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Virgile Dureuil (Autre)
EAN : 9782203223523
136 pages
Casterman (03/11/2021)
3.88/5   60 notes
Résumé :
Deux siècles après la retraite de Russie, Sylvain Tesson refait la route de l'armée napoléonienne déchue... en side-car et en plein hiver. Ils sont cinq : trois Français et deux Russes. Unis par l'amitié et par un grand défi, ils décident de commémorer à leur façon le bicentenaire de la retraite de Russie : en suivant le chemin emprunté par les troupes françaises en pleine débâcle.
Partis de Moscou, Sylvain Tesson et ses amis traversent l'immense Russie, la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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La lecture, il y a quelques années, de Bérézina, livre écrit par sylvain Tesson, avait déjà été un grand moment lyrique et je craignais quelque peu de moins bien revivre ce beau texte à travers une bande dessinée qui, peut-être n'en restituerait pas toute la densité.

Cette appréhension fut levée dès les premières pages tant j'ai très vite ressenti le plaisir de retrouver les mots de Sylvain accompagnés par un graphisme très esthétique restituant tout le drame humain, guerrier et politique de la retraite de Russie, chant du cygne pour l'Empereur.

Les grandes planches, nombreuses, sont saisissantes par le rendu de leur dépouillement, leurs teintes pastel ou sombres apportent vraiment des images en parfaite harmonie avec le récit de Tesson. Toutes les images de la Russie, les bulbes des églises moscovites, les ponts, les arcs de triomphe, les stèles, l'immensité des paysages reflètent l'intensité dramatique à la fois du voyage de Sylvain avec ses amis et, surtout, de la destruction progressive de la Grande Armée par le froid, le harcèlement des cosaques, le dénuement vestimentaire et alimentaire, tout un ensemble précipitant inexorablement l'aigle vers sa chute.

Les couleurs choisies, particulièrement pour la partie historique, traduisent parfaitement les souffrances endurées par les soldats, les méditations de l'Empereur, sa volonté et sa ténacité pour tenter d'éviter le pire. C'est toute la richesse de cet ouvrage qui lui confère une dimension impériale, hélas insuffisante pour refaire l'histoire.

Pourtant, malgré les images, j'ai eu moins de tristesse à suivre les errements douloureux de l'armée napoléonienne qu'en lisant le livre qui porte tellement toute la souffrance d'une armée qui avait dominé le monde.
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Cette BD adapte le récit de voyage Berezina de Sylvain Tesson, dans un bel album de 136 pages dessiné par Virgile Dureuil.
Sans connaître le livre de Tesson, il est clair que les textes de la BD doivent largement reprendre des passages du livre. Tant mieux, car le double récit, celui d'une aventure humaine et celui d'un fait historique, ressort en totale harmonie avec des images travaillées qui évoquent vraiment bien des décors glacés infinis.

Tesson et ses amis, deux français, Thomas Goisque le photographe et Gras, et deux amis russes, décident pour les 200 ans de la campagne de Russie de refaire le trajet retour de la Grande Armée à partir de Moscou. Ils chevauchent de vieux side-car Oural des années 60 à travers l'hiver russe. Ce faisant, au milieu des camions en file indienne, de frontière en frontière, ils réalisent un petit exploit, malgré les problèmes mécaniques.
Chaque étape est l'occasion pour Sylvain Tesson de rappeler ce qu'a pu être la désastreuse retraite de Russie de Napoléon. Voilà une armée immense qui parvient jusqu'à Moscou, s'en empare, la voit incendiée, tarde trop à repartir, et recule vers l'Ouest en affrontant le début du terrible hiver russe et le harcèlement des cosaques et des populations locales. Malheur aux soldats ralentis, isolés, qui finissent avalés par la neige et le gel. Pas de bataille avec Koutouzov, qui préfère suivre en attendant le bon moment. Un bon moment qui a failli être le passage de la Berezina : Napoléon encerclé qui ne doit son salut qu'aux ponts jetés sur le fleuve par des soldats qui se sacrifieront dans l'eau gelée. Un mythe naissait.

