Ouh là, c'est du lourd !
J'en suis encore toute retournée.
Ceux qui me suivent savent que je fais en ce moment une cure de Marguerite Duras, en même temps que la lecture d'autres livres (il faut bien, boulimique de livres, ma PAL va bientôt s'écrouler, mais il y a tant de choses intéressantes à lire en moment !).
J'avais été un peu déçue par
Hiroshima mon amour, désorientée serait le terme le plus juste.
Là, point de tergiversation : c'est un livre exceptionnel.
Une histoire d'amour floue, étonnante, aberrante.
Tant par son fond que par sa forme.
Très étrange par ailleurs.
On retrouve les thèmes chers à
Duras ; la mer (mère), le crépuscule, soleil couchant qui ombre le café, l'alcoolisme,
l'amour naissant, la vacuité de la vie, les répétitions, l'enfance,
l'amour qu'Anne porte à son petit garçon (très touchant son désir qu'il grandisse vite...).
J'aurai bien vu ce livre plutôt au théâtre, avec ses répliques bizarres et comme décor le café et la maison d'Anne, bourgeoise qui s'ennuie ferme dans sa prison dorée. D'ailleurs, le chapitre pendant la réception où elle arrive en retard est criant de vérité. Elle n'est manifestement pas à sa place et pas heureuse.
Roman étrange donc, difficile à cerner.
Les dialogues sont décousus, chacun parle à l'autre sans véritablement l'écouter, ce qui donne à l'ensemble quelque chose de bizarre. Comme une étrangeté. Chacun suit son idée, et passe très souvent du coq à l'âne.
On ressent bien l'ennui, la vacuité de la vie d'Anne, par contre Chauvin a une obsession : épier et espionner Anne, ce qu'il lui avoue d'ailleurs rapidement. Mais finalement, Anne aussi a une obsession : le meurtre de la femme au début.
L'alcoolisme est omniprésent durant tout le roman, essentiellement du vin. En grande quantité, des le début de la rencontre.
Cela donne un roman comme je n'ai jamais lu, avec un style épuré, une distanciation évidente, des dialogues parfois absurdes, comme si
Duras n'était plus maître de son livre, mais que les personnages lui forçaient la main, comme si elle était totalement étrangère à son roman. Comme si elle s'etait mise de côté. Je comprends la perplexité des critiques de l'époque.
Elle dit sans dire, elle écrit sans écrire, elle déconstruit le roman, elle nous offre une lecture vide, et pleine à la fois.
Je peine à raconter ce que je ressens, mais cet ennui, cette vacuité sont bien réels pourtant.
Quelle prouesse ! Quelle originalité !
Sacrée Marguerite.
Elle m'épatera toujours.
PS : allez hop, maintenant, en route pour
le Ravissement de Lol V.Stein.