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sur 1393 notes
Ce matin encore je ne savais pas ce que c'était, que de lire Duras. J'ai eu une subite envie, une impulsion, comme un besoin vital sauf que c'est pas vital on le sait très bien.

Et là ce soir, je veux des magnolias partout sur ma terrasse, je veux des notes jouées au piano, je veux entendre la mer et qu'il ne se passe quasiment rien, que ce soit conjugué à tous les temps, qu'on me dise que je suis insolent et ce que peut bien vouloir dire modéré et chantant.

J'ai beaucoup aimé les phrases coupées, les non-sens, les relis-moi sinon tu continueras de ne rien comprendre, les blancs qu'on comble mais qui sont comblés plus tard par d'autres mots auxquels on ne peut pas, non, on ne peut pas avoir la prétention de remplacer.

Anyways, j'ai rencontré Duras, ça me fait l'effet d'un festivalier qui découvre quelque chose de manière ponctuelle et qui jurera dans les semaines suivantes qu'il n'existe rien au monde de plus déstabilisant que cette rencontre jusqu'à la suivante. Parce que c'est bien de ça qu'il s'agit n'est-ce pas ? d'une rencontre ?

Alors je laisse l'énergie de la première fois à qui veut la prendre mais je hurle tout de même le merci certain à qui se reconnaitra.

Booyah ! (et pétard minou si t'as jamais lu Duras j'te jure sur ma vie, c'est quelque chose).


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J'avais lu Moderato Cantabile au lycée. Souvent lorsque mon regard s'arrêtait sur ce livre dans ma bibliothèque me revenaient des émotions, des sensations: la sonate de Diabeli jouée par l'enfant, la sensualité des rencontres entre Anne Desbaredes et Chauvin et bien sûr les magnolias. le relire, j'hésitais il y a tant de livres à découvrir...

Aujourd'hui de viens de refermer pour la seconde fois ce roman et de nouveau je suis envoûtée.
L'écriture de Marguerite Duras est précise, incisive et musicale. Elle décrit avec minutie et réalisme les situations, les faits et les gestes.
Anne Desbaresdes jeune bourgeoise femme d'un dirigeant d'usine amène toutes les semaines son fils à sa leçon de piano sur le port. Alors qu'il joue sa sonate à l'extérieur un cri retentit. Anne s'approche de la scène et rencontre Chauvin jeune ouvrier qui lui apprend qu'un crime passionnel vient d'être commis. Jour après jour elle revient dans ce bar, boit du vin, échange avec Chauvin sur cette passion, la passion. le désir s'installe...
Marguerite Duras bouscule la chronologie, entremêle les vies, les souvenirs, le présent, les possibles. Elle ne nous donne aucune clé, au lecteur de construire son chemin, d'interpréter, d'imaginer ce qu'elle nous donne à voir. le texte installe la routine de ces rencontres. L'enfant joue sur le port, ils parlent, boivent, se désirent. Au fil du texte tout s'amplifie, l'addiction s'installe, à l'homme, au vin. Tous nos sens sont mobilisés. La sonate comme le bruit des vagues caressent nos oreilles. le vin rouge coule sur notre langue roule dans notre gorge. Notre peau frissonne au frôlement d'une main et bien sûr l'odeur des magnolias nous submerge. Jour après jour l'ivresse devient addictive, les retours à la villa du bord de mer de plus en plus longs, le désir de plus en plus intense.
Osera-t-elle au risque de tout perdre?

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Moderato Cantabile ou Maux des râteaux, quand t'as bilé !? Modéré & chantant !

Ici il s'agit d'un homme & d'une femme complètement étrangers l'un pour l'autre, qui se retrouvent tous les jours dans un café autour de verres de vin, qui parlent d'un autre couple, lui inventent une histoire, qu'ils voudraient peut-être la leur. Une rencontre qui se clôt par un simple baiser & des mains qui se frôlent.
C'est tout. Et c'est tragiquement beau !

L'important dans ce livre ce n'est pas tant ce qui arrive, mais que ça arrive !

Jamais déçue de Duras, qui dit sans dire, écrit sans écrire, tisse sans emmêler, fait sans défaire, déconstruit le roman & offre une lecture entre vide & trop plein. Des êtres paumés, en mal d'amour, en mal de vie, des silences, une atmosphère terriblement bien décrite des cafés, des hommes de quai, du crépuscule qui vient, qui révèle les âmes en peine, leurs souffrances, leurs failles. Avinés, forcément. Magnifique.

Je peine à raconter ce que je ressens, mais ce spleen, ce vague à l'âme, cette vacuité sont bien réels. Il y a dans son écriture tout l'invisible qui me traverse, elle dit ce qui se passe entre deux êtres, sans le dire, aucune rationalisation m'est possible.
Tous ses livres évoquent des rencontres fugaces, qui illuminent & creusent la solitude à la fois ! Duras raconte des fragments d'existence & sculpte les ombres. Duras c'est l'enfoncement sans fin.
Et moi, je ne me lasse jamais !

