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sur 1394 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Anne Desbaresdes est la jeune épouse du directeur des Fonderies de cette ville côtière. Pendant la leçon de piano de son petit garçon, elle entend un cri, celui d'une femme mourant dans une dernière étreinte de son amant.

Anne est fascinée par ce crime passionnel.
Au point de retourner sur les lieux du drame, de réécrire inlassablement cette histoire avec un jeune ouvrier.
Au point de s'y noyer, jour après jour, le vin aidant.
Au point de s'identifier avec lui à ce couple.

'Moderato Cantabile' est un des livres fétiches de mes seize ans, je l'ai lu et relu.
Je la trouvais tellement classe, cette femme douce et paumée qui sort timidement de sa cage dorée et se met en danger. Tellement scandaleuse, cette épouse de patron qui s'enivre avec un ouvrier, attendant qu'il la brusque avec des mots.
Se perdre dans l'alcool et parler de passion dévastatrice avec un inconnu, ignorer le regard des autres et les convenances, frôler l'adultère... So chic !

Mais j'ai grandi et mûri, je vois l'alcoolisme différemment, non plus comme de l'élégance, de l'esthétisme, mais comme un symptôme. Cette jeune mère souffre, en effet : immature, fragile, effacée, étouffant d'ennui et perdue dans un milieu social qui ne lui convient pas.

Quoi qu'il en soit, trente ans plus tard, j'ai replongé dans ce texte avec le même plaisir et le même émerveillement que les premières fois.
De bien jolies choses malgré tout ce désespoir : la plume délicieuse, le nom de cette femme, sa douceur, sa réserve, sa "main dans le désordre blond de ses cheveux", la fleur de magnolia entre ses seins. Sa façon d'aimer son enfant, avec passion et désinvolture. Sa sensualité d'autant plus éclatante qu'elle n'est pas calculée, le désir qu'elle fait naître chez cet homme. Le trouble croissant entre eux, les errances nocturnes de l'homme devant son jardin, sous ses fenêtres, le parfum entêtant des magnolias... Et puis l'innocence, le pragmatisme et la sagesse, à travers la présence d'un enfant.

Somptueux. ♥
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Oh la claque ! Encore et toujours Duras. J'adore. Pas étonnée quand Dominique Aury écrit en 1958 « Marguerite Duras laisse dans l'esprit une sourde traînée de phosphore, qui brûle. » Il y a de la soumission dans ce roman, une chienne qui n'entre pas chez son Maître tant qu'il ne le lui a pas permis, qui va jusqu'à lui demander l'impensable et qui le réalisera, lui par amour, à la différence de ce pleutre de Sir Stephen. Mais j'y ai vu aussi du Boulgakov par cet enivrement des sens, comme si le chat -ici sous forme de vin rouge- entraîne Anne dans des tourments qu'elle ne comprend pas toujours, une part diabolique d'elle qu'elle n'avait pas encore entrevue. Et c'est érotique, tant cette fleur qui touche ses seins, la rondeur de cette poitrine dévoilée certains soirs, comme il aurait aimé y plonger, se frotter pour mieux sentir, éprouver. Et cette sensualité dans les jeux de main, ces frôlements, à regret. Chauvin, Gauvain, un autre parallèle qui me vient. Duras laisse le lecteur trouver sens à ce texte si minimaliste. J'y vois tellement, j'en suis encore sous le choc. Évidemment ce ne sont que des sensations, pas forcément justes du reste, mais ce texte est un sacré vibrato. Certainement pas moderato cantabile.
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Une ambiance surréaliste dans un décor très précis
un enfant qui apprend le piano à contrecoeur
une femme assassinée dans un café
la mère de l'enfant, étrange, étrangère à sa vie, désorientée
un homme mystérieux
Un texte tout en poésie.
C'est beau, c'est très beau.
C'est troublant et envoûtant
C'est comme une chanson triste, comme une longue plainte
Paradoxe d'un texte écrit d'une manière froide et détachée d'où émergent émotion et sensibilité.
Musical comme la sonatine de Diabelli, je relirai ce livre avec déléctation
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"Moderato cantabile", prouve qu'avec une matière extrêmement faible, une intrigue très légère, peu de tension psychologique, mais un style magique et des personnages attachants, l'on peut faire un grand livre.
Le style de Marguerite Duras, peut tout exprimer : la beauté des paysages, la fraîcheur d'un enfant, les relations entre les êtres.
Les actes, banals, en apparence, s'avèrent pourtant passionnants. Marguerite Duras est une magicienne : par ces mots, si beaux, par ces descriptions, si vivaces, si belles, si vivantes, par ces descriptions qui enflamment l'imagination, par ces termes où tout est dit sans qu'on l'on ne comprenne pourquoi, elle métamorphose sa matière première, faible, si faible, en un roman magique et merveilleux.
On s'attache vite aux personnages de "Moderato cantabile". Marguerite Duras y met en scène des personnages qu'on aime, car ils sont simples, faillibles sans l'être trop, très humains, en fait.
Marguerite Duras a une écriture qui transfigure les scènes les plus banales. C'est probablement la qualité que l'on voit plus, dans "Moderato cantabile". Les scènes et les paysages accèdent au statut de rêve, sans cesser, pourtant, d'être, si ce n'est réels, du moins, vraisemblables, aurait peut-être dit Flaubert en lisant "Moderato cantabile" ( ou peut-être pas ).
Marguerite Duras nous livre ici un roman très différent de "L'amant", le premier livre que j'ai lu de cette auteure, mais non moins intéressant et passionnant.
Marguerite Duras est décidément une grande écrivaine.
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En lisant quelques critiques et articles, ici et là, j'en suis arrivée à la conclusion que Marguerite Duras, avec ce magnifique roman qu'est Moderato Cantabile, nous a tous laissés bien perplexes. Pourquoi?

On peut s'attacher aux personnages, à cette femme désespérée qui ne semble plus vibrer que pour son enfant, dans un enfantement sans fin qui la fait terriblement souffrir, peut-être parce que justement, elle sait qu'il n'est pas sans fin. On peut détester cette vieille prof de piano qui a oublié son enfance au pays de la rigueur sévère et de l'opiniâtreté maladive. Qui donne des coups sur le clavier du piano d'un enfant, en répétant "moderato cantabile" comme un perroquet, à tel point que ce n'est plus chantant du tout. On peut avoir beaucoup de sympathie pour cet homme qui attend une femme malheureuse dans un même bar, sans la juger, sans lui faire sentir que parce qu'elle est la femme du chef, elle est exclue de ce monde des ouvriers qui viennent dans ce même bar, tous les soirs, après le travail.

Et bien sûr, il y a cet enfant, que les gammes n'intéressent pas, mais qui ferait n'importe quoi pour faire plaisir à sa mère. Et s'il n'aime pas les gammes et qu'il fait exprès d'oublier ce que veut dire "moderato cantabile", peut-être que c'est parce qu'il voit que la musique est le seul moyen que sa mère a trouvé pour tenter une forme de séparation.

Mais le problème est qu'il n'y a pas que les personnages. Il y a les signes. La mer, le bateau, la lumière. Il y aussi un meurtre, que personne ne voit mais que tout le monde entend. Un crime passionnel qui fascine Anne et Chauvin tant ils aimeraient eux aussi mourir de passion. Alors il va falloir remplir le manque d'images par les mots. Et se raconter une histoire. Il y a aussi le vin, l'odeur des magnolias, une grande maison vide. Davantage de signes que de personnages, pour sûr.

Ainsi en ressort cette impression de vide et d'irréel. le roman est court et épuré, et il parait tellement long, non pas parce qu'il est mauvais, mais parce qu'il fonctionne comme un appel d'air, il nous happe par la présence de l'absence. Et on ne saura pas la fin, comme dans le Square, mais on aura cette certitude, il y a eu une rencontre, et il y a eu du langage.

Paradoxalement, parler est peut-être ce qui reste de mieux à faire pour tenter (peut-être en vain on ne sait pas) de lutter contre, justement, un manque à dire. Et si on ne sait jamais comment ça finit vraiment chez Duras, c'est peut-être parce que la parole n'est jamais vraiment certaine ou acquise, mais elle a le mérite d'exister, et de donner de jolies choses.

Marguerite Duras est pour moi la plus belle poète de l'inaccomplissement.

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Mon avis : Dans Moderato Cantabile, il n'y a rien et pourtant il y a tout. Si vous aimez les livres avec beaucoup d'action, fuyez, sinon, lisez et savourez !
Anne Desbarèdes, une jeune femme riche, accompagne son petit garçon à ses leçons de piano ; elle mène une vie bien rangée, routinière. Un jour, elle entend un cri, une femme est assassinée ; et Anne ressent le besoin de comprendre. Elle va faire la rencontre de Chauvin, témoin de la scène.
Qu'est-ce qui va pousser Anne à retourner chaque jour dans ce café pour retrouver Chauvin ? Quelle est cette attirance qu'elle éprouve pour lui ?
Je ne reviendrais pas sur la plume de Marguerite Duras, c'est bref, minimaliste et tout en non-dits, juste suggéré. Certes pas d'action, mais un véritable panel d'émotions. Un évènement qui chamboule la vie d'une femme, sans qu'elle même comprenne vraiment ce qui lui arrive. Comme un signal de départ, elle va irrésistiblement retourner dans ce café pour rejoindre cet homme , comme une parenthèse dans sa vie, pour comprendre comment un homme peut tuer par amour ? Pour fuir l'ennui d'une vie bourgeoise étriquée ?
Un très court roman sur un instant de vie, un moment d'égarement…

À lire avec un verre de vin, un peu de glace au moka (p. 111) en écoutant un air de piano.

Instagram : @la_cath_a_strophes
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Elle écrit. Elle écrit et je suis sous le charme. Elle a écrit Moderato cantabile et j'ai lu sans reprendre haleine. Et j'ai relu. Au fil du temps, j'ai relu. Et j'ai aimé. Chaque fois davantage.
Une petite ville de province. Une jeune bourgeoise trompe son ennui en mettant son enfant au centre de sa vie. Un meurtre peut-être. Et la monotonie des jours cède lorsqu'elle, Anne, entre dans ce bar. Lorsqu'elle, Anne, croise cet homme si loin de son milieu. L'adultère se dessine. L'enfant disparaît. Et la mise au ban de la femme adultère ne saura tarder.
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« Madame Bovary réécrite par Bela Bartok », c'est ainsi que Claude Roy résumait, dans un article de Libération, "Moderato Cantabile" lors de sa parution en 1958, avant d'ajouter qu'« il s'agissait avant tout, d'un roman de Marguerite Duras (qui ne ressemble finalement à personne) et de son meilleur livre ». J'aime bien la formule facétieuse de Claude Roy mais pour ma part, ce roman m'évoque davantage les tableaux d'Edward Hopper et tout particulièrement le tableau "Nighthawks", peint en 1942, où l'on voit, depuis la rue plongée dans l'obscurité de la nuit, l'intérieur illuminé d'un bar, où un homme et une femme sont accoudés au comptoir, regardant devant eux, silencieux, comme si les paroles qu'ils s'étaient échangées les ramenaient tous deux dans un autre temps ou dans un autre lieu, ailleurs.

La rencontre d'Anne Desbaresdes, la femme de directeur, et de Chauvin, l'ouvrier, dans ce café au bout de la ville où un homme a tué la veille sa maîtresse pour des raisons qu'ils vont tenter tous les deux de comprendre – et peut-être de partager –, tandis que le fils d'Anne joue seul à l'extérieur du café, cette rencontre me fait penser à l'atmosphère à la fois familière et inquiétante, et finalement tellement humaine de ce tableau de Hopper (et de bien d'autres tableaux de ce peintre). Les mots de Duras comme les silhouettes et les taches de couleur de Hopper savent si bien faire parler les silences.

Je ne saurais dire mieux que Dominique Aury, à propos de ce roman : «Modéré et chantant, peut-être, mais Moderato Cantabile est moins fait de musique et de mélodie que de lumière silencieuse, perçante et brusque comme la lumière des phares tournants; et comme la tranchante lumière laisse dans l'oeil une trace de feu, Marguerite Duras laisse dans l'esprit une sourde traînée de phosphore, qui brûle. »
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Pour comprendre la genèse de ce roman, qui amorce un virage dans l'écriture durasienne, on saura que la dédicace en revint à Gérard Jarlot, dont s'était éprise Marguerite Duras, décrit comme « quelqu'un qui aimait vraiment l'alcool, qui buvait chaque jour ».il sera fort utile de se rappeler ceci : « C'était un amour violent, très érotique, plus fort que moi, pour la première fois. J'ai même eu envie de me tuer, et ça a changé ma façon même de faire de la littérature : la femme de Moderato Cantabile et celle de Hiroshima mon amour, c'était moi ».
Pour Duras l'alcool est à petite dose un puissant moteur d'écriture. On sait quel fut son parcours de femme et d'écrivain malheureusement imprégné d'alcool. Il n'est donc pas étonnant que ce roman parle de l'enivrement d'une femme désoeuvrée de la Bourgeoisie, qui va trouver dans un petit bistrot le prétexte et l'occasion de fuir sa vie qui l'étouffe, en cherchant à comprendre les motifs qui ont poussé le meurtrier à étrangler sa maîtresse, dont elle a entendu le dernier cri quand elle accompagnait son jeune fils à sa leçon de piano.
En partageant son ivresse et ses paroles avinées avec un ouvrier qui l'incite lui aussi à boire, nous sommes ballotés sur une mer de mots eux-mêmes déstructurés et labiles, ou la syntaxe parfois est bancale, temps verbaux et vocabulaire extrêmement travaillés pour donner l'illusion d'une perte d'équilibre et de maîtrise. Cette sensation de nausée et d'ahurissement éprouvée autant par le lecteur que par les protagonistes ne quittera le roman que jusqu'au dernier mot de l'excipit.

Moderato Cantabile est une chanson d'ivrognes qui se bercent à demi mots et sans se presser d'illusions à coup de vin en sachant parfaitement qu'aucune relation sexuelle ne comblera ce vide chantant . le compositeur Diabelli dans son onomastique incarne le Diable-tentation qui joue les angelots avec l'enfant (qui seul représente le bon sens et la mesure - même s'il ne joue pas en mesure parfaitement. La « modération » n'est pas le propre des deux adultes, en particulier de la mère qui ne peut réaliser son désir d'adultère et se fera ainsi remarquer lors d'un dîner par ses propres invités, avinée complètement et incapable de manger une miette. Sur le plan symbolique ou métaphorique, on remarquera qu'elle ne cessera de triturer son camélia blanc (fleur aussi très à la mode pour signifier une appartenance à la bourgeoisie parisienne dont Duras se moque tout au long du repas avec les plats traditionnels sophistiqués de l'époque, notamment le canard à l'orange) qu'elle a piqué au dessus de ses seins, cette fleur qui représente son intimité de femme désirante mais se privant de cette réalisation de plaisir avec son inconnu. de fait la fleur entêtante tout au long du repas se fane et se déchirera au contact de ses mains, pour assouvir et symboliser une passion désirée - non aboutie.

L'homme Chauvin resté cette même nuit dans le jardin de Madame Desbaresdes, pour l'observer, ne la verra pas le rejoindre. Au contraire, elle vomira, au pied du lit de son fil, son vin accumulé durant toute la soirée, signe que la consommation de la chair est impossible. Image hautement symbolique, le vin restitué est celui d'un sacrifice sur l'autel (tapis de l'enfant) de la chasteté, émanant d'une âme corrompue qui a failli et s'est repentie. Elle s'interdit ainsi toute étreinte.

Les dernières lignes offrent des mains qui se referment sur elles-mêmes, Madame Desbaresdes ne souhaitant peut être qu'une chose, de ne plus exister, à l'image de la femme morte par amour, ou qu'elle s'imagine être morte de plaisir en mourant. Souhaite-t-elle être étranglée par Chauvin ? Oui et non. Ces deux-lá vont ils se revoir ? On ne sait pas. La fin se clôt comme elle a commencé, presque en chantonnant et d'une manière très modérée - la vie est ailleurs, sans doute comme l'amour, la Musique demeure un fil d'Ariane sinueux et labyrinthique.

Bref, Marguerite Duras ne donne aucune piste, laisse la voie ouverte, la voix aussi, ce qui offre au lecteur toutes les possibilités d'interprétation.

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Moderato Cantabile. La sonatine de Diabelli. La petite musique chantante et modérée...
Duras trace une ligne crépusculaire à travers une ville portuaire.Elle incise la toile.
Tout paraît calme. La ville tourne ses pages une à une.
Une femme traverse la ville, un enfant à la main.
Elle répète sa vie, comme son enfant répète ce morceau de musique, docilement, invariablement, obstinément.
La femme sourit «  comme un enfantement sans fin ».
Elle boit, verre après verre, elle vide et se remplit, calmement, invariablement, silencieusement.
Rien ne semble pouvoir ni vouloir ôter la main froide et lourde plaquée sur la bouche de cette ville, posée face à la mer.
Sans raison, les hommes perpétuent, sans raison ils traversent la ville.
Un crime, le cri d'un crime passionnel déchire le silence.
La femme retient le cri, la femme recompose, elle veut comprendre la raison de ce cri, la raison de cet amour, la raison de cette tragédie : aimer- le désirer à en mourir.
La musique ne chante plus, elle hurle, la musique ne se modère plus, elle se libère, et brise le miroir qui prétendait refléter le ciel.
Le femme rencontre l'homme qui a, lui aussi, saisit ce cri. Il sait. Il sait le cri. Il sait le désir de la femme, sa douleur, son attente.
Il sait qu'elle veut comprendre, vivre pour comprendre.
Lui a depuis longtemps tout compris.
Quelques jours, quelque nuit, elle va saisir tout le silence qui recouvre la ville.
La ville s'absente, les lieux se resserrent.
La ville contient les hommes et pèse de tout son poids sur leur vie.
Le rythme marque le temps, les pas se décomptent sur les quais.
Sans sans raison les hommes restent en ville.
Alors le choix, le choix s'impose et réclame.
La femme doit choisir : accepter son désir et le vivre jusqu'à en mourir, puisque tel est la nature de ce désir, ou refuser ce désir et accepter de ne jamais vivre.
Choix possible pour l'homme. Impossible pour la femme.
Et c'est lorsqu'elle réalise non pas cette incapacité mais cette impossibilité qu'elle se voit mourir.
Et c'est là que ce situe le crime, le cri du crime et la tragédie. Hors champ. Dans ce lieu où rien n'est écrit mais où tout peut être dit.
C'est ça l'écriture de Duras la possibilité qu'elle offre d'entendre la musique. le combat qu'elle mène pour libérer l 'espace. Tout est en place, apparemment, rien n'est imposé, évidement.
Le rythme de la sonatine égrène les heures, tic tac incessant, la mer va et vient, ressac constant.
Les hommes répètent le chant ,modérément, comme l'air d'une berceuse qu'une mère fredonnerait en tenant son enfant qu'elle sait déjà mort, dans ses bras.
La petite musique de Marguerite n'est qu'un hurlement déchirant. Et que pourrait- on écrire après ce cri ?

Astrid SHRIQUI GARAIN
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