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Un dialogue s'engage dans un square entre un voyageur de commerce solitaire, qui ne se projette pas dans l'avenir, aspire au repos, et une jeune fille qui exerce le métier de bonne à tout faire, qui espère en un futur meilleur. Deux laissés-pour-compte qui se parlent, s'écoutent, même si par moments chacun suit sa pensée et que l'incompréhension pointe. La jeune fille est effrayée par le manque d'aspiration au changement du voyageur, dont le désir se résume à manger et à avoir chaque soir un toit pour dormir. Peut-on vivre sans l'envie que des choses changent ? Cela paraît inconcevable pour celle qui veut se marier, pour cesser un travail toujours plus harassant et avilissant, ne plus être seule. Pire, ne plus être seule et invisible : " monsieur, car si peu que vous soyez, vous êtes quand même à votre façon, donc vous ne pouvez pas savoir ce que c'est que n'être rien. " Marguerite Duras libère la parole de gens simples, de ceux que l'on pouvait croiser en 1955, quand elle a écrit ce court et fort roman d'où affleure son engagement communiste. Dans la rencontre de ces deux-là, il y a la tendresse de ceux que leur condition rapproche. Un avenir - peut-être la victoire de l'espoir d'une jeune fille déterminée sur la résignation d'un homme mûr - s'ouvre par leurs mots échangés, des mots vrais, essentiels. + Lire la suite |