AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,33

sur 12 notes
5
5 avis
4
2 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Ce roman est celui d'un dérangé.
Ce roman est dérangeant.
Ce roman est l'histoire d'un dérangé qui dérange tout autant le lecteur que les habitants d'un village de la France profonde où il débarque à l'âge de dix-neuf ans et huit mois.

Antonin se considère comme un raté, à partir du jour où il échoue à ses examens. N'envisageant plus d'avenir, il se débarrasse, sans en avertir ses parents, de l'appartement que ces derniers ont mis à sa disposition pour la poursuite de ses études, et part, muni d'une grosse somme d'argent liquide, habiter la maison en ruines où a vécu sa grand-mère.

Antonin le détaché, qui a quelque chose de l'Etranger de Camus, dépense alors sans compter, tente sans grand effort de se faire adopter, suscite à la fois la jalousie, la convoitise et l'hostilité des villageois et des villageoises, qui lui en veulent de pouvoir jeter l'argent par liasses et de se jouer des contraintes morales, sociales et économiques du lieu.

Car Antonin roule en voiture de sport, joue, oisif, toutes fenêtres ouvertes, sur son piano neuf, attire les femmes «à cause du parfum de sexe et de mort qui se dégage de sa peau», se laisse séduire par celles qui se disputent la jeunesse de son corps et en nourrissent leurs propres envies d'amour ou de dépravation, entretient plusieurs liaisons, dont une, équivoque, avec une fillette disgracieuse et délurée qui ne le quitte plus depuis qu'il l'a rencontrée le jour de son arrivée au village.

Car Antonin boit, se drogue, et, au fil d'une démarche provocatrice et auto-destructrice, invite dans la vieille maison du bourg borné un ami homosexuel avec qui il repousse au plus loin les limites de la débauche et de l'excès.

Au terme de cette dérive volontaire, au cours de laquelle, tel L'homme à la cervelle d'or, il se dévore lui-même jour après jour, Antonin, ruiné, est capturé et condamné à mort par son rival Hugo. Il réussit in extremis à s'extirper du tombeau où ce dernier l'a enterré vivant.

Il quitte alors discrètement le village de ses ancêtres, et retourne «de l'autre côté».

Ce départ, qui clôt le roman, s'annonce comme une seconde naissance, celle d'un Antonin peut-être définitivement dépouillé, comme le Vieil Homme de la tradition, de ses «Pensées sauvages».

Toute l'histoire étant racontée du point de vue du personnage, le lecteur vit de bout en bout l'étrangeté d'Antonin, partage intimement sa crise existentielle, ressent sa chute, éprouve son mal-être et vit son malaise.

Voilà un roman fort, d'où le lecteur sort en remerciant Marc Durin-Valois de l'avoir à ce point dérangé!

Patryck Froissart
St Paul, le 11 mai 2011

Lien : http://proesie.kazeo.com/
Commenter  J’apprécie          30
Ivre de liberté, un jeune homme se cherche, au risque de se perdre. Une quête de sens - et de sensualité- servie par une plume de toute beauté...

(Karen Isère/Tele 7 jours)
Commenter  J’apprécie          20
Je viens de lire le dernier roman de Marc-Durin Valois, Les Pensées sauvages, et j'ai été sensible au récit intérieur du jeune Antonin, qui cherche à fuir l'inanité de son existence de lycéen en prépa parisienne dans cette vieille maison ariégeoise, au coeur de l'été brûlant, tout comme Rimbaud est venu hurler son mal de vivre dans la maison de Roche, quand il écrit Une Saison en Enfer, en 1871. Trop brillant, trop lucide, trop jeune, la question du sens de sa vie hante Antonin, son rapport avec les autres est biaisé par sa difficulté à vivre. Seul, incroyablement seul, le microcosme rural dans lequel il se retrouve est menaçant, inquiétant, les femmes ne sont là que pour lui donner l'illusion, sans cesse déçue, d'une communion possible des âmes et des corps, l'amitié envisagée est piégée par des discours où la passion domine et fausse la communication. Toute sensation physique est extrême, exacerbée et pervertie par son mal-être Mais il fait son chemin, Antonin, il vit à fond son odyssée intérieure, va jusqu'au bout de son malaise, comme il va jusqu'au bout de la sonate de Litz qu'il joue sur le vieux piano de la maison, et finit, comme Rimbaud, par être « rendu au sol » et revenir au monde réel, différent, définitivement. Une expérience narcissique obligatoire pour renaître à la vie, laisser les pensées sauvages s'exprimer pour grandir et mûrir, la crise exacerbée de l'éternel adolescent qui revient aux sources pour y découvrir une vérité, voyage auquel chacun de nous aspire à un moment de sa vie, voilà ce que ce roman raconte, dans un style à la fois naturel et patient, qui rend compte avec justesse des replis internes de la pensée … sauvage, d'un être dans la tourmente.
Commenter  J’apprécie          10
J'ai travaillé pendant près de 10 ans en tant que clerc de notaire et je peux vous affirmer que qu'il est possible de vendre un appartement en très peu de temps. Si l'acquéreur ne recourt pas à un emprunt et s'il n'est pas nécessaire de purger le droit de préemption de la commune, comme c'est souvent le cas pour les appartements en copropriété à Paris, la réunion des