Tesson raconte tout cela fort bien et la mise en image permet faire revivre l'épopée motocycliste autant que le temps historique. Les dessins sont agréables et livrent quelques belles vues des sites traversés (notamment les images en tête de chapitre). Un beau voyage à double lecture.
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Sylvain Tesson, à l'automne 2012, doit participer au Salon de Livre de Moscou. 2012 c'est aussi l'année du bicentenaire de la campagne napoléonienne et de la terrible retraite de Russie durant laquelle périrent des dizaines de milliers de combattants. Aventurier infatigable, amoureux de la Russie et fasciné par le personnage de Napoléon, Sylvain Tesson se met en tête, tout d'un coup, de commémorer à sa façon cette page de l'histoire et de rendre hommage au courage et au patriotisme de ces vaillants soldats. Il rallie à sa cause deux amis français, le photographe Thomas Goisque et le géographe Cédric Gras ainsi que deux amis russes, Vassili et Vitaly. Ce n'est pas à cheval ni à pied qu'ils vont suivre les traces de l'empereur et de ses troupes, de Moscou à Paris, mais en side-cars soviétiques modèle Oural 1966. A l'aide de documents d'époque et d'archives en particulier des Mémoires de Caulaincourt, ils vont parcourir 4000 km dans la neige et le froid glacial et ainsi répéter l'itinéraire de la Grande Armée à l'agonie.

Ce roman graphique est une adaptation du livre, de Sylvain Tesson, paru en 2015, qui relate les grandes lignes de cette folle équipée.

Je ne l'ai pas lu par contre j'ai trouvé cet album très intéressant et bien réussi, parfaitement documenté. J'ai aimé la superposition astucieuse des faits historiques et de l'aventure humaine des cinq protagonismes. On souffre et on s'indigne pour les soldats de Napoléon en déroute mais on s'enthousiasme aussi pour les exploits de Tesson et de ses sympathiques compères qui poursuivent irrémédiablement leur objectif. Textes sobres et efficaces, ton juste, remarques subtiles confrontant divers points de vue, l'auteur dans la description du désastre historique apporte de temps à autre quelques pointes d'humour et de légèreté.
Quant aux dessins de Virgile Dureuil ils sont magnifiques, fins et minutieux, soignés insistant sur la noirceur et l'horreur de la guerre mais mettant aussi en valeur la beauté des paysages hivernaux et des villes traversées.

Mi récit de voyage mi document historique, cet album graphique est agréable à lire et donne envie d'aller plus loin dans l'oeuvre littéraire de Sylvain Tesson.
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"L'espoir meurt en dernier"... Sous le coup de crayon de Virgile Dureuil, nous suivons Sylvain Tesson et quatre amis français et russes sur les traces de la Campagne de Russie, et plus précisément de la retraite de Russie - celle qui a anéanti la quasi totalité du demi million d'hommes qui constituaient l'armée impériale de Napoléon en 1812. Voyageant en Oural (ces gros side-car russes) contre vents et verglas de Moscou à Paris, ils roulent dans les pas de nos prédécesseurs, traversant les "hauts lieux" encore hantés par les fantômes du passé. Interrogeant l'Histoire, le sens de l'héroïsme, l'humanité et la déchéance, les aventuriers du froid et de l'hiver s'embarquent dans un périple de plusieurs milliers de kilomètres. Sur place, la nature a gardé ses droits, des stèles ont été érigées par endroits, et l'immensité du vide remplit l'espace-temps. Les dessins servent très bien ce récit et montrent ce que l'imagination ne sait créer : Moscou en flammes, les cohortes de lambeaux vivants se traînant dans la neige, les vastes landes blanches sans fin... et Napoléon, toujours debout pour ramener ce qu'il reste de son armée, bercé par l'illusion qu'il la reconstruira pour prendre sa revanche, et refusant de regarder en face le déclin de son Empire.

Ce qui distingue cette BD de la série "Bérézina" de Frédéric Richaud que j'avais également lue, est la touche savoureuse et géniale apportée par les mots de Sylvain Tesson, ainsi que la remise en perspective de notre existence actuelle face à cette épopée tragique deux cents ans auparavant.

Je remercie Babelio et Casterman pour m'avoir fait gagner cette BD lors d'une Masse Critique, et je vous recommande vivement cette lecture ainsi que le récit original pour prolonger le plaisir.