À lire en écoutant la Sonatine de Diabelli comme fond sonore.
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Maman est au bout du roul', elle va au bistrot, s'envoie des godets à la vitesse de la lumière en tentant en vain de maintenir un air de pas y toucher et a très envie de se faire tringler.
Bon j'exagère un peu, mais même si c'était le cas, et alors? J'ai aimé, Marguerite écrit bien sur la déchéance de cette femme dans les années 50 qui n'en est pas moins touchante.
Ce qui me dérange, c'est la même chose qui m'avait dérangé dans l'Amant de la Chine du Nord, on dirait qu'il faut toujours que Marguerite Duras nous vende une histoire d'amour, d'une histoire qui n'en est pas , ça ne laisse pas de place au doute.
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Le summum de la masturbation intellectuelle !
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Superbe livre de Marguerite Duras, où tout est basé sur les non-dit. Rien est dit, tout est senti et j'en suis ressortie pleine de d'impressions.

L'histoire n'est pas importante, c'est l'impression qui en ressort une fois le livre fermé qui frappe.

Les thèmes abordés: la rencontre, l'attente, l'alcoolismet, la mort, la passion.
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Ce roman ne date certes pas de la dernière pluie puisqu'il a été publié en 1958 mais je viens de le relire pour les besoins du travail et, stupeur, il a conservé toute la fraîcheur d'une pluie d'été justement. Comme toujours avec Duras qui ne rate jamais son affaire, je suis encore sous le charme, subjuguée par le je-ne-sais-quoi des romans de Marguerite Duras.

Moderato Cantabile c'est l'histoire d'une sonatine de Diabelli encore et encore répétée, de la sirène hurlante de l'arsenal, d'une villa au bord de la mer, d'un arsenal, d'un café, d'une fleur de magnolia qui n'en finit pas de fleurir puis de faner, d'un cri de femme, du rose de journées finissantes, du rouge du crépuscule, du vin qui empoisonne, du sang d'un crime passionnel et du tricot d'une patronne de café, ,... toujours les mêmes comme une obsession lancinante qu'il s'agit pourtant de faire aboutir.

Entre Anne Desbaresde, l'épouse oisive du directeur d'Import-Export et des Fonderies de la Côte et Chauvin ancien ouvrier des Fonderies, il y a un monde et pourtant : (cf citation)



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J'ai le sentiment d'avoir rencontré une amie.
Une femme que j'avais toujours respectueusement tenue à distance pour une raison qui aujourd'hui m'échappe mais qui avait certainement à voir avec la peur. La peur d'être submergée. Envahie. Dépassée. Bête.
Marguerite Duras était devenue un totem devant lequel jamais je ne brûlerai d'encens ni ne cracherai. Un totem que j'aurais pu continuer à cacher au fond d'une chambre, dans une boîte si bien dissimulée que j'aurais fini par en oublier la localisation. Bref, j'étais bien partie pour laisser Madame Duras là où elle était depuis 1996 et continuer mon petit bonhomme de chemin littéraire en prenant bien soin de ne pas la croiser.

Mais. Mais. Alignement des planètes, hasards ou signes quelconques, Marguerite Duras n'a cessé de sa manifester à moi ces derniers jours. Un article par-ci, une émission par-là, un roman mis en valeur dans une librairie, un autre négligemment oublié sur un banc… Je n'avais plus le choix, il fallait que je m'y mette. J'ai commencé par écouter La Compagnie des auteurs (France Culture) pour apprivoiser le personnage et désherber un peu le pré carré, j'ai revu quelques scènes mythiques de ses films puis, cessant de reculer pour mieux sauter, je me suis attelée à Moderato Cantabile.
Pour mon plus grand bonheur, est-il bien nécessaire de le préciser ?

Je referme donc ce petit roman quelques heures après l'avoir ouvert pour la première fois, avec l'immense joie d'avoir rencontré une amie. Une femme dont la vie me parle infiniment, dont les tourments me parlent, dont les mots et la poésie me parlent. Avec une puissance inattendue. Magique. Une femme brillante, pleine de contradictions, à la parole forte, tendue, sur le fil. Une femme que j'ai l'impression de comprendre ou tout du moins dont les mots résonnent en moi avec force et passion.

Moderato Cantabile pose la question du poids que pèse le destin des autres sur ceux qui en sont témoins. Pourquoi le cri soudain d'une inconnue et la vue de son corps en sang ont-ils troublé si fort Anne Desbaresdes, une riche jeune femme esseulée, exclue, uniquement attachée à son petit garçon ? Pourquoi ne cesse-t-elle de retourner dans ce bar, sur le port, celui qui vit la femme s'écrouler d'une balle dans le coeur ? Pourquoi interroge-t-elle Chauvin, cet inconnu, également témoin du meurtre ? Et pourquoi se met-elle à enchaîner les verres de vin ? Réels désirs d'ivresse ou « simples » prétextes ?

