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3,89

sur 2287 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dans ce roman bien antérieur à L'amant, Marguerite Duras pose déjà les bases de cette autobiographie fulgurante et si moderne, ici dans un style sage et sobre, classique. La pauvreté ronge cette mère et ses deux enfants qui rêvent d'évasion à tout prix, quitte à renier leurs valeurs, inexistantes. Ce livre écoeure par le manque de dignité des héros, fait d'autant de passivité que de fureur vaine (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/11/26/un-barrage-contre-le-pacifique-marguerite-duras/)
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"Moi monsieur j'ai fait la colo,
Dakar, Conakry, Bamako.
Moi monsieur, j'ai eu la belle vie,
Au temps béni des colonies.

La chanson de Michel Sardou évoque les relents de cette blâmable nostalgie qui peut animer le vieux colon rentré en métropole et se remémorant l'époque glorifiée où il avait "pleins de serviteurs noirs" et "quatre fille dans son lit".

Marguerite Duras a bien connue cette époque. C'est celle de sa prime enfance dans les années vingt et trente, non pas en Afrique mais au Viet Nam, la Cochinchine de l'époque. Ce n'est cependant pas la nostalgie qui l'anime dans cet ouvrage en partie auto biographique. Il aura eu en tout cas, pour nous lecteurs de ses lendemains, le mérite de révéler son talent. Un talent qui lui vaudra plus tard le prix Goncourt, en 1984, avec L'amant.

Un barrage contre le Pacifique, c'est l'histoire d'un combat en peine perdue pour rendre des terres cultivables. C'est surtout le symbole du combat tout aussi vain contre l'administration, quand on n'a pas les moyens de la soudoyer. Voilà donc l'épreuve que vit "la mère", veuve que l'on ne connaîtra que sous ce vocable, et ses deux enfants Joseph et Suzanne, en butte à l'administration coloniale toute puissante et corrompue. Pour cette famille aux antipodes tant du monde que de la suffisance, le statut de colonisateur n'a rien du temps béni de colonies.

Dénonciation douce amère d'un climat qui a embrumé le paysage de l'enfance de Marguerite Duras et qui plus tard fera le sujet de l'une des nombreuses causes de ses engagements.

"Entre le gin et le tennis,
Les réceptions et le pastis,
On se serait cru au paradis,
Au temps béni des colonies.
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Véritable mythe de Sisyphe que la vie de cette mère avec ses deux enfants dans une colonie indochinoise inexploitable, ravagée chaque année par la grande marée de l'océan pacifique. Une lutte opposant l'espoir à la fatalité. Nous suivons dans ce roman la vie de Suzanne, la fille de 17 ans, et par extension celle de son frère et de sa mère. le style est fluide, un peu redondant, mais facile à suivre et même parfois profond. Les événements traînent en longueur, et traduisent la lassitude des personnages et leur envie de fuir une situation qui semble désespérée, une sorte d'impasse au bout de laquelle se trouve l'ennui ou la mort et qui pousse les gens à devenir injustes, voire méchants, taciturnes et dépressifs.
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Marguerite Duras, à travers ce roman qui explore différentes visions de la femme, visions de la femme par l'homme mais aussi et surtout par la femme elle-même, adresse un message éthique voire politique. Il s'agit d'une lutte contre l'oppression, contre le cloisonnement de la femme dans un rôle prédéfini. Elle montre que le mariage arrangé est une réalité, seule issue perçue par une famille démunie, condamnée à survivre sur une terre stérile. Elle lutte aussi contre une vision idéaliste, en déconstruisant l'idylle amoureuse, en déconstruisant les schémas littéraires traditionnels. Elle s'intéresse aux femmes dans leur évolution. Elle met en scène Suzanne, la jeune fille à la robe à fleurs bleues, rencontrant Carmen qui gagne sa vie en montrant ses jambes et qui s'émancipe des hommes. Elle met aussi en scène la mère de Suzanne, une femme veuve, sans nom, qui fait de son mieux pour survivre malgré un mauvais investissement ; une femme escroquée par l'administration coloniale, qui a mené un véritable combat contre les administrateurs mais aussi contre les éléments puisqu'elle a tenté de faire un barrage contre le Pacifique avant de s'apercevoir de son caractère illusoire, avant de constater son échec. C'est une femme qui s'est sacrifiée pour mener à bien son projet, une femme qui reste jusqu'à la fin un modèle d'émancipation, malgré un projet illusoire.
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Très belle histoire, prenante, et magnifiquement écrite.
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Un barrage contre le Pacifique n'a rien d'un voyage d'agrément. Marguerite DURAS nous plonge dans le quotidien des colons d'Indochine, une réalité sans faux-semblants, dure, cruelle.

