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EAN : 9782707303080
35 pages
Editions de Minuit (01/05/1980)
3.61/5   111 notes
Résumé :
« Un homme, une femme. Un homme assis dans l'ombre d'un couloir, une femme allongée dans un jardin à quelques mètres de lui. On sait quelles niaiseries moralisatrices peut engendrer cette simplicité édénique. Marguerite Duras les esquive toutes à une altitude de sobriété et de rareté où l'oxygène manque pour en dire plus. Comme une émotion suffocante pour ce dernier épisode de ses aventures esthétiques (...) Pour dire cette simplicité fondamentale, Duras a renoncé a... >Voir plus
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J'aime beaucoup la grâce de l'écriture de Marguerite Duras, sa fine psychologie, sa délicate peinture des sentiments humains, ses descriptions sensibles et si vivantes, son écriture si vivante, si fraîche, si vraie, si spontanée. Cette femme, est décidément une grande écrivaine, l'une des écrivaines majeures de la littérature française, et du XXème siècle !
Malheureusement, "L'homme assis dans le couloir", ne m'a pas tout à fait plu. J'y ai certes, retrouvé, toutes ses qualités, mais il m'a fallu beaucoup de temps, pour que j'ai l'impression, que Duras, se mette à avoir une écriture sensible. le début est un peu brutal, mal préparé, on entre tout de suite dans l'histoire, et c'est un peu trop rapide. Pour que l'histoire prenne tout son sens, pour que l'écriture devienne délicate, pour que les personnages deviennent intéressants, il faut attendre quelques pages.
Heureusement, après les prémisses, Marguerite Duras, ne nous fait plus attendre : on entre vite dans l'histoire, simple, contée avec une plume suggestive, poétique, rêveuse, délicate, porteuse de sentiments, par dizaines.
Il est tout de même dommageable, surtout pour un livre si court, que les premières pages ne soit plus réussies.
Ceux qui aiment Marguerite Duras devrait néanmoins, trouver, dans cet ouvrage, ce qu'il sont venu, y chercher.
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Je comprends que Marguerite Duras dérange. Je comprends qu'on ne l'aime pas. Mais elle est incomparable. Pour nous offrir de ces textes grandioses et repoussant à la fois. Ici encore, elle attise notre attirance et notre répugnance. C'est cru, direct et ne laisse pas d'échappatoire. Dès le début, l'on devine la fin. de ce court récit. Très court. On plonge comme en apnée et on en ressort pas le même qu'avant la lecture. Comme à chaque fois avec Marguerite Duras.

Personnellement, j'adore.
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🌳 L'homme assis dans le couloir. La femme allongée a même le sol. Dans le jardin, un soleil aveuglant, la femme aux paupières closes, et l'homme à l'intérieur. Il voit tout et elle ne sait rien. Dehors, les arbres, le ciel, un cours d'eau, des champs infinis. Et cette immobilité, ce poids qui cloue au sol, cette robe en soie claire, qui fut plus claire auparavant, et qui rend la lumière de l'extérieur encore plus vive, encore plus forte. Les yeux sont toujours clos. L'homme se déplace, l'atmosphère est lourde, aucun des deux n'a prononcé une seule parole ; mais voilà le vert des yeux qui se mêle au vert de cette nature paisible, indifférente à la tension entre cet homme, debout, et cette femme, couchée encore.

🌳 Et la passion, l'appel du corps, le déchirement des sens. Cet amour est souffrance, ce désir est douleur. Il y a ces coups, cette petite mort imminente et omniprésente, le corps lâche, le corps ne répond plus, il s'abandonne, il donne aussi et il prend. L'instinct animal reprend le dessus, jusqu'à l'accalmie. L'apaisement.

🌳 L'homme assis dans le couloir est une courte nouvelle, que l'on découvre à mesure qu'on la lit puisque la quatrième de couverture est nue. Étrange nouvelle, une atmosphère pesante s'en dégage dès les premières lignes, un côté primitif s'en dégage, qui contraste avec le calme et la tranquillité du jardin dans lequel se trouvent les personnages. C'est peut-être cela la vie après tout, dompter ses inclinaisons sensibles pour faire corps avec la quiétude naturelle...

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J'ai cru comprendre, pour la petite histoire, que "L'homme assis dans le couloir" a été commencé en 1962 et que Marguerite Duras l'a édité sous anonymat avant de le publier en 1980 aux Editions de Minuit sous son propre nom. A cette époque, Marguerite Duras déclarera "Ce texte, je ne n'aurais pas pu l'écrire si je ne l'avais pas vécu.".

Ce roman très court est une histoire de passion sexuelle. Il commence par une relation violente puis se poursuit par un monologue où Marguerite Duras nous entraîne dans les profondeurs d'une espèce de folie animale. On retrouve des phrases courtes et simples et laisse place à l'imaginaire car tout n'est pas dit. Merveilleuse écriture !
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Le livre à peine ouvert, c'est le soleil qui nous tape sur la peau.

Nous voilà projeté au coeur de l'été. A ses heures les plus chaudes. Celles où le désir est censé être endormi. Etouffé par la chaleur extérieure.

Nous sommes dans une scène à deux personnages. Il y a un homme et une femme.
L'homme observe, assis dans le couloir, la femme qui se languit au soleil.

Elle, sait qu'il l'observe. Qu'il l'a regarde. Qu'il voit tout.

Alors elle joue. Se joue de lui. S'amuse de son corps pour faire naître le désir.
Elle, a envie de lui. de son corps. de son sexe.