Et pour finir une des citations les plus marquantes à mon sens : "Un haut lieu, c'est un arpent de géographie fécondé par les larmes de l'Histoire, un morceau de territoire sacralisé par un geste, maudit par une tragédie, un terrain qui, par-delà les siècles, continue d'irradier l'écho des souffrances tues ou des gloires passées. C'est un paysage béni par les larmes et le sang. Tu te tiens devant et, soudain, tu éprouves une présence, un surgissement, la manifestation d'un je-ne-sais-quoi. C'est l'écho de l'Histoire, le rayonnement fossile d'un événement qui sourd du sol, comme une onde. Ici, il y a eu une telle intensité de tragédie en un si court épisode de temps que la géographie ne s'en est pas remise. Les arbres ont repoussé, mais la Terre, elle, continue à souffrir. Quand elle boit trop de sang, elle devient un haut-lieu. Alors, il faut la regarder en silence car les fantômes la hantent."
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Virgile Dureuil met en image le roman de Sylvain Tesson "Bérézina". Sylvain Tesson a eu l'idée de raconter son périple de Moscou à Paris, en side-car, en hiver, en reprenant le parcours de la Grande Armée lors de la retraite de Russie. Il est accompagné de deux amis, l'un est photographe, l'autre écrit des livres. Ils seront rejoints par deux russes passionnés de mécanique et rois de la débrouillardise au guidon de leurs side-cars Oural.

Ce road trip nous entraîne sur les traces de la retraite des troupes napoléoniennes, à la même période de l'année (novembre décembre) donc dans des conditions extrêmes. Nous découvrons les lieux de mémoire russes mais aussi ceux des grognards. On ressent beaucoup d'émotions chez le narrateur, émotions que Virgile Dubreuil retranscrit de manière somptueuse.

Ce livre est pour moi une triple découverte : découverte de Sylvain Tesson (désolé cela peut arriver...), découverte de Virgile Dubreuil et découverte de la réalité de la retraite de Russie. J'ai tout de suite adhéré au concept proposé par le dessinateur et apprécié les cases où la Grande Armée côtoie les side-cars Oural comme si des fantômes demandaient ou attendaient pour ressurgir de la terre. L'alternance entre le road movie et la narration historique est intéressante bien complétée par les images communes. le trait de Dubreuil est simple, clair. Il arrive à transcrire la faible clarté des journées d'hiver en Russie. Pour les scènes les plus sombres, je vous invite à vous attarder sur les cases pour découvrir la qualité graphique.
J'ai appris énormément de choses sur cette retraite, en particulier la notion de sacrifices chez certains soldats comme les sapeurs.

Je me suis laissé porter par le récit, engourdir par le froid sibérien, réchauffer par la vodka, amuser par les péripéties des mécanos russes.

Cette BD m'a donc donné plusieurs envies :
* replonger dans l'épopée napoléonienne et en particulier sur l'étape russe
* lire le roman originel de Sylvain Tesson
* découvrir d'autres oeuvres de Virgile Dureuil

Un belle découverte en somme.
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critiques presse (2)
BDGest
17 janvier 2022
Bérézina se maintient en équilibre entre le roman historique et l’écrit « escapiste ». La mise en images offre une nouvelle lecture, d’un essai porté, en son temps, par de belles tournures et une prose crue et guerrière !
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
10 janvier 2022
Bérézina se lit avec beaucoup de plaisir, de préférence au coin du feu pour tenter de contrebalancer le froid qui imprègne les deux récits parallèles, bien servis par le dessin de Dureuil, autant appréciable dans la représentation des combats, que dans celle des paysages contemporains de ces villes d’une Europe de l’Est traversée 200 ans plus tard !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Après notre voyage sur le chemin de la retraite française, lorsque je me trouvais sur des falaises trop raides, en des bivouacs trop froids, j'ai souvent pensé à ces bougres rampant sur la route de glace, emmitouflés dans leurs haillons, nourris de tripe faisandée, et j'ai ravalé la glaire des grognements qui me venait aux lèvres.
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Les trente glorieuses avaient servi à cela : nous aménager des paradis familiers, des bonheurs domestiques, des jouissances privées.
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Par grand froid, on ne peut empêcher la pensée de cingler vers le souvenir des chairs chaudes.
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Nous avions tendu un fil terrestre de Moscou jusqu'en cette cour. J'avais l'impression de me réveiller d'un songe long de 4 000 kilomètres.
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Cet été-là, nous frôlions chaque jour des icebergs plaintifs. Ils passaient tristes et seuls, surgissant du brouillard, glaçons dans le whisky du soir.
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