à Quillebeuf, un petit port sur la Seine, face aux raffineries du Havre. Au Café de la Marine, elle observe un couple d’Anglais : l'homme, que la narratrice appelle le Captain, parle, mais peu, à la patronne tandis que la femme qui l'accompagne est totalement effacée. Peu à peu, elle apprend l’histoire de ce couple, sa famille à elle refusant le mariage, la longue attente, une fausse couche puis un mariage et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un homme inconnu accompagné d'une femme auteure prennent un verre dans un port situé sur l'estuaire de la Seine. Entre eux, existe un passé sentimental qui prend toute la place, et que l'on sent un peu encombrant. Il les gêne dans leurs mots maladroits. Ils se mettent à observer autour d'eux les touristes coréens, mais aussi un couple assis non loin d'eux. le "Captain" et sa femme Emily L, des bourlingueurs ayant roulé leur bosse toute leur vie par delà les mers. Et tout le livre racontera donc l'histoire de ces deux-là, à la sauce Duras. Emily est une poète et elle vit un drame, celui d'avoir cessé d'écrire, à cause d'un incident s'étant passé un soir et dont elle ne s'est jamais remise : une poésie jetée sauvagement au feu par le Captain et ayant causé l'arrêt de l'écriture chez elle.

Je suis sincère avec vous, ce livre m'a moins intéressée que les autres, rares je vous rassure, que j'ai pu lire de l'auteure, comme l'Amant, récemment. Cependant, il comporte des passages extraordinaires, des moments suspendus, et qui m'ont laissée rêveuse devant tant de beauté littéraire, tant d'émotion, de sensibilité fine et poétique. Il va sans dire qu'il y a les leitmotivs habituels que l'on retrouve chez Marguerite Duras "only", mais je veux bien lire et relire les même choses des milliers de fois si c'est beau, moi, pas de souci. D'ailleurs, il faudra que je lise L'amant de la Chine du Nord pour approfondir ma connaissance de la planète Duras.
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Marguerite Duras disait "Émilie L, je crois, est la chose la plus simple que j'ai écrite".
Et pourtant ce n'est pas évident car sous les apparences d'un roman d'amour, Duras aborde de nombreux sujets dont celui de l'écriture.
Car c'est d'abord l'histoire d'une femme qui écrit, c'est donc l'histoire de Marguerite Duras elle-même. Cette femme dit qu'elle écrit parce qu'elle aime. Elle est en Normandie. L'homme avec qui elle se trouve est face à la mer et regarde le port du Havre comme dans « L'homme Atlantique ». Il a les traits de Yann Andréa.
Au Café de la Marine de Quillebeuf, un petit port sur la Seine, ils vont observer un couple d'Anglais.
Et sans que l'on sache si l'histoire est inventée ou pas, ils vont raconter la vie de ce couple, le Captain et Émilie L., dans cette très belle mise en abyme. Ces deux personnages, mari et femme, sont des voyageurs. L'homme est le capitaine d'un bateau. La femme boit du bourbon, elle aime l'alcool et écrit des poèmes. C'est une amoureuse, elle a vécu des moments forts et terribles comme la perte de son enfant.
Duras écrit ce roman à une période particulière de sa vie et ce jeu de miroir nous renvoie à sa propre histoire. Quand elle publie ce roman, en 1987, elle est âgée et a déjà été hospitalisée. On a l'impression qu'il est essentiel pour elle de rappeler à son amant sa nécessité d'écrire pour vivre.


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En refermant le livre, je n'ai pu m'empêcher de penser que Marguerite Duras fait vraiment partie de mes auteurs préférés. Je trouve son style clair et attrayant. Elle parle de tout et de rien, et pourtant elle nous pousse à aller jusqu'au bout du livre. Elle parle de choses qui nous font réfléchir à notre propre vie.

Dans Emily L., assise avec son compagnon dans un café de Quilleboeuf, avec vue sur le port du Havre, elle essaye de deviner l'histoire d'un couple de marins anglais assis à l'écart... Les brides de mots émanant de la conversation sont les fils conducteurs de ce petit roman envoutant.
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Entre deux coeurs, il est de rares instants de vérité, des mots que l'on enfouit des années, par fierté, par lâcheté. Et puis un jour, on se retrouve, l'amour reprend ses droits & l'orgueil se tait. Ou pas !
Dans ce livre, Il est le bar à Quillebeuf, le café de la Marine, la mer calme, la Seine, les lumières de juin, des touristes, des coréens notamment. Et un couple désoeuvré, qui observe un autre couple.
Une histoire a quatre voix. Une histoire d'amour ou de désamour, de désir ou de dédésir peut être.

Par le dialogue & l'époque, je suppose qu'il s'agit de Duras, accompagnée de Yann Andréa, elle voudrait écrire leur histoire à eux, pour l'immortaliser, pour la rendre vraie, réelle.
Et en parallèle, elle conte ce vieux couple de plaisanciers anglais qu'ils regardent, leur invente une histoire peut-être.
Emily l'& son captain de mari.
Emily l'qui boit du Bourbon & écrit des poèmes.
Emily l'happée de cette solitude qui lui sied bien, ce silence qui lui donne l'élégance de ce qui autrefois été sacré mais qui aujourd'hui n'a plus aucune importance.

