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EAN : 9782070450268
144 pages
Gallimard (07/02/2013)
3.73/5   15 notes
Résumé :
Dans Folioplus classiques, le texte intégral,
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un homme, une femme, le hall d'un hôtel. Les deux personnages se croisent quelques heures seulement après leur divorce, à Évreux où ils ont vécu ensemble et où ils sont revenus, chacun de leur côté, apparemment uniquement pour les formalités juridiques, après deux ans de séparation. Elle cherche à l'éviter, lui cherche à rester en sa compagnie, à parler avec elle. Ils reviennent, assez vaguement, sur leur vie commune, leur séparation.

C'est une pièce très courte, même pour Duras, sans doute à cause du format imposé : elle l'avait d'abord écrite pour une série radiophonique intitulée Love Story (oui, oui). Elle présente des thèmes qui reviennent inlassablement dans son oeuvre : l'amour impossible, surtout, la distance qui s'installe entre deux personnes très proches, l'emprise des contraintes sociales sur les individus au risque de les briser. le motif de la ville de province est aussi une récurrence, ainsi que les procédés dramatiques : silences, phrases interrompues, vouvoiement, et parfois un certain flou des propos. Pour autant, il ne me semble pas que ce soit une grande réussite de l'auteure.

Le vouvoiement, d'abord. Duras l'utilise ici pour introduire une distance entre les deux personnages, ce qu'elle reprendra dans Agatha, entre le frère et la soeur. On comprend bien l'intention, mais comme ça, d'emblée, et comme dans Agatha - peut-être même plus -, j'ai trouvé ça très agaçant, bien trop artificiel. Tout m'a semblé trop artificiel. Duras jongle entre son style épuré et pas très naturel (ce qui ne me dérange pas en soi) et une tendance à la banalité dans le dialogue, qui n'a pas bien fonctionné pour moi. Surtout, je n'ai absolument pas ressenti ce qu'on est censé ressentir devant ce texte, à savoir la passion amoureuse qui lie pour toujours les deux personnages, et qui se réveille brutalement juste après la légalisation du divorce. Même les cris de l'homme à la toute fin, et les derniers mots de la femme, ne m'ont pas tellement convaincue. Sans doute parce que l'ensemble reste très froid. Je veux bien que l'idée soit celle d'une passion larvée, réprimée, mais enfin, il faut bien que les sentiments sortent d'une façon ou d'une autre, et j'ai 'impression que le jeu des acteurs, avec des dialogues pareils, ne peut pas suffire, et peut même encore plus entraver cette expression d'une souffrance qu'il est déjà difficile de capter.

Les thèmes que j'ai évoqués ne sont que peu développés au final. La faute à la brièveté de la pièce ? Je n'en suis pas si sûre. J'ai la sensation que Duras s'est mal adaptée à sa commande, ce qui a eu pour conséquence la création d'une oeuvre inaboutie - certes, elle écrira plus tard La Musica Deuxième, mais là, tout de suite, on s'en fiche, et c'est la même chose pour le film qu'elle tournera ; d'autant que je pense le plus grand mal des films de Duras -, que la pièce qu'elle a écrite ici n'est qu'un pâle reflet de ce qu'on peut retrouver dans d'autres oeuvres de l'auteure, traitées de façon plus approfondie, et, ce qui n'est pas un détail, à l'atmosphère bien plus prenante. Une pièce qui vaut finalement davantage pour sa place dans le corpus durassien et ce qu'elle en révèle, que pour elle-même.



Challenge Théâtre 2018-2019
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La pièce a été initialement écrite pour la BBC, publiée en 1965 et jouée au théâtre. Elle a été adaptée au cinéma en 1967 par Marguerite Duras elle-même et Paul Seban, avec Delphine Seyring et Robert Hossein dans les rôles principaux. Marguerite Duras la remettra sur le métier dans les années 80, ce sera Musica deuxième, où elle retravaille le matériaux et y ajoute une suite. Cela illustre parfaitement le travail de Duras : une oeuvre n'est au final jamais achevée, elle peut toujours être reprise, et divers façon de raconter une histoire se complètent : le théâtre, le roman, le cinéma...Avec chaque fois un éclairage différent.

