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sur 1393 notes
N°1842 – Février 2024.

Moderato cantabileMarguerite Duras – Les éditions de Minuit.

« Moderato cantabile » (Chantant et modéré), c'est l'annotation musicale qui figure sur la partition que le jeune fils d'Anne Desbaresdes travaille pendant les cours privés de piano que lui dispense Mlle Giraud. L'enfant, malgré son grand talent s'obstine à ne pas comprendre le sens de cette note parce qu'il n'aime pas jouer. Il est toujours accompagné par sa mère, l'épouse du directeur des « Fonderies de la Côte » qu'on aperçoit dans ce quartier du port. Elle mène une vie bourgeoise et désoeuvrée dans un secteur résidentiel à l'autre bout de la ville et vient à pied. L'appartement de Mlle Giraud est situé dans un immeuble au bas duquel il y a un café fréquenté par les ouvriers et les marins. Il fait beau et les fenêtres sont ouvertes. Lors d'une séance on entend un cri venant de l'estaminet, une femme vient d'y être assassinée et l'homme, son amant, qui l'a tuée est allongé sur elle. Il est embarqué par la police. le lendemain Anne revient dans ce café après le cours et y rencontre un inconnu, Chauvin, qui la connaît ainsi que la maison où elle vit. Ils parlent du crime et l'inconnu prétend savoir la raison qui a déterminé la victime à demander à son assassin de la tuer. Apparemment cela intéresse Anne qui reviendra souvent rencontrer Chauvin avec qui elle se met à boire. Je m'attendais à une intrigue policière qui, sous la plume d'un grand écrivain, n'aurait pas manqué d'intérêt, mais ça s'arrête là.
Plus ils se rencontrent, plus Chauvin tient à Anne des propos personnels voire intimes sur sa maison, ses souvenirs, sa vie. On comprend qu'il a été ouvrier aux Fonderies et peut-être davantage. Il se rapproche d'elle, elle rentre de plus en plus tard chez elle sans que son mari, bizarrement absent, ne s'en offusque. Un soir où elle doit donner une réception chez elle, elle y arrive en retard et complètement ivre. le lendemain elle retrouve Chauvin et apparemment choisit, malgré son appréhension, de quitter sa vie facile, de partir avec lui , simple passade ou décision définitive ? Cette toquade me paraît vouée à l'échec.
J'avoue avoir été un peu frustré par cette lecture, non que le style en soit désagréable bien au contraire, les phrases sont d'une lecture facile, mais je m'attendais à autre chose, une intrigue policière ou un roman psychologique autour de cette relation adultère... Il y a certes cette addiction de Duras à alcool qui peut favoriser l'inspiration mais peut être aussi la marque d'une certaine désespérance face à la vie, cette angoisse de la mort qui la hante depuis le décès de son père trahit peut-être une obsession plus intime, la solitude des personnages… Je ne vois rien là de chantant et de modéré.
Je connais mal le mouvement du «nouveau roman » dont a fait partie Marguerite Duras. Ce court texte en est sûrement une illustration.
Je souhaite noter ici une impression souvent suscitée par la lecture des romans de Duras. J'aime beaucoup l'ambiance qui se dégage des tableaux d'Edward Hopper et je la retrouve souvent sous sa plume. C'est au moins une compensation.
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Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant saoulée (pas littéralement, entendons nous bien !) en lisant un livre ! 😩
L'histoire ? Pour ainsi dire, il n'y en a pas.
Les personnages ? Inintéressants, inattachables.
🤕
L'écriture ? Imaginez: vous êtes sur un escalator, distrait, tout à coup l'escalator laisse place au sol immobile et là votre pied accroche manquant de vous faire tomber, l'espace d'une fraction de seconde vous ne comprenez pas, puis vous devez seul vous redresser tant bien que mal. Eh bien, c'est l'effet que j'ai eu quasiment à chaque phrase !
Alors ok, le personnage principal, une jeune femme grande bourgeoise et maman d'un adorable petit garçon (qui est le seul pour lequel j'ai eu de la sympathie) est peut-être malheureuse ou en train de mourir d'ennui dans sa vie. C'était un autre temps (les années 1950).
Mais purin d'verbe! Bouge-toi le c*** ou va consulter un psy pour t'aider à surmonter tes soucis !
Les personnages sont pitoyables et je n'ai rien su en faire.
Chaque jours ils boivent en se posant la même question dont ils n'ont pas la réponse, en même temps, qui a jamais trouvé une réponse dans des verres de vin en compagnie de personnes incapables de penser ! 🤷
🥱
À vous d'voir: si vous avez envie de vous souler au vin rouge tous les jours avec les deux personnages principaux, grand bien vous fasse !
🍷🍷🍷🍷🍷🍷🍷😵‍💫
Alors il paraît que c'est une approche de l'écriture et du roman importante, nouvelle en son temps (les années 1950), et d'autres adjectifs savants...
D'accord, c'est bien d'avoir tenté une autre voie littéraire, c'est sans doute intéressant dans l'histoire de la littérature, mais dans mon histoire personnelle de la lecture, ce récit ne restera pas dans ma bibliothèque.
😁Viiite ! Une boîte à livres pour le refourguer à un autre !
(Quoi? J'ai abusé des émojis? Ben, oui, fallait bien que je trouve le moyen de m'amuser avec ce livre!)
Lien : https://www.gabrielle-dubois..
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Duras, bonjour,

