Savannah Bay de
Marguerite Duras est un récit à deux voix, qui alterne des dialogues entre une Jeune Femme et Madeleine, une vieille femme qui, autrefois, fut comédienne et le récit d'un évènement qui fut fondamental dans leur vie à toutes les deux, la mort d'une très jeune femme, juste après son accouchement, dans la baie de Savannah.
Dans la pièce, le personnage de Madeleine est atteint de pertes de mémoire ; elle semble redécouvrir sa vie à mesure qu'elle la raconte à la Jeune femme, sans que l'on puisse savoir si elle refuse de se souvenir ou si elle en est incapable. du fait de cette mémoire défaillante, le récit est essentiellement constitué de retours en arrière, de corrections et de reprises.
Il y a eu un certain nombre de représentations brillantes de
Savannah Bay.
Marguerite Duras elle-même avait mis en scène la pièce avec
Madeleine Renaud et
Bulle Ogier. C'est cette référence que j'avais en tête quand j'ai repris le texte avant d'aller au théâtre de l'Atelier, en mars 2014.
J'ai vécu un moment formidable et j'en ai pleuré, ce qui m'arrive rarement au théâtre. Cela montre la puissance émotionnelle du texte qui s'inscrit dans une veine du théâtre-récit où la parole, la narration, l'emportent sur l'action dramatique réelle. Il faut dire qu'Emmanuelle Riva et
Anne Consigny n'entravent en rien la poésie du texte de
Marguerite Duras, au contraire. La version proposée par
Didier Bezace est pourtant dénuée de moments de suspensions et de silences mais l'adaptation est vraiment réussie.