Un homme, une femme. Ils viennent de divorcer, c'est pour cela qu'ils sont venus à Évreux où ils n'habitent plus. Ils sont au même hôtel, un dialogue s'engage qui évoque leur histoire, le comment et pourquoi ils en sont arrivés là, à ce divorce, cette séparation.

Le couple, la passion, incontournable et impossible à la fois. Un des grands thèmes de Duras, auquel elle revient régulièrement. Ce n'est pas dans cette pièce qu'elle donne le meilleur d'elle-même sur le sujet, enfin j'ai lu la première version de la Musica, peut-être que dans la deuxième c'est plus abouti. Il y a quelque chose d'un tout petit peu daté dans ces rapports homme-femme, pas suffisamment de toujours et partout, enfin à mon sens. Par moments, l'éternel tragique, la souffrance objectivement sans objet mais qui fait d'autant plus souffrir, l'altérité infranchissable, font leur apparition dans ce petit hôtel que l'on imagine un peu mité, anachronique.

Mais à chaque lecture de Duras, je me dis décidément que c'est un immense auteur.
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La Musica. Une nuit. Un hall d'hôtel. Un couple. L'Amour. La fin impossible de l'amour.
Le deuxième mouvement de l'amour : L'impossible séparation.
Mouvement excentrique.
Celui qui suit le premier mouvement, celui qui rendait fou, celui qui entravait et enserrait : le concentrisme de l'amour.
C'est donc à ce deuxième mouvement que nous assistons.
À cet impossible achèvement. «  la fin et le commencement mêlés »
L'un et l'autre, l'un sans l'autre, emmêler dans ce qu'ils n'ont jamais pu ou su exprimer, ce qu'ils n'arriveront pas en cette nuit d'été à se signifier. Mais c'est à nous auditeurs de chercher, de suivre leurs silences qui se voudraient remplir leur absence.
Si la déchirure chez Duras est un passage, l'amour, la vie même est spirale. Une vis sans fin, le manque de finitude dans la recherche obsédante d'une certaine complétude.
C'est le théâtre de l'impossible, de l'inatteignable,
Tout se projette dans la possibilité qu'offre l'autre.
Si cette possibilité s'évanouit les personnages cessent d'exister. C'est le théâtre des voix, des coulisses, de l'extérieur qui pourrait à tout moment prendre place en scène. le poids de ce que l'on ne voit pas, de ce qui ne se montre pas, donne toute sa tension à cette nuit, unique puisque singulière, effilée puisque éternelle.
«  C'était merveilleux, mais pas nécessaire ». Duras a convié R. Hossein a prononcer cette réplique, en exigeant qu'il y imprime contre sens. Difficile d'être diriger par Duras. Guider sans doute devait être exercice plus agréable.
Mais si chaque mot n'est pas forcément porteur du sens qu'il se devrait annoncer, il y a toujours extrême précision chez Duras.
Le son, le ton, le souffle, l'instant porte la signification du mot.
Les mots sont placés, aucun désordre, pas de hasard. Il n'y a aucun manquement, il n'y a qu'un espace qu'elle laisse à l'usage de notre passage.
La Musica : deuxième mouvement d'un concerto éperdu et infini.

Astrid SHRIQUI GARAIN
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Initialement écrite pour la BBC, « La Musica » est une pièce que Marguerite Duras publie en 1965. Dans un texte court, elle saisit le moment de retrouvailles dans un bar d'hôtel à Évreux, un huis clos entre un homme et une femme. Mais ce ne sont pas des amants. Ils ont été mariés, sont séparés depuis deux ans et se retrouvent pour une heure de vérité le soir du jugement de divorce.
C'est la fin de leur histoire d'amour dans le seul hôtel de la ville où ils avaient vécu ensemble. Car ce sont des gens qui se sont aimés. Ils ne savent toujours pas ce qui leur est arrivé. Ils sont venus chacun de leur côté pour se revoir une dernière fois sans vraiment savoir pourquoi car ils ont « refait leur vie » chacun de leur côté.
Ils ont souffert mais se retrouve pourtant tous les deux dans cet hôtel un soir d'été pour se raconter, pour comprendre, pour parler toute la nuit.
Dans la première partie de la nuit, leur ton est celui de la comédie, de la dispute. Dans la deuxième partie de la nuit, ils vont revenir à cet « état intégral de l'amour désespéré ». Un dialogue sans violence, sans drame, plus cruel encore par la modération des propos.

