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EAN : 9782070704453
104 pages
Gallimard (02/05/1985)
3.98/5   21 notes
Résumé :
Une femme. Un homme. Ces deux-là se sont aimés, ont formé un couple, se sont mariés pour faire «comme tout le monde». Le temps, ses affres et ses tentations ont suivi leurs pas, jusqu’à les perdre et les faire choir. Elle, Anne-Marie, a voulu le suicide, lui, Michel, le meurtre. Puis, ils se sont séparés, dans le fracas des cris et des vêtements jetés par la fenêtre. C’était avant-hier. C’était hier.
Aujourd’hui les a réunis de nouveau, au tribunal, pour ente... >Voir plus
Que lire après La Musica deuxièmeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Pour une Musica deuxième, il fallait au moins une Musica. Les deux pièces peuvent se lire indépendamment mais le lien qui les unit semble toutefois important. Ainsi Marguerite Duras, dans les textes pour la presse, rappelle-t-elle la genèse de ses Musica. Un couple en instance de divorce se retrouve après l'audience dans le hall d'un hôtel. Ils parlent. L'action est réduite à quelques piétinements et des jeux de lumières parfois plus éloquents que les personnages eux-mêmes. Dans la Musica, ils semblaient s'être quittés dans la première partie de la nuit. Dans cette suite, la discussion se prolonge :


« Mais cette fois-ci, ils ne se quittent pas au milieu de la nuit, ils parlent aussi dans la deuxième moitié de la nuit, celle tournée vers le jour. Ils sont beaucoup moins assurés à mesure que passe leur dernière nuit. Ils se contrediront, ils se répèteront. Mais avec le jour, inéluctable, la fin de l'histoire surviendra. C'est avant ce lever du jour les derniers instants de leurs dernières heures. »


Marguerite Duras résume ainsi sa Musica deuxième. La tristesse et la résignation laissent parfois échapper quelques élans de colère ou de vieille passion, pas totalement disparue dans le méandre des frustrations. Qui mène le bal ? Monsieur le meurtrier ? Madame la suicidaire ? Que donnent deux petites individualités meurtries lorsqu'on les coince ensemble longtemps, dans une même vie étriquée et jalouse ? « Est-ce toujours terrible ? Toujours ». le ton ultra-dramatique nous en convainc, mais s'affaiblit par sa même omniprésence. du début jusqu'à la fin de la pièce, les personnages se donnent l'air de martyrs de l'Amour. le masque de la tragédie les emporte loin de la réalité. Leurs mots, rares et avoués du bout des lèvres cèdent leur place à un faciès grimaçant. La Musica deuxième est un éloge au désespoir, au plaisir de patauger dans le marasme et de se voir répandre des traînées de boue autour de soi.


L'amour n'est pas toujours le sentiment idyllique qu'on veut nous vendre. Nous en connaissons cet aspect depuis longtemps déjà et Marguerite Duras ne réalise qu'une redite de cet acquis de longue date. Ainsi, cette Musica deuxième ne provoque aucun écho particulier, ni n'éveille d'interrogation nouvelle. « Je ne supportais pas votre infidélité alors que moi je vous étais infidèle. Vous le saviez ? » Sans doute… mais en fait, cela n'est guère passionnant.

Lien : http://colimasson.over-blog...
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J'ai avec l'oeuvre de Mar­gue­rite Duras un lien par­ti­cu­lier, depuis très long­temps. Grand lec­teur d'abord, j'ai à mon actif plu­sieurs tra­vaux uni­ver­si­taires à son sujet, sans avoir pour autant fini mon mémoire de maî­trise sur cette parole qui m'échappa au moment où je crus l'appréhender. Babe­lio m'a pro­posé d'écou­ter cette lec­ture et c'est avec grand plai­sir que je m'y suis prêté, his­toire de m'immerger dans cette voix, cette écri­ture qui me fas­cine.

La Musica Deuxième, Marguerite Duras lue par Fanny Ardant et Sami Frey« Ce sont des gens qui divorcent, qui ont habité Évreux au début de leur mariage, qui s'y retrouvent le jour où leur divorce est pro­noncé. Tous les deux dans cet hôtel de France pen­dant une nuit d'été, sans un bai­ser, je les ferais par­ler des heures et des heures. Pour rien d'autre que pour par­ler. Dans la pre­mière par­tie de la nuit, leur ton est celui de la comé­die, de la dis­pute. Dans la deuxième par­tie de la nuit, non, ils sont reve­nus à cet état inté­gral de l'amour déses­péré, voix bri­sées du deuxième acte, défaites par la fatigue, ils sont tou­jours dans cette jeu­nesse du pre­mier amour, effrayés.» M. Duras.