Ce roman, c'est avant tout l'histoire d'un trio : Suzanne d'abord, ce chat sauvage, félin, gracile, la Mère ensuite, un buffle des rizières, ruminant et obstiné et Joseph, la panthèr magnétique et redoutable.

C'est une histoire triste, comme il en est arrivé à tant d'autres avant eux. Loin des clichés idéalisés des métropolitains sur la colonisation. Celle d'une famille qui, poussé par la nécessité, quitte la métropole et décide de placer toutes ses économies dans une parcelle cadastrale pour y cultiver des fruits. Hélas, la Mère, flouée par l'administration coloniale s'est vu attribuée un terrain incultivable. Sa rancoeur, sa haine et son malheur la détruisent et rejaillissent sur ses enfants qui assistent à son naufrage, prisonniers de cette pauvreté imposée.

Nous suivons ainsi un chemin de vie de cette drôle de famille, ou passeront toute une ribambelle de personnages atypiques : Mr. Jo, Carmen, Lina, Agostini. Même si la lecture fut rude, surtout dans sa première partie, j'en garde une impression très forte. La justesse des sentiments qui unit les membres de cette famille pourtant si differents les uns des autres est troublant de vérité. le travail sociologique fournit par l'auteur est également passionnant, notamment sur la vie des indigènes.

Enfin je garderai un souvenir profond de Joseph, ce Dieu vivant dans les yeux de sa soeur, cet être magnétique dont l'aura a su traverser les pages de papier pour me donner l'envie de poursuivre ma lecture.

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Duras commence l'écriture de ce roman en 1947 et le publie en 1950. Elle l'écrit alors qu'elle vient de divorcer de son premier mari et de se remarier avec Dionys Mascolo, dont elle aura un enfant. Roman autobiographique, elle s'inspire beaucoup de la situation qu'elle a vécu au Vietnam.

J'étais assez enthousiasmée par ce livre au début ; j'ai beaucoup aimé l'écriture de Duras : cette simplicité toute poétique par moment – mais d'une grande intensité. Ça me faisait penser à Beckett : l'attente des personnages, leur folie, leur désespoir. Ce ne sont pas des sujets très joyeux, certes, mais j'avais quand même envie de les suivre, de savoir ce qui allait se passer enfin avec eux. Surtout avec Suzanne et Joseph. Allaient-ils quitter la mère ?

La mère est une ancienne institutrice du nord de la France qui, avec son mari, après avoir lu Loti, et éblouie par toutes les promesses des colonies, décide de partir au Vietnam dans l'espoir de faire fortune. Finalement, elle se heurte à la malhonnêteté de l'administration et fini dans une misère indicible. Contre toute attente, cela ne la découragera pas, et elle continuera à se battre contre l'impossible : faire un barrage contre le Pacifique pour permettre la cultivation des terres de sa concession.

Ce mélange de désespoir et de lutte acharnée des personnages est vraiment saisissant. On se sent happé par toute l'injustice de la situation, l'horreur de la colonisation : à la fois la grande misère des paysans indochinois, mais aussi la grande misère de ses français qui n'ont pas réussi à faire fortune sur la colonisation et qui restent donc en marge de la société coloniale. Et la mère qui lutte contre la mer, contre l'administration, parfois même contre ses enfants, qui veulent partir…

Comme je l'ai dit, je suis assez partagée par la lecture de ce livre. J'ai aimé l'écriture de Duras, certes, mais je ne dirai pas que ce fut un coup de coeur. J'ai fini par m'ennuyer au bout d'un moment et j'avais hâte de passer à autre chose. Ce qui, à bien y réfléchir, est plutôt une réussite dans ce livre : je ressentais finalement la même chose que les personnages. Je n'en pouvais plus de cette vie, de ce malheur accablant. Je me demandais sans cesse – vont-ils partir oui ou non ?? C'est une lecture très frustrante. Et je dis bravo à Duras pour ça, d'avoir réussi à me transporter dans la peau des personnages. En plus, je l'ai lu en grande partie pendant l'épisode de canicule que nous avons eu à Paris, donc j'étais vraiment dans l'ambiance…
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Le barrage contre le Pacifique fait partie des livres majeurs de Duras, adapté plusieurs fois au cinéma, mais je ne l'avais jamais lu, ni vu les films. Je suis encore sous le choc de ce roman puissant, violent et superbe. L'histoire a une inspiration autobiographique, ce n'est que plus troublant.

