AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pancrace


« Quinze sortes de Ketchup. A cause de choses pareilles, j'ai eu envie de quitter ce monde. »

La profusion de marques de Ketchup a expédié Sylvain Tesson en Sibérie sur les rives du lac Baïkal pour six mois, comme un médicament.
Pour moi, le manque de marques d'affection des citadins du bassin parisien m'a propulsé en Haute-Savoie, sur les rives du Lac Léman, définitivement.
Ce parallèle que j'aime à esquisser avec ce grand aventurier s'arrête là.
Les parallèles ne se rapprochent d'ailleurs jamais. Quoique…

Que va-t-on chercher dans le miroir de ces étendues fluides où se dessine les rides de nos vies ?
Le temps écoulé, le temps perdu. « En ville, les minutes, les heures, les années nous échappent. Elles coulent de la plaie du temps passé. »
Que devine-t-on dans ces immenses reflets glacés, limpides et satinés ?
La liberté. « L'homme libre possède le temps. Je suis libre parce que mes jours le sont. »
Que discerne-t-on de si enivrant à poser son regard sur le lointain, presque l'infini ?
La détermination. « L'homme qui maitrise l'espace est simplement puissant. »

Les réflexions qu'offrent les lacs ne sont pas toutes envoyées par le ciel.
Est-il plus courageux d'affronter son époque et les autres ou est-ce être un pleutre affolé par le monde que se terrer dans une cabane ?

Le roman aux 5717 lecteurs, 466 critiques et 1074 citations, je ne l'ai pas lu. Je n'ai d'ailleurs jamais lu Sylvain Tesson, chaque fois que je l'ai vu à la télé, il m'a paru antipathique et orgueilleux. Comme quoi les aprioris !
J'ai donc voulu faire une connaissance « soft ». L'album de Virgile Dureuil m'a immédiatement séduit, une BD d'après le récit de.
Je feuillette, j'achète…
Et je découvre un personnage avec une belle paire de « bollocks » accastillée sur un poète.
Un type qui murmure aux ours, qui marche sept heures d'affilée à moins trente degrés, un mec qui sait écouter la nature, les animaux, les autres, qui se baigne dans de l'eau à peine dégelée, qui boit beaucoup, beaucoup de vodka et puis qui raconte, qui lit, qui écrit, ses peurs, ses émerveillements, ses désillusions aussi, sur la politique, les hommes et les femmes.
Un bonhomme qui pense tout le temps alors que pourtant, « Les idéologies, comme les chiens, restent au seuil de la porte des ermitages. »

J'ai beaucoup aimé les dessins, souvent de gris, entre le blanc de la neige et le noir des idées ou parfois du bleu clair d'un ciel délavé comme d'un outremer foncé de solitude.

Je ne sais pas encore m'installer de nuit sur un belvédère à moins
vingt-cinq mais j'en suis sûr, « j'ai appris à m'asseoir devant une fenêtre. »
Et enfin, un peu grâce à vous, « J'ai découvert que d'habiter le silence était une jouvence. »


Commenter  J’apprécie          527



Ont apprécié cette critique (49)voir plus




{* *}