Filons vers les îles Marquises :
Chose assez rare chez Durif: un texte franchement comique. Bien entendu il s'agit d'un comique corrosif qui déshabille le petit monde des élus locaux de province. Heureusement l'auteur ne se limite pas à seulement nous asséner un propos critique sur les moeurs et les coutumes de la politique communale. Il développe une fantaisie burlesque ainsi qu'une inventivité langagière qui peuvent s'apparenter à celles d'un Feydeau voire d'un
Ionesco.
D'ailleurs (petit aparté) j'engage les amateurs de
Ionesco à lire quelques pièces de Feydeau, il y a une proximité étonnante entre ces deux là. Certes Feydeau n'a pas l'arrière plan philosophique de
Ionesco, mais sa mécanique dramatique fonctionnant presque uniquement sur l'accélération l'emmène malgré lui dans les contrées du non sens, voire de l'absurde.
Mais revenons à nos Marquises, je pense que cette inventivité et cette fantaisie ont pu s'épanouir grâce aux contraintes de formes qu'
Eugène Durif a su s'imposer. Ainsi son propos critique était obligé de passer par le chas de l'exigence formelle. C'est-à-dire qu'il devait contourner les obstacles des contraintes pour parvenir à son propos. de cette manière ce dernier subissait des transformations au fil des détours et s'est enrichi de tout un imaginaire inconscient. Je ne sais si ce que je viens d'écrire est très compréhensible, mais bon en clair, Durif a su éviter le piège de la pièce à thème qui a toujours un petit côté lourdaud en jouant d'un style théâtral éculé en le renouvelant.
Voici une pièce de théâtre musicale qui pourrait être montée autant pour le plaisir de la satire sociale que pour celui du jeu burlesque. D'autant que pour l'instant, le sujet des petits tripatouillages politico-financier entre amis est toujours d'actualité dans notre beau pays.