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Critique de Ambages


Magnifique ! J'ai été happée dès les premières lignes... J'ai adoré l'écriture, même la mise en page, espacée, correspond si bien au tempo lent du récit.

J'ai été intégrée dans l'âme des personnages et j'ai eu l'impression d'être, moi lectrice, l'un des protagonistes, car j'avais de la place _je tournais autour des personnages pour les regarder de plus près, presque comme sur une scène de théâtre à les suivre dans leurs mouvements_ et tout méritait exploration, et me laissait juge de prendre tel ou tel chemin pour continuer la lecture.

Le style utilisé par Marguerite Duras, tout en esquisse, en dialogues, tellement épurés, permet au lecteur de s'attacher aux âmes présentes dans ce roman, très court, confortant ainsi le sentiment de fugacité, d'immatérialité et finalement j'ai comme ressenti de la folie qui surgissait au détour des pages. D'autant que l'ambiance était oppressante, "la musique des fêtes mortes", "des plantes noires remuent dans le vent qui entre par la porte" de l'hôtel, la station balnéaire pas vraiment idyllique !

Tout commence par un triangle amoureux, deux hommes et une femme sur une plage, les vagues les rapprochent pour les séparer dans une écume crémeuse. Et puis, dans une immobilité feinte, on sent les remous et on plonge entre des murs blancs d'un hôtel, on marche sur les planches de la plage avec eux pour se retrouver dans un décor fantôme.

N'ai-je finalement fait un voyage dans la tête de l'un des trois protagonistes, lequel était-ce ? Je ne saurais le dire.. Cet esprit cherche une ouverture au travers de souvenirs, mais ils reviennent par bribes. "Les murs augmentent en nombre, se multiplient, ils se coupent, se suivent, se recoupent, ils battent dans les tempes, font saigner les yeux. Il n'y a toujours aucune ombre".

Une peine d'amour, de mort (peut-être d'un enfant) a créé un vide et tout a basculé. "Je suis la morte de S. Thala."

Je pense qu'il ne peut y avoir de demi-mesure, on aime ou on déteste ce récit et que, pour une même personne, d'un moment à un autre, la lecture bascule aussi. Aujourd'hui ces mots ont fait écho en moi, et quelle chance !

"Il n'est plus là. Elle est seule allongée sur le sable au soleil, pourrissante, chien mort de l'idée, sa main est restée enterrée près du sac blanc."

J'adore
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