Ainsi débute notre première rencontre, entre les pages d'un Moderato Cantabile dont le titre constitue en effet le rythme du court récit que tu nous offres.

On a eu beau te jeter les pierres pour ces personnages de surface, dénué de toute contenance, apparement ennuyeux, et jamais attachants ; je pense au contraire qu'ils sont pleins de tout, et que ceux qui s'arrêtent à la première ligne de lecture ont perdu la saveur que tu voulais nous faire découvrir, telle celle du soleil couchant, fauve, sur la parois de ce café, qui dessine ces "deux ombres conjuguées."

Tu es un des morceaux de puzzle qui ont participé à la construction d'un Nouveau Roman, et je dois dire que ton rôle a été capital. Ton écriture est celle du tout explorer en n'exposant rien. Faire exploser les sens et les émotions dans une phrase simple, dans un rythme syncopé, dans un manque de détail qui constitue l'essence de cette nouveauté littéraire.

Modéré et chantant, voilà le fil musical (si j'ose dire) de ce récit où se mêlent deux strates d' histoires d'amour qui n'en forme qu'une. le moderato serait cette houle, ce ressac de la mer qui parcourt le Boulevard, les usines au fond, là-bas, qui déchargent leurs hommes le soir venu, et c'est cette patronne du café au bout de la rue, qui participe de l'alarme tonitruante, l'angoisse, le déclencheur du mystère des corps et des coeurs.

Le chantant c'est l'encens des magnolias, perdu ensuite sur le col d'une robe, méprisé ; c'est le dialogue entre Chauvin et Anne, parfois décalé, toujours passionné tacitement ; c'est aussi le "Je sais pas" de l'apprenti pianiste qui vient vérifier si sa mère est toujours là, occupé seulement du vent et du copain du soir, mais aimant et inquiet.

Voilà, on peut te reprocher ta froideur et ton sec coup de plume, Marguerite, je crois que ceux-ci sont trop habitués à la paresse d'une lecture empreinte du service traditionnel. Ces cent vingt-cinq pages sont un petit délice déroutant.

À bientôt.
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"Tu pourrais t'en souvenir une fois pour toutes. Moderato, ça veut dire modéré et cantabile, ça veut dire chantant. C'est facile."

Une ville industrielle au bord de la mer. Anne Desbaresdes, une jeune femme élégante assiste, comme tous les vendredis, au cours de piano de son fils, chez Mademoiselle Giraud une professeure aux méthodes autoritaires. La leçon est brusquement interrompue par un cri déchirant, sauvage, angoissant celui d'une femme qui vient d'être assassinée par son amant, dans le café, juste au-dessous. Un crime passionnel. Traumatisée par ce drame, Anne va essayer d'en savoir plus et de comprendre cet enchaînement de violence. Dans le café, elle rencontre un homme effacé, Chauvin, et tous deux vont s'interroger inlassablement sur les circonstances du meurtre. Dialogues énigmatiques et décalés, tension montante, rencontre improbable entre une femme issue de la haute bourgeoisie et un homme du prolétariat.