Ce sont deux voix qui se ren­contrent. Deux paroles qui résonnent, dans l'intimité d'un bar d'hôtel. Ils viennent de divor­cer. La parole s'engage presque sur un ton d'indifférence, neutre comme on pour­rait le faire avec un étran­ger… Puis les voix se nouent peu à peu, les sou­ve­nirs remontent à la sur­face, les reproches, les véri­tés qu'on ne veut pas entendre, les espoirs qu'on espère peut-être encore… La parole s'embrase : la tra­hi­son, la bles­sure ouverte, béante… On rejoue les scènes de manière dis­tante, pas du tout dans l'analyse, mais dans une théâ­tra­lité néces­saire pour faire res­sen­tir l'intraduisible… Duras nous y a habi­tué : depuis le Square à l'Amant, en pas­sant par Hiro­shima mon amour, il y a tou­jours ce dia­logue récur­rent, cet entre­tien infini, ces deux voix qui déchirent le silence ; en sur­gissent des sen­ti­ments para­doxaux : l'amour, le désir, la dou­leur, mêlés à la voix quo­ti­dienne, celle qui parle de meubles, de choses insi­gni­fiantes… il en résulte un mou­ve­ment contra­dic­toire de vio­lence, d'indifférence, de désir furieux, d'amour brisé.

Marguerite DurasLes voix s'opposent, s'enlacent, jouent du porte-à-faux, posent une ques­tion, répondent à côté, reviennent à la ques­tion posée pré­cé­dem­ment, ne se ren­contrent pas, s'ignorent, puis se per­cutent vio­lem­ment quand on ne s'y attend plus. Il y a sou­vent chez Duras la ten­ta­tion du dia­logue qui pour­rait tout renouer, y com­pris soi-même avec soi-même, mais il y a tou­jours un ratage, quelque-chose qui passe à côté de l'occasion rêvée… les voix finissent épui­sées et repartent cha­cune de leur côté.

La musica deuxième, réécri­ture de la Musica, 20 ans plus tard, apporte un deuxième acte qui va plus loin que la pre­mière pièce puisqu'elle veut les por­ter au bout de la nuit, au bout de l'épuisement pour qu'enfin la vérité éclate au grand jour :

« C'est en effet les mêmes gens et c'est aussi Evreux et cet hôtel. C'est aussi après l'audience. Mais cette fois-ci, ils ne se quittent pas au milieu de la nuit, ils parlent aussi dans la deuxième moi­tié de la nuit, celle tour­née vers le jour. Ils sont beau­coup moins assu­rés à mesure que passe leur der­nière nuit. Ils se contre­di­ront, ils se répè­te­ront. Mais avec le jour, iné­luc­table, la fin de l'histoire sur­vien­dra. C'est avant ce lever du jour les der­niers ins­tants de leurs der­nières heures. Est-ce tou­jours ter­rible ? Tou­jours.

Vingt ans exac­te­ment séparent La Musica I et La Musica II, et pen­dant à peu près ce même temps j'ai désiré ce deuxième acte. Vingt ans que j'entends les voix bri­sées de ce deuxième acte, défaites par la fatigue de la nuit blanche. Et qu'ils se tiennent tou­jours dans cette jeu­nesse du pre­mier amour, effrayés. Quel­que­fois, on finit par écrire quelque chose. » DURAS Mar­gue­rite, La Musica Deuxième, Textes pour la presse, Gal­li­mard, Paris, 1985, p. 97.