Cette pièce est bouleversante de vérité et me touche énormément. Marguerite Duras la reprendra vingt ans plus tard, comme elle aime le faire, avec quelques ajustements en y ajoutant une suite qui forme « La Musica Deuxième ».
Elle fera également une adaptation au cinéma avec Paul Seban. le film « La Musica » sortira en 1967 avec Delphine Seyrig et Robert Hossein. Un personnage de jeune fille a été ajouté ainsi que des scènes extérieures qui ne sont pas dans la pièce. Mais le thème est parfaitement traité, celui de la fatalité absurde des êtres qui se cherchent à égale distance du bonheur rêvé et du bonheur perdu.
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🎶 Pas UNE. Pas NIMPORTE LAQUELLE. Mais bel et bien LA. LA musica. Cette mélodie du coeur qui ne cesse jamais, qui peut être Vivace ou Adagio, parfois à contretemps, tantôt bruyante tantôt chantante, renversante ou bouleversante, oui LA musique ne s'arrête jamais.

🎶 La musique. Celle qui vient du coeur et que l'on joue, dont on se joue, et qui parfois se joue de nous.

🎶 Dans cet hall d'un hôtel, un homme et une femme se retrouvent après leur divorce et deux ans de séparation. Si elle cherche à l'éviter, lui ne veut pas se séparer d'elle, et dans ce hall impersonnel, la distance, la rancoeur et l'amour impossible s'installent entre les deux protagonistes.

🎶 Et le flou. de la situation, des propos, des sentiments, c'est le flou qui domine. Ces deux-là s'aiment ils encore après le mal qu'ils se sont fait ? Difficile à dire avec un texte si court (35 pages) et une très faible propension aux sentiments. Pour autant, j'ai aimé cet épisode d'une vie amoureuse, ce couple au bord du précipice qui ne sait s'il doit se jeter aux oubliettes ou retourner à la terre ferme...

🎶 ah ... La Musica !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
C'était affreux. J'étais jaloux de vous-même... de ce quant-à-soi... Une fois je vous ai suivie en automobile. Vous étiez toujours seule. Vous étiez superbe, seule, dans votre automobile. Vous alliez vite... Vous êtes allée à une vingtaine de kilomètres d'ici, vous vous êtes arrêtée près d'un bois. Vous êtes allée dans le bois. Je ne vous ai plus vue. J'ai hésité, j'ai failli vous rejoindre et puis... je suis parti. C'est un de ces souvenirs qui restent en pleine lumière, dont nous parlions tout à l'heure.
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Lui (rit aussi) : Je vous ai suivie. Je suis rentré dans le cinéma. On jouait un western que vous aviez déjà vu avec moi... Vous étiez seule. Vous étiez assise dans les premiers rangs... personne n'est venu vous rejoindre... Le soir vous ne m'avez rien dit de ça... et je ne vous ai posé aucune question... C'était le printemps, il y a trois ans... vous étiez déjà triste quelquefois... Le lendemain. après le déjeuner, je vous ai demandé si vous deviez sortir. Vous m'avez dit que non, et vous êtes sortie. Je vous ai encore suivie. Vous êtes allée aux courses. Vous étiez seule encore une fois. Je n'avais rien soupçonné de pareil... (Un temps) J'ai commencé à souffrir.
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Elle : Je dansais quelquefois... vous ne dansiez pas.., ça me manquait, je croyais que ça me manquait beaucoup.

Lui : J'aurais dansé, ç'aurait été pareil.

Elle : Sans doute. (Un silence.) Vous savez, c'est tout à fait terrible d'être infidèle pour la première fois... c'est.. épouvantable. (Elle rit) C'est vrai... la première fois, même une... passade... c'est épouvantable. C'est tout à fait faux de dire que ça ne compte pas.
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Lui : Je n'ai jamais su... ce qui s'est passé quand vous êtes allée à Paris. Le récit que vous m'en avez fait... alors.., était. je suppose, faux.

Elle : Vous n'auriez pas supporté la vérité. Maintenant. avec l'éloignement, vous pensez peut-être le contraire mais vous ne l'auriez pas supportée.

Lui : Je ne supportais rien.

Faux rire.

Elle : Presque rien. (Un temps) Rien.
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C'est quand même étrange, vous ne trouvez pas, qu'on se souvienne si mal ?
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