Le Lien

Le lien de Vanessa Duriès est un livre à ne pas mettre entre toutes les mains. J'ai lu ce roman - confession il y a plus de vingt ans. J'escomptais alors sur ce témoignage véridique pour m'aider à comprendre ce milieu très particulier du SM. Je trouve que la vie se charge déjà bien assez de nous faire mal, pourquoi s'affliger volontairement plus de souffrances ?

Étant étudiante, l'auteure tombe amoureuse d'un homme qui l'entraîne dans les méandres des relations sadomasochistes. Subjuguée, la jeune femme devient l'esclave de ce dominateur qu'on devine plus âgé et très à l'aise financièrement.

Dans un style crû et sans fard - mais sans surenchère pour autant, Vanessa Duriès raconte son initiation. le récit avance crescendo. Elle doit apprendre l'obéissance et la soumission à tout ordre de son maître ou à l'un ou l'une de ses paires, puisque les rencontres se font souvent en groupe. Maîtres et maîtresses amènent leurs esclaves des deux sexes. Ceux-ci ont pour tâche fondamentale de montrer à quel point ils ont été bien dressés.
L'auteure décrit en détail les scènes où se mêlent humiliation, souffrances physiques par le fouet ou les pinces, les rapports sexuels multiples dans lesquels elle passe de mains en mains.
Elle raconte les sensations qu'elle éprouve, où plaisirs et douleurs finissent par ne plus se différencier. le désir de se soumettre toujours plus. La fierté de contempler ses seins zèbrés de marques de badine ou de martinet. Fierté également d'être flattée par son maître comme on flatte la tête d'un chien qui a bien obéi.
Et orgueil suprême : être infibulée d'un anneau d'or aux niveaux des lèvres vaginales, honneur réservé aux très bonnes esclaves.

Vanessa Duriès explique également comment sa plongée dans l'univers sadomasochiste la coupe de plus en plus de sa famille et de ses amis. Tout le long de son témoignage bouleversant, on sent une faille en elle, une grande fragilité. En dépit de ses expériences toujours plus poussées, elle conserve comme une candeur intacte. Et n'en aime que plus fort son maître.

J'ai trouvé cette lecture très éprouvante. Certaines scènes étaient particulièrement difficiles à digérer. Pas forcément les plus hard au point de vue sexuel. Mais le rabaissement, l'humiliation, etc, malgré mes efforts pour comprendre le pourquoi on accepte tout ça, je n'y suis pas parvenue.

Je ne peux pas affirmer avoir aimer ce livre. Pourtant je ne regrette pas de l'avoir lu pour la vision qu'il offre de ce monde qui jusque là se résumait pour moi à un mot sans réelle substance. Il a au moins le mérite de m'avoir éclairée sur le sujet, tant sur l'aspect physique que psychologique.
Quant à le relire, même vingt ans après, non merci...

Le Lien / Vanessa Duriès
Voici un petit récit autobiographique d'une centaine de pages, bien écrit, contant les aventures d'une jeune fille confrontée à ce qu'on appelle parfois les plaisirs contradictoires et que l'on nomme plus communément le sado-masochisme.
Maltraitée dans sa tendre enfance de petite fille apeurée par un père violent, elle fut une victime qui apprit, au fil des coups reçus, à dominer la peur et la souffrance en rendant en quelque sorte mystique et ambiguë l'offrande de sa soumission. Elle ne parvient plus à haïr ce père qui la bat et finit par ressentir de l'orgueil de pouvoir supporter les châtiments injustes. La mère quant à elle est soumise et n'intervient pas.
Plus tard, elle fait la connaissance entre deux flirts de Pierre, un pur sadique qu'elle aime ( !) qui va l'initier à la transgression des tabous et lui faire découvrir un monde étrange aux rites les plus secrets et aux sévices les plus raffinés. Pierre est un émule du divin marquis et tient à lui faire connaître les délices comme les outrages de cette pratique où l'égarement des sens la pousse à être chérie, caressée, menacée, battue, tantôt esclave consentante soumises aux désirs et aux fantasmes barbares du tyran, tantôt sa geôlière.
Bien sûr ce genre de littérature s'adresse à un public averti et ne peut en aucun cas séduire tout le monde. En bref, on découvre ici l'ascèse étrange d'un amour partagé dans un fol univers où l'excitation et le plaisir font oublier ou transcendent la douleur.

Ce livre est divisé en deux parties :
- la première, le récit "L'étudiante" qui a été retrouvé lors de la mort de Vanessa Duriès mais qu'elle n'a pas terminé. Florence Dugas nous en propose alors une suite à sa façon. Dans ce récit, Vanessa commence alors à se rendre compte qu'une relation Maitre/soumise devrait avoir lieu entre deux personnes qui s'aiment, hors son Maitre ne l'aime pas ... Elle fait alors la connaissance d'une autre femme dont elle tombe amoureuse ... Mais cette femme (dans la suite imaginée par Dugas) n'est d'autre qu'une soumise à la recherche d'une autre femme pour son Maitre ... C'est l'aspect que j'ai beaucoup aimé, cette sorte de perversion imaginée par Florence Dugas mais je suis un peu restée sur ma fin de ne pas avoir de suite à ce récit ...

- la deuxième partie est le récit "le lien", récit de la soumission, très bien écrit, et plutôt excitant pour les amateurs du genre. de plus, il est assez intéressant de plonger dans ce milieu, à la fois d'un point de vue sexuel mais aussi d'un point de vue psychologique, afin de comprendre le ressenti de la soumise; celui du Maitre n'étant cependant pas développé.

Ce livre reste toutefois un bon roman du genre. A lire !

Il y a eu une polémique suite à la parution de ce roman/témoignage. Certains lecteurs ont trouvé que l'auteure était trop jeune (donc trop immature?) et surtout que le style, l'écriture plutôt masculine, ne pouvait pas correspondre à la vision d'une soumise, mais émanerait plutôt de son dominant...
Nous ne connaitrons jamais la réponse à cette question, puisque malheureusement Vanessa Duriès, la présumée narratrice est décédée prématurément à l'âge de 21 ans dans un accident de voiture.
Pour ma part j'ai trouvé la confession trés réaliste et probablement la vision que pourrait avoir un(e) soumis(e) de sa relation avec son(sa) Maitre(sse).
J'aurais toute fois plus apprécié la confession si elle avait été inversée dans les genres, c'est à dire le témoignage d'un soumis par rapport à sa Domina... mais bon, c'est toujours dans le même sens avec les oeuvres BDSM, à croire que l'inverse n'existe pas...

A lire pour tenter de comprendre le voyage de certain(e)s dans le SM, étrange !!!