A écou­ter Sami Frey et Fanny Ardant dans cette édition c'est un pur bon­heur : leurs voix s'accordent par­fai­te­ment à cette parole qui déroule le texte. La voix de Samy Frey est tou­jours dans une sorte de frayeur, d'interrogation, de désir et de défiance, tan­dis que celle de Fanny Ardant semble tou­jours sur la défen­sive, dans l'usure, dans cette vio­lence de la dou­leur qui serre les dents, sans se plaindre jamais. Des grains de voix de toute beauté qui servent le texte avec finesse, ni sur­joué, ni sim­ple­ment lu . Il en res­sort cette musique, celle qui donne son nom au titre de la pièce, cette Musica, entre ritour­nelle tra­gique et chan­son d'amour qui ne veut rien dire…
Lien : http://www.labyrinthiques.ne..
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On sait bien que chez Marguerite Duras, il n'y a pas d'oeuvre qui ne revête un caractère autobiographique. Elle a d'abord écrit la Musica (premier acte) avant d'en ajouter un second, le tout, vingt ans après formant « La Musica deuxième ». En lisant les critiques apportées sur ces pages, je me faisais la réflexion : s'agit-il bien d'une pièce à jouer ou seulement à lire ? Ayant eu l'occasion d'en faire travailler un montage réalisé par des comédiens passionnés de ce texte, je me trouvais confronté à des didascalies qui laissaient supposer que les sentiments des personnages, leur vie, leurs souvenirs étaient connus des spectateurs.
L'action, si l'action il y a, est réduite à un face-à-face de deux êtres déchirés, mais qui découvrent que leur amour est toujours présent, marqué de la même haine et du même désir qui ont fait leur couple. Est-ce une part d'elle-même que Marguerite Duras nous livre ? le rôle des comédiens est réduit mais essentiel. Ils nous apportent la force du couple. le fait de l'avoir montée avec deux acteurs qui forment un couple dans la vie est une plus-value d'émotion sur une simple lecture.
Mais pourquoi ces indications théâtralement inutiles comme « Elle va parler de ce dont ils n'ont jamais reparlé. Écrire, aimer, elle, elle voit que cela se fit dans le même inconnu, dans le même défi de la connaissance mise au désespoir. » ? Sommes-nous devant un roman théâtral ? On pense à ce théâtre littéraire qu'est celui De Musset dans « Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. » Alors on se demande s'il faut voir la pièce, la lire ou l'écouter. Je dirais, mais ce n'est que mon avis de comédien et metteur en scène, c'est-à-dire, peu de choses… Il faut la jouer.
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Excellente Marguerite Duras!
Dans son style élégant d'écriture, elle parvient à faire surgir les sentiments de l'amour, la passion, mêlés à la jalousie, la honte... -qu'elle partage avec le lecteur-.
Dans ce couple qui se retrouve après des années de conflit, la femme se libère du passé alors que l'homme est resté dans la souffrance qui aurait pu le pousser à commettre l'irréparable. Pourtant la folie affronte la raison.
Tandis que Anne-Marie a réussi à surmonter la séparation, Michel, lui, espère toujours des réponses.
Laissez vous donc séduire par cette mise en scène habile
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[livre/CD critiqué dans le cadre du quatrième programme Masse Critique]

Ces deux-là, Anne-Marie Roche et Michel Nollet, vont mettre le temps d'un cédé audio de soixante-neuf minutes, le temps d'une pièce en un acte, trois scènes, pour attiser et confronter les souvenirs de leur histoire douloureuse. le temps d'une longue conversation dans le salon d'un hôtel de province, à la sortie du tribunal où leur divorce vient d'être prononcé, pour se convaincre à contre-coeurs qu'il ne pouvait y avoir d'autre forme de terme à leur passion, que la rupture.

Au début ils font semblant d'avoir oublié, de ne pas se souvenir. Il y a combien de temps ? Ils s'observent avec la distance affichée de leurs nouvelles vies. Ils se posent des questions d'abord anodines. Où est-ce que tu habites, maintenant ? Et ton travail ? Puis au fur et à mesure, leurs cercles de communication se concentrent, les interrogations deviennent plus chirurgicales, visant à rouvrir une après l'autre, les blessures mal cicatrisées.

Jeux de pattes de velours ou coups de griffes, j'ai imaginé en les écoutant la danse nocturne de deux félins qui vont déchirer et disputer jusqu'à l'aube la dépouille de leur amour.

Jamais les voix tendues mais calmes ne vont s'enfler pour éclater, même quand ils évoqueront l'enfer des violences conjugales. Même quand ils en viendront à rejouer le drame passionnel mais sans victime de sang qui les a irrémédiablement séparés. Au bout de la nuit, ils laisseront derrière eux les décombres de leur histoire d'amour, ayant attendu l'extinction des dernières braises pour partir chacun de son côté, pantelants d'émotion, résignés, brisés à jamais.