Chaque jour donc, elle revient sur le lieu du crime. S'accoude au comptoir, retrouve Chauvin qui la guide vers une table de son choix, et parle. de plus en plus longtemps, de plus en plus longuement. Dehors, son petit garçon joue sous le soleil couchant. Un jour, il ne sera plus là.

Que cherche-t-elle ? L'amour ? La mort des mains de celui qu'elle désire et qui la désire ?

Un immense scandale enfle entre Anne et Chauvin, un scandale qui, sous les mots de Duras, ne peut se résoudre que dans le silence de leurs mains qui se joignent une seconde durant. Adieu. Tout est dit.

Comment se fait-il qu'un si court récit nous retienne si longuement ? (Non qu'il nous donne l'impression de n'en plus finir : c'est nous qui ne parvenons pas à en finir avec lui).

Comment parvient-il, alors qu'il ne cesse de se tenir à la superficie des êtres, à aller si profond ? Moderato Cantabile est un livre rare, dans lequel « chaque élément nous happe au monde des idées » (Claude Delmont, 1958). L'atmosphère est certes pesante, la personne humaine n'est personne (elle n'a ni histoire, ni destin) mais elle souffre, la lecture est exigeante et ne flatte ni notre paresse ni nos goûts. Mais Moderato Cantabile se mérite.

Chaque page est plus limpide que la précédente. le récit ne donne à voir aucune obscurité (si ce n'est celle qui se loge dans le coeur des personnages), l'écriture est d'une discrétion rare, et il est impossible d'en concevoir des moyens plus stricts et plus rigoureux. Mais cette clarté dure et nue est chargée de foudre et emporte le lecteur dans un labyrinthe sans issue. Marguerite Duras dit tout en ne disant rien. Elle impose en éludant. Tout est narré en creux mais s'engouffre et éclate dans notre coeur, comme une évidence. « Et comme la tranchante lumière laisse dans l'oeil une trace de feu, Marguerite Duras laisse dans l'esprit une sourde trainée de phosphore, qui brûle » (Dominique Aury, 1958).

Et malgré cet infini dépouillement et cette volontaire sécheresse dans l'expression, jamais l'émotion ne se trouve atténuée. Elle domine et ne cesse de frapper aux portes de l'esprit. Si le mot joue son rôle strict (celui de faire constater l'existence), le langage conserve toute sa beauté, toute sa magie aussi. Il est simplement départi de ce que l'on pourrait qualifier de confiance en lui.

Marguerite Duras referme Moderato Cantabile sur ses secrets et c'est tant mieux. Elle nous laisse là, sur le bord de la route, un peu paumés. Et si quelque irritation nous visite, c'est là toute la maitrise de l'écrivaine. Une maitrise qui ne peut aboutir que dans l'inaccomplissement.

De cette épure naît l'art. Il attire sur lui toute la lumière.
Comme il est beau de savoir faire parler le silence !


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Malgré le fait que Duras soit considérée comme une de nos "grandes auteures", j'ai toujours eu beaucoup de mal à m'adapter à son style et à plonger dans son univers. le fait même de vouloir faire un "non - roman" me dérange dans la mesure où les personnages ne sont en aucun décrits, aucune émotion n'est mentionnée, il n'y a pas vraiment de trame narrative ni d'intrigue et le récit est fait au présent. J'ai donc eu une nouvelle fois beaucoup de difficulté à lire ce roman que j"ai trouvé pour ma part, ennuyeux au plus au point et les dialogues me paraissaient presque incompréhensibles à certains moments. Après avoir lu Moderato Cantabile, La douleur et L'amant, je m'obstine, encore et toujours, persuadée que parmi les différentes oeuvres de Duras, je trouverai certainement chaussure à mon pied.
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Titre superbe, plein de promesses et résultat surprenant… Une femme, bourgeoise établie, ayant un enfant dont elle dit souvent qu'elle a l'impression de l'avoir inventé, voit son quotidien mélancolique bouleversé. Une tragédie a eu lieu tout près de l'appartement du professeur de piano de son fils : une femme gît à terre apparemment terrassée sous les coups de son ancien amant. Qu'est-ce qui a motivé ce crime ? Nous ne serons livrés qu'aux conjectures flottantes des deux personnages principaux Anne Desbarèdes et l'homme qu'elle côtoie durant quelques jours dans le même café, Chauvin. de discussions anodines en verres de vin partagés distraitement, une intimité confuse se crée entre eux deux jusqu'au point de rupture, net, tranchant, laissant les deux personnages à leur insupportable solitude. Attention aux lecteurs refroidis par la vague des romanciers du Nouveau Roman, vous risquez de vous sentir perdus (voire agacés) par cette expérience romanesque, n'hésitez pas revenir sur vos pas et à relire un peu en amont car certains indices ténus rôdent mystérieusement enlacés dans la trame narrative.
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