Et encore l'amour, l'amour de l'autre ou l'autre amour, l'amour refoulé, meurtrie, celui qui ploie sous le poids de nos gestes interrompus, et s'étourdit jusqu'à en être assourdi de tous les mots que l'on a tus, la fuite évidente & la chute inéluctable, silencieuse.
Rien n'a été dit, tout sera deviné. Une nuance délicate & puissante par sa délicatesse même. Mais surtout l'écriture comme une urgence.
Continuellement le style inimitable de Duras ! Cette incroyable possibilité d'émouvoir, de défier l'unité du temps & du lieu.

J y ai passé la journée à lire, mais les choses ne se font pas en un jour & les coeurs ne se réparent pas comme ça...

Les yeux, les peaux & les mains inventent les mots que le langage ignore, soit ! Mais les mots qu'en gardent-ils de ce qui fut vécu ?
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🥃 « Je ne sais pas si l'amour est un sentiment. Parfois je crois qu'aimer c'est voir. C'est vous voir. »

🥃 C'est une histoire d'amour. Ou de désamour. La scène se déroule dans le Café de la Marine. Il y a la narratrice et son compagnon, assis à table. Ils observent autour d'eux, les gens, la Seine, les étrangers. Au fond du café, il y a un couple, le Captain et sa femme. Ils murmurent, on les entend à peine. Elle est en retrait alors que lui semble la dominer. Il y a des silences, une fuite évidente, une chute prévisible. Il y a une mort certaine, le regard est absent. Il y a la douleur chez elle ; elle est omniprésente. Il y a l'amour, l'autre amour, l'amour tu, celui de l'après-midi d'hiver. Il y a les poèmes.

🥃 La narratrice et son ami continuent de les observer, jusqu'à ce qu'ils partent. Elle voudrait écrire leur histoire, elle le lui avait dit, elle l'avait prévenu, elle écrirait. Mais quoi ? Son tout à elle, son rien à lui. Leur amour semble unilatéral, voué à s'échouer dans le néant comme meurt le soleil au crépuscule ; rouge et incandescent, absorbé par la nuit de l'infini.


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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Je voulais vous dire ce que je crois, c’est qu’il fallait toujours garder par devers soi, voici, je retrouve le mot, un endroit, une sorte d’endroit personnel, c’est ça, pour y être seul et pour aimer. Pour aimer on ne sait pas quoi, ni qui ni comment, ni combien de temps. Pour aimer, voici que tous les mots me reviennent tout à coup… pour garder en soi la place d’une attente, on ne sait jamais, de l’attente d’un amour, d’un amour sans encore personne peut-être, mais de cela et seulement de cela, de l’amour. Je voulais vous dire que vous étiez cette attente. Vous êtes devenu à vous seul la face extérieure de ma vie, celle que je ne vois jamais, et vous resterez ainsi dans l’état de cet inconnu de moi que vous êtes devenu, cela jusqu’à ma mort…
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L'immanence du poème, sa pénétration des âmes, était au fond aussi mystérieuse que celle-ci. Elle croyait que lorsque des poèmes étaient écrits dans un pays donné, très vite ils se répandaient ailleurs, propulsés par leur seule évidence, leur seule existence, au-delà des distances, des ciels, des mers, des continents, des régimes politiques, des interdits. Elle était quelqu'un qui avait tendance à croire que partout on écrivait le même poème sous des formes différentes. Qu'il n'y avait qu'un seul poème à atteindre à travers toutes les langues, toutes les civilisations.
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Le milieu du poème, avec différentes versions, prenait la moitié de la page. Tout était rature dans cette partie-là. Au début il était question, justement, de là terrible lumière de certains après-midi d'hiver. Cette lumière était celle-là même de ce jour-là. Une lumière d'un jaune d'iode, sanglant. Elle déteignant sur les parcs de l'île de Wight, les horizons de l'hiver les bateaux rives à la glace des bassins nautiques. Comme si elle venait de l'écrire à l'instant.
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Je vous le dis :
_Je vous aimais d'un amour effrayant.
La méfiance revient dans vos yeux.
Votre regard fuit au delà des falaises. Vous dites :
_C'est aussi faux de dire ça que de dire que je ne vous aime pas.
Je vous regarde, j'essais de vous voir. Je ne parviens pas à vous regarder.
_Il me vient encore à l'esprit de croire que je ne vous aime pas. Et rien ne vient me contredire dans cet instant là. Je crois sincèrement que j'aurais pu ne pas vous aimer. Puis ça revient. Vous vous trompez de la même façon, mais inverse. Ca doit vous traversez la tête quelques fois que peut être vous m'aimez.
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On a parlé des gens en général. On a dit que tous les gens qu'on voyait dans les bars, les bateaux, les trains, étaient inoubliables, même si après on les oubliait. Pas ceux des photographies de journaux, ni ceux des films, mais ceux-là qui étaient seuls dans les autobus ou dans les bars, le soir, travailleurs ou pas travailleurs, pareils, éteintes par la journée écoulée, plongés pareils dans la sombre exaltation de la vie intérieure.
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Marguerite Duras est sans doute l'écrivain qui divise le plus. On l'adore ou elle agace. Aux uns comme aux autres, je recommande un petit livre merveilleux intitulé "La passion suspendue".
« La passion suspendue » de Marguerite Duras, c'est en poche chez Point Seuil.
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