Je n'avais jamais fait de lecture audio d'un livre ou d'une pièce de théâtre. J'ai beaucoup aimé. A la fin, j'ai eu envie de réécouter les dernières pistes et de transcrire quelques phrases au hasard, du sublime dialogue :

"Vous avez oublié que vous aviez laissé vos livres ? Vous les aviez fait venir et puis après vous n'en vouliez plus. Vous disiez que ça vous dégoûtait. [...] On les laisse alors ? C'est dommage quand même, non ?"

"J'ai oublié notre histoire. La douleur, j'ai oublié. Je ne sais plus du tout pourquoi. Souffrir, comme ça, à ce point la, et ne plus retrouver pourquoi après, les raisons..."

"Je crois qu'on ne se souvient pas de l'amour."
"Peut-être qu'on ne se souvient pas de la douleur quand elle ne fait plus souffrir."
"Du désir, il y a ou un oubli total, ou une mémoire totale, aucune ombre."

"Nous allons aimer moins maintenant, les autres gens. Moins."
"Nous sommes moins forts maintenant, nous avons perdu de notre force. Nous nous sommes rapprochés de la fin de notre vie."
Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
LUI, rit aussi.
Je vous ai suivie. Je suis rentré dans le cinéma. On jouait un western que vous aviez déjà vu avec moi… Vous étiez seule. Vous étiez assise dans les premiers rangs… personne n’est venu vous rejoindre… Le soir, vous ne m’avez rien dit de ça… et je ne vous ai posé aucune question… C’était le printemps il y a trois ans… vous étiez déjà triste quelquefois… Le lendemain, après le déjeuner, je vous ai demandé si vous deviez sortir. Vous m’avez dit que non, et vous êtes sortie. Je vous ai encore suivie. Vous êtes allée aux courses, vous étiez seule encore une fois. Je n’avais rien soupçonné de pareil… (Un temps.) J’ai commencé à souffrir d’une souffrance que je n’avais jamais encore connue.
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C’est en effet les mêmes gens et c’est aussi Evreux et cet hôtel. C’est aussi après l’audience. Mais cette fois-ci, ils ne se quittent pas au milieu de la nuit, ils parlent aussi dans la deuxième moi­tié de la nuit, celle tour­née vers le jour. Ils sont beau­coup moins assu­rés à mesure que passe leur der­nière nuit. Ils se contre­di­ront, ils se répè­te­ront. Mais avec le jour, iné­luc­table, la fin de l’histoire sur­vien­dra. C’est avant ce lever du jour les der­niers ins­tants de leurs der­nières heures. Est-ce tou­jours ter­rible ? Tou­jours.

Vingt ans exac­te­ment séparent La Musica I et La Musica II, et pen­dant à peu près ce même temps j’ai désiré ce deuxième acte. Vingt ans que j’entends les voix bri­sées de ce deuxième acte, défaites par la fatigue de la nuit blanche. Et qu’ils se tiennent tou­jours dans cette jeu­nesse du pre­mier amour, effrayés. Quel­que­fois, on finit par écrire quelque chose.
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Lui : Je crois qu’on ne se souvient pas de l’amour.
(Silence)
Elle : Peut-être qu’on ne se souvient pas de la douleur quand elle ne fait plus souffrir.
(Silence)
Lui : Du désir il y a ou un oubli total, ou une mémoire totale… aucune ombre.
(Silence. Réponse lente à venir)
Elle : Je crois ce que tu dis sur le désir.
Lui : Quoi ?
Elle : Que c’est une mémoire nue. Un oubli pareil. Sans passage entre les deux choses.
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Ce sont des gens qui divorcent, qui ont habité Évreux au début de leur mariage, qui s’y retrouvent le jour où leur divorce est pro­noncé. Tous les deux dans cet hôtel de France pen­dant une nuit d’été, sans un bai­ser, je les ferais par­ler des heures et des heures. Pour rien d’autre que pour par­ler. Dans la pre­mière par­tie de la nuit, leur ton est celui de la comé­die, de la dis­pute. Dans la deuxième par­tie de la nuit, non, ils sont reve­nus à cet état inté­gral de l’amour déses­péré, voix bri­sées du deuxième acte, défaites par la fatigue, ils sont tou­jours dans cette jeu­nesse du pre­mier amour, effrayés.
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Lui : Vous savez, nous étions très très jeunes.
Elle : C’est vrai. Maintenant nous ne voulons plus autant d’ennuis, nous ne voulons plus autant de soucis, nous ...
Lui (il lui coupe la parole) : Nous avons autre chose à faire ?
Elle : Sans doute.
Lui : Quoi ?
Elle (rit) : Rien
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