Marguerite Duras, dans ce roman publié en 1958, s'essaye à une nouvelle forme de roman, quelque peu controversée. L'histoire est brève , divisée en huit chapitres qui s'enchaînent chronologiquement sur une semaine. Tous les jours les deux personnages se rencontrent dans le café, boivent des verres de vin beaucoup !), dialoguent et se livrent, dévoilant leur solitude, leurs faiblesses, leurs angoisses, leurs frustrations et leurs désirs. L'attraction l'un pour l'autre devient de plus en plus pressante et l'atmosphère troublante.

J'ai trouvé cet ouvrage dans une boîte à livres et l'ai lu par simple curiosité intellectuelle. J'avais aimé plusieurs romans de Marguerite Duras et apprécié au théâtre certaines de ses pièces, par exemple La Douleur, Hiroshima mon amour, Savanah Bay. Je ressors de la lecture de Moderato Cantabile avec un ressenti mitigé. Je suis assez perplexe, sans enthousiasme. J'ai trouvé l'écriture de l'autrice froide, austère et j'ai éprouvé peu d'empathie pour les personnages. Je pense malgré tout qu'il convient de murir ce roman dans sa tête afin d'en découvrir la profondeur cachée.

#Challenge Riquiqui 2024

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Le piano de Duras,

Dit-on un style “durassien” ou “dur à suivre” s'interrogeaient De Caunes & Garcia (grimé en Duras sur le plateau de Nulle Part Ailleurs) face à une Fanny Ardant hilare…

J'ai déjà discuté du style Duras dans “Les Petits Chevaux de Tarquinia” notamment, écrit quelques années plus tôt, mais cette fois-ci l'aura, l'écrin littéraire de Marguerite Duras semble plus pur encore, peut-être par contraste, parce que la narration y est plus décousue (si tant est qu'une telle chose soit possible), les personnages comme les évènements moins nombreux. Jusque dans ses derniers romans, on retrouvera le style de Duras d'une rare singularité et toujours tendu vers plus d'abstraction et d'économie.

La répétition des mots et des gestes, le retour au café, au Boulevard de la Mer, le canard à l'orange, des mêmes questions, des mêmes réponses, des négations, ces éternels “non”, la répétition des prénoms et patronymes contrastant avec le refus d'identifier “l'homme”, le crime comme déclencheur du roman, tout cela se retrouve dans d'autres oeuvres antérieures et postérieures de Duras. C'est une façon d'ancrer le lecteur dans quelque chose de charnel, peu importe la ville, on ne la connait pas, mais on se figure les cris des oiseaux marins, le ciel capricieux du front de mer, la promenade sur les remparts et ses embruns d'écume et d'algues mêlés…

L'amour impossible et impassible, l'adultère comme transgression pavlovienne d'une certaine bourgeoisie, l'ennui, le désir, la maternité, l'alcool, les antiennes durassiennes jouent en sourdine tout au long de Moderato Cantabile, on a l'impression de lire non pas une histoire mais des émotions, des ressentis. C'est cette alchimie mystérieuse jusqu'au bout qui fait le mesmérisme de sa plume.

“Des dialogues pour ne rien dire, j'adore ça (…) lorsqu'on croit qu'un dialogue est signifiant il ne signifie pas davantage qu'un dialogue bavard, de rencontre” disait l'écrivaine, figure du nouveau roman et parfois appelée romancière de “l'incommunicabilité”. de fait, les dialogues, omniprésents dans son oeuvre quasi cinématographique, sont vidés de leurs fonctions traditionnelles, il ne renseignent plus, ils ne signifient plus, cela fait presque penser au théâtre de Samuel Beckett qui entretien un rapport à la fois méfiant et ironique vis-à-vis de ce qui fait ou doit faire sens. Pourtant, les dialogues durassiens nous semblent lourds, intenses, crispant le coeur, parfois d'une profondeur insondable. Ainsi on ne peut pas non plus dire qu'ils ne signifient rien, mais assurément plus ou autre chose que ce qu'ils veulent bien dire, derrière se joue parfois la tectonique tribale du désir, un peu comme l'analysait Roland Barthes dans Fragments d'un discours amoureux, je “frotte mon langage” contre l'autre, tantôt est-ce un appel au secours d'une femme, au bord du précipice psychique, entourée d'invités mondains mais finalement “seule dans sa grande baraque” pour reprendre une réplique hilarante de la voisine du film “Mon Oncle” de Jacques Tati, paru la même année que le livre de Duras. Pour l'écrivaine, le roman est la “transposition de la vie intérieure”, elle s'inscrit dans cette généalogie du XXe siècle, dans les pas de Proust, de Woolf, de Svevo.