Le roman se déroule en Indochine dans la plaine de Kam en bordure de la mer de Chine. La mère, veuve, a sacrifié ses économies pour acheter une concession qui se révèle inexploitable, envahie par les eaux salées. Elle a mobilisé ses voisins et les paysans pour construire des barrages qui empêcheraient la mer de stériliser les terres, en vain, les barrages n'ont pas résisté et elle vit dans la misère avec ses deux enfants, Joseph et Suzanne.

Un riche colon de passage s'éprend de Suzanne, 16 ans, et va lui faire la cour. Riche mais laid et faible, il tente de la séduire et se butte à l'hostilité de Joseph. Il couvre Suzanne de cadeaux et espère amadouer la famille qui fait bloc et cherche à lui imposer le mariage. Il y a un côté maquereau assez hallucinant chez le frère et la mère, prêts à tout pour vendre la fille, qui l'incitent à faire monter les enchères et à ne pas céder avant d'avoir la bague au doigt. Mr Jo donne un diamant estimé à 20 000 francs à Suzanne qui se refuse quand même ; il s'en va et la tribu part à la ville pour vendre le diamant.

L'ambiance de la seconde partie est différente, mais tout aussi désespérée. A la ville, Joseph les quitte très vite pour rejoindre une femme ; la mère fait le tour des bijoutiers pour écouler le diamant qui se révèle défectueux et Suzanne découvre une autre vie. Joseph le vend à ses relations et la mère attend son retour, redoutant qu'il ne parte définitivement. de son côté, elle règle quelques dettes et espère pouvoir réemprunter, en vain. de retour à la concession, Joseph ne rêve que de partir avec la femme qu'il a rencontrée et revient le chercher ; la mère s'épuise avec ses chimères et Suzanne attend aussi de trouver son avenir. On en apprend un peu plus sur le parcours de la mère, la vénalité des agents coloniaux en charge de l'attribution des terres, les obligations de mise en culture des territoires concédés et la vie des indigènes, notamment au travers du caporal, le serviteur. C'est une terrible charge contre les soit-disant bienfaits de la colonisation. Epuisée, la mère meurt ; ses enfants abandonnent la concession, Joseph pour continuer sa vie de chasseur et Suzanne pour rejoindre la ville.


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Une mère qui n'a pas froid aux yeux fera tout pour préserver ses deux enfants, Joseph et Suzanne, âgés de 20 et 16 ans, jusqu'à en devenir extrême. Elle cherchera sans cesse un moyen de construire un barrage contre l'Océan Pacifique pour que ses récoltes puissent tenir le coup, mais ce sera toujours peine perdue.
L'histoire prend place au Vietnam, et se définit en partie autobiographique. Marguerite Duras nous raconte ce désespoir et cet entêtement à tout vouloir contrôler, quitte à se servir de ses propres enfants pour arriver à ses fins.
Ce roman est brut de sentiments, l'analyse des extrêmes de l'être humain est bien présente, et il ne faut pas être réticent au style d'écriture de l'auteur : cru, poussé. Ce fut mon deuxième roman d'elle. Je gardais un assez bon souvenir de L'Amant, et je voulais réitérer avec Un barrage contre le Pacifique, en suivant beaucoup d'avis positifs. Il m'aura fallu près d'une semaine entière pour en venir à bout. le début était lent, l'entrée en matière n'était pas évidente, et je me suis souvent sentie baisser les bras. Mais ce roman est somme toute très intéressant, surtout au point de vue des relations humaines.
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à l'heure où les anciennes colonies font beaucoup parler, ce livre de Duras - qui n'a pas écrit des des conneries comme dirait Desproges - nous plonge dans l'ancienne Indochine de son enfance, tiraillée entre Blancs et "indigènes". L'histoire d'une mère et de ses deux enfants, loin, très loin des clichés romantiques et paradisiaques du 19ème siècle. Très belle histoire, très beau style aussi.
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