Ce livre présente l'enseignement de Durckheim suivi par J Casterman.
Il est bien structuré et se lit très facilement.
Il donne également une autre vision de la psychologie.
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Le travail que l'homme peut faire sur lui-même, je l'appelle le chemin initiatique. Il commence avec une expérience. Cette expérience nous fait connaître notre Être essentiel. Une telle expérience efface une fois pour toutes le doute qu'il s'agirait du résultat d'une recherche métaphysique, d'une pieuse spéculation ou d'une projection psychologique. L'Être essentiel est une réalité dont on peut vraiment faire l'expérience.
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Il y a, à la base de la méditation, le désir ou la nostalgie de se retrouver dans son Etre essentiel. C'est un événement extraordinaire que pour la première fois dans l'histoire de l'humanité l'homme occidental s'ouvre à ce que l'Orient a toujours appelé le chemin intérieur. Autrement dit l'homme occidental envisage une vie religieuse dans l'exercice. Alors que jusqu'à aujourd'hui la vie religieuse avait pour seule base la foi. Au delà des religions existe le chemin intérieur individuel. Le mystère ne s'ouvre qu'à celui qui a le courage d'un réalisme empirique.
En disant cela, je sais que je risque d'être mal vu par beaucoup de gens! Pour les représentants de l'Eglise chrétienne, l'idée d'un initié au sens oriental, c'est-à-dire l'homme éveillé à son Etre essentiel, n'existe pas ou n'apparaît que peu importante. L'expérience de l'Etre, ce que l'Orient appelle satori, n'a pour celui qui professe la foi chrétienne que peu d'importance. Quand elle n'est pas envisagée avec méfiance. Une grande partie du monde scientifique, psychologique et politique refuse ces expériences dans la crainte de l'attaque de leur système par une force qui est au-delà de tous les systèmes parce que transcendante. Mais ils ne pourront pas s'opposer à cette révolte de l'essentiel qui représente tout à la fois une réponse à une situation personnelle, une réponse actuelle en rapport avec notre temps et une réponse universelle parce qu'elle correspond à un nouveau degré de la maturation humaine.
Imaginez pour un instant qu'étant dans une forêt vous n'ayez plus de noms pour ce que vos yeux rencontrent, pour ce que vos oreilles entendent, pour ce que sent votre peau. Qu'est-ce que vous rencontrez? Ce n'est pas un ça puisque vous n'avez pas de concept à votre disposition, mais vous rencontrez une vie extraordinaire qui vous fait frissonner. Et dans ce frisson, c'est vous-même que vous rencontrez d'une façon extraordinaire. Étant ainsi en vous-même dans un sens très profond et en deçà ou au-delà de tout concept, c'est le divin que vous rencontrez....chaque méditation est l'effort d'entrer dans cette solitude, ce silence.
Pour ce qui est des grandes expériences je pars, une fois encore, des trois grandes détresses de la vie humaine, la peur de la mort, le désespoir vis-à-vis de l'absurde et la tristesse dans l'isolement. L'homme confronté à ces situations limites se sent détruit, au bord de l'annihilation. Et c'est là, où l'homme en tant que moi existentiel ne peut plus accepter ce qu'il vit, qu'il a encore la chance de faire l'expérience libératrice de toute angoisse, l'expérience libératrice du désespoir et l'expérience libératrice de la tristesse! C'est là que l'homme, qui est bien plus que son moi existentiel, fait l'expérience de l'Être transcendant et immanent.
Et le chemin initiatique est cet effort systématique pour se débarrasser de ce qui cache ce tréfonds qui s'est révélé dans cette expérience. Et enfin, c'est le chemin qui engage l'homme dans un mouvement de transformation existentiel ayant pour base cette expérience.