-

« L'homme assis dans le couloir » raconte l'érotisme. La passion sexuelle et sa férocité.
Court mais dense, ce récit est vif, violent et poétique aussi.

Marguerite Duras a su trouver les mots justes. Ceux qui s'imbriquent à la perfection pour créer des phrases courtes. Celles qui se lisent avec une respiration particulière. Presque haletante.

P.S : L'auteure aurait déclaré concernant ce récit : « Ce texte, je n'aurais pas pu l'écrire si je ne l'avais pas vécu ». Intéressant !
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
L'homme aurait été assis dans l'ombre du couloir face à la porte ouverte sur le dehors.
Il regarde une femme qui est couchée à quelques mètres de lui sur un chemin de pierres. Autour d'eux il y a un jardin qui tombe dans une déclivité brutale sur une plaine de larges vallonnements sans arbres, des champs qui bordent un fleuve. On voit le passage jusqu'au fleuve. Après, très loin, et jusqu'à l'horizon, il y a un espace indécis, une immensité toujours brumeuse qui pourrait être celle de la mer. [...]

Devant eux, les larges vallonnements immuables qui donnent sur le fleuve. Des nuages arrivent, ils avancent ensemble, se suivent à une lenteur régulière. Ils vont dans la direction de l'embouchure du fleuve vers l'immensité indéfinie. Leurs ombres ternes sont légères, sur les champs, sur le fleuve.
De la maison de la plate-forme ne parvient aucun bruit. [...]

Le soleil aurait été sur lui jusqu'à la ceinture. Je vois sa forme dans le couloir, elle est dans l'ombre, sans presque de couleurs. Sa tête est tombée sur le dossier du fauteuil. Je vois qu'il est exténué d'amour et de désir, qu'il est d'une extraordinaire pâleur et que son coeur bat à la surface de tout son corps. Je vois qu'il tremble. Je vois ce qu'il ne regarde pas et qui cependant se devine et se voit face au couloir, ces vallonnements si beaux avant le fleuve et cette immensité mauve toujours noyée de brume qui devrait être celle de la mer. La nudité de la plaine, la direction de la pluie qui devrait être celle de la mer. Et cet amour si fort. Je le sais, de cet amour si fort. La mer est ce que je ne vois pas. Je sais qu'elle est là au-delà du visible de l'homme et de la femme.

Il l'aurait regardée arriver vers lui la revenante du chemin de pierres.[...]

Au-delà d'eux je vois encore que c'est un pays sans arbres, un pays du nord. Que la mer devrait être étale et chaude. C'est une chaleur claire aux eaux décolorées. Il n'y a plus de nuages au-dessus des vallonnements, mais il y a toujours ce brouillard lointain. C'est un pays qui fuit devant soi, qui ne laisse pas de le voir et le voir encore, un mouvement où ne jamais s'arrêter, ne jamais connaître la fin. [...]

Je vois que la couleur violette arrive, qu'elle atteint l'embouchure du fleuve, que le ciel s'est couvert, qu'il est arrêté dans sa lente course vers l'immensité. Je vois que d'autres gens regardent, d'autres femmes, que d'autres femmes maintenant mortes ont regardé de même se faire et se défaire les moussons d'été devant des fleuves bordés de rizières sombres, face à des embouchures vastes et profondes. Je vois que de la couleur violette arrive un orage d'été.

Je vois que l'homme pleure couché sur la femme. Je ne vois rien d'elle que l'immobilité. Je l'ignore, je ne sais rien, je ne sais pas si elle dort.
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Il aurait relevé la tête et aurait regardé vers le fleuve. Le soleil est fixe et fort. L'homme regarde sans voir avec une grande attention ce qui se présente à ses yeux. Il dit :
- Je t'aime. Toi.
Le pied aurait appuyé sur le corps.
Une durée grandit, elle a cette unité de l'immensité indéfinie. L'homme n'aurait pas ressenti la peur. Il regarde toujours sans voir ce qui se présente à ses yeux, l'éblouissement de la lumière, l'air qui tremble.
Elle est sous lui, attentive de toute sa force, dirait-on, à l'évènement en cours. Sans un geste, la bouche mordue à son bras arrêtée à la soie de sa robe, elle en percevrait la progression, la pression du pied sur le cœur. Les yeux auraient été de nouveau refermés sur la couleur verte entrevue. Sous le pied nu il y a la boue d'un marécage, un frémissement d'eau, sourd, lointain, continu. La forme est défaite, molle, comme cassée, d'une terrifiante inertie. Le pied appuie encore. Il s'enfonce, atteint la cage d'os, appuie encore.
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Elle n'aurait rien dit, elle n'aurait rien regardé. Face à l'homme assis dans le couloir sombre, sous ses paupières elle est enfermée. Au travers elle voit transparaître la lumière brouillée du ciel. Elle sait qu'il la regarde, qu'il voit tout. Elle le sait les yeux fermés comme je le sais moi, moi qui regarde. Il s'agit d'une certitude.
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Elle n’aurait rien dit, elle n’aurait rien regardé. Face à l’homme assis dans le couloir sombre, sous ses paupières elle est enfermée. Au travers elle voit transparaître la lumière brouillée du ciel. Elle sait qu’il la regarde, qu’il voit tout. Elle le sait les yeux fermés comme je le sais moi, moi qui regarde. Il s’agit d’une certitude.
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Je crois que les yeux fermés devaient être verts. Mais je m'arrête aux yeux. Et même si j'arrive à les retenir longtemps dans les miens ils ne me donnent pas le tout du visage. Le visage reste inconnu. Je vois le corps. p13
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