“Anne Desbaresdes resta un long moment dans un silence stupéfié à regarder le quai, comme si elle ne parvenait pas à savoir ce qu'il lui fallait faire d'elle-même.”

J'ai l'impression d'avoir préféré mes excursions précédentes dans le monde de Duras, peut-être davantage d'analyse et de réflexions dans “Les Petits Chevaux de Tarquinia", une tension épidermique plus puissante dans “Dix heures et demie du soir en été” ou un feu d'artifice stylistique dans “L'Amant de la Chine du Nord”. de plus, lorsque l'on commence à connaitre un auteur, passé l'effet de surprise, il faut veiller à ne pas lui reprocher justement ce que l'on est venu chercher à nouveau et qui ne nous surprend plus… Cependant chaque nouvelle lecture, quand on adhère et entre en résonance avec la langue continue, sinon de nous habiter, du moins de nous toucher et cela fonctionne à nouveau complètement avec cette leçon de piano signée Marguerite Duras.

La musica. Duras admettait que son art n'était rien comparé à celui de la musique, elle aurait voulu poursuivre une carrière de musicienne. Incapable de composer Duras s'inspire d'abord des musiques des autres, mais elle ne s'avoue pas vaincue et bientôt on composera pour elle, à l'image de l'entêtante India Song dans le film éponyme, avec Delphine Seyrig, tiré de son roman le Vice-Consul.

Moderato Cantabile, sous ses apparences “modérée” et “chantante” comme la Sonatine de Diabelli, est un volcan sous-
marin dont l'éruption sourde et désespérée est couverte par les vains assauts des vagues contre la digue des convenances, inébranlable.

Qu'en pensez-vous ?
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La répétition lancinante et obsédante d'une routine quotidienne observée par la protagoniste à peine troublée par de légères variations. Dans un style toujours aussi dénudé et profondément poétique rappelant par ses images étonnantes certains écrits d'Apollinaire, Marguerite Duras décrit l'ennuie d'une femme aisée qui ne parvient pas néanmoins à l'épanouissement total.
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J'ai relu avec plaisir ce livre que j'ai beaucoup aimé il y a de nombreuses années.
Oui, Marguerite Duras ne raconte pas une histoire comme un narrateur classique, elle nous amène juste à partager des instants que vivent ses personnages. de la même façon que nous ne retenons de notre vie que des instants de forte intensité, elle procède de la même façon que le souvenir et nous expose avec un langage très précis des dialogues où perce le silence. Car l'essentiel se trouve souvent au-delà des mots, et c'est cette magie que Marguerite Duras s'attelle à recréer dans son texte.
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Pour comprendre la genèse de ce roman, qui amorce un virage dans l'écriture durasienne, on saura que la dédicace en revint à Gérard Jarlot, dont s'était éprise Marguerite Duras, décrit comme « quelqu'un qui aimait vraiment l'alcool, qui buvait chaque jour ».il sera fort utile de se rappeler ceci : « C'était un amour violent, très érotique, plus fort que moi, pour la première fois. J'ai même eu envie de me tuer, et ça a changé ma façon même de faire de la littérature : la femme de Moderato Cantabile et celle de Hiroshima mon amour, c'était moi ».
Pour Duras l'alcool est à petite dose un puissant moteur d'écriture. On sait quel fut son parcours de femme et d'écrivain malheureusement imprégné d'alcool. Il n'est donc pas étonnant que ce roman parle de l'enivrement d'une femme désoeuvrée de la Bourgeoisie, qui va trouver dans un petit bistrot le prétexte et l'occasion de fuir sa vie qui l'étouffe, en cherchant à comprendre les motifs qui ont poussé le meurtrier à étrangler sa maîtresse, dont elle a entendu le dernier cri quand elle accompagnait son jeune fils à sa leçon de piano.
En partageant son ivresse et ses paroles avinées avec un ouvrier qui l'incite lui aussi à boire, nous sommes ballotés sur une mer de mots eux-mêmes déstructurés et labiles, ou la syntaxe parfois est bancale, temps verbaux et vocabulaire extrêmement travaillés pour donner l'illusion d'une perte d'équilibre et de maîtrise. Cette sensation de nausée et d'ahurissement éprouvée autant par le lecteur que par les protagonistes ne quittera le roman que jusqu'au dernier mot de l'excipit.

