J'ai retrouvé ici le style parfois alambiqué de
Duras. Il m'a même fallu relire une phrase pour la comprendre, comme si l'auteur voulait nous perdre dans le méandre de ses phrases, comme se perd la mendiante:
N'a-t'elle pas marché davantage avant de trouver le fleuve qu'elle n'a marché en le suivant pour retrouver le nord?
Ce désir de nous perdre par la plume me semble être au coeur du roman même. Si le titre semble mettre
le vice-consul au centre de l'histoire, il ne m'a pas semblé plus important dans le roman que la mendiante ou
Anne- Marie; si on sait qu'il a un passé trouble, on n'apprend rien de ce qu'il a fait, si Anne-Marie Stretter est si triste, on n'en comprendra pas la raison, tout comme on ne comprendra pas vraiment le lien qui semble se tisser entre elle et
le vice-consul sans que rien ne se produise réellement. Et puis, il y a ces passages entre
le vice-consul et le directeur qui m'ont laissée dubitative.
Duras oppose avec talent les espaces infinis de l'Indochine que traverse la mendiante aux villes indiennes étouffantes dans lesquelles vivent ambassadeur et vice-consul. Je vais encore avoir besoin de quelques romans pour totalement apprivoiser son univers. Peut-être que ce roman est en fait un tableau fragmentaire d'impressions vécues par
Duras lors de sa vie en Orient puisqu'il semble qu'elle ait été obsédée par la vision réelle d'une mendiante vendant son enfant.