Moderato Cantabile est une chanson d'ivrognes qui se bercent à demi mots et sans se presser d'illusions à coup de vin en sachant parfaitement qu'aucune relation sexuelle ne comblera ce vide chantant . le compositeur Diabelli dans son onomastique incarne le Diable-tentation qui joue les angelots avec l'enfant (qui seul représente le bon sens et la mesure - même s'il ne joue pas en mesure parfaitement. La « modération » n'est pas le propre des deux adultes, en particulier de la mère qui ne peut réaliser son désir d'adultère et se fera ainsi remarquer lors d'un dîner par ses propres invités, avinée complètement et incapable de manger une miette. Sur le plan symbolique ou métaphorique, on remarquera qu'elle ne cessera de triturer son camélia blanc (fleur aussi très à la mode pour signifier une appartenance à la bourgeoisie parisienne dont Duras se moque tout au long du repas avec les plats traditionnels sophistiqués de l'époque, notamment le canard à l'orange) qu'elle a piqué au dessus de ses seins, cette fleur qui représente son intimité de femme désirante mais se privant de cette réalisation de plaisir avec son inconnu. de fait la fleur entêtante tout au long du repas se fane et se déchirera au contact de ses mains, pour assouvir et symboliser une passion désirée - non aboutie.

L'homme Chauvin resté cette même nuit dans le jardin de Madame Desbaresdes, pour l'observer, ne la verra pas le rejoindre. Au contraire, elle vomira, au pied du lit de son fil, son vin accumulé durant toute la soirée, signe que la consommation de la chair est impossible. Image hautement symbolique, le vin restitué est celui d'un sacrifice sur l'autel (tapis de l'enfant) de la chasteté, émanant d'une âme corrompue qui a failli et s'est repentie. Elle s'interdit ainsi toute étreinte.

Les dernières lignes offrent des mains qui se referment sur elles-mêmes, Madame Desbaresdes ne souhaitant peut être qu'une chose, de ne plus exister, à l'image de la femme morte par amour, ou qu'elle s'imagine être morte de plaisir en mourant. Souhaite-t-elle être étranglée par Chauvin ? Oui et non. Ces deux-lá vont ils se revoir ? On ne sait pas. La fin se clôt comme elle a commencé, presque en chantonnant et d'une manière très modérée - la vie est ailleurs, sans doute comme l'amour, la Musique demeure un fil d'Ariane sinueux et labyrinthique.

Bref, Marguerite Duras ne donne aucune piste, laisse la voie ouverte, la voix aussi, ce qui offre au lecteur toutes les possibilités d'interprétation.

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Anne Desbaresdes amène tous les jours son fils à ses leçons de piano. Un jour se joue un drame passionnel près de cet endroit. Elle retrouve alors Chauvin, ouvrier qui travaille pour son mari, très bourgeois, dans un café ouvrier tous les après-midi. Il la fait parler autour du vin. Beaucoup de non-dits, la frustration, les peurs et les conventions sociales. Il faudrait que je le relise.
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Une bourgeoise paumée emmène son fils à ses cours de piano ; c'est à la fois important et dérisoire pour elle. L'enfant perçoit son hésitation et se résigne un peu à être une sorte d'accessoire qu'on promène. Or après une leçon, on trouve une femme assassinée dans la rue, devant un bistrot, et son amant, qui l'a assassinée, prostré sur son corps. Voilà notre Bovary bouleversée. Elle entre dans le bistrot rempli d'ouvriers pour se réconforter d'une boisson ; là, un dialogue s'ouvre avec l'un d'eux. A grands renforts de verres de vin, ils tâchent d'imaginer ensemble ce qui a pu amener cet homme amoureux à tuer cette femme, non pas par causalité, mais par état d'esprit... Ils se revoient et petit à petit, on ne sait plus, ils ne savent plus s'il parlent encore des sentiments du couple tragique ou des leurs.

Leurs entrevues avinées commencent à être notables, le scandale couve...

C'est une lecture un peu déroutante, mais intéressante. Je ne regrette pas d'y être revenue. Je ne suis cependant pas étonnée d'avoir gardé (à tort) le souvenir d'une pièce : l'adaptation théâtrale de ce roman serait d'une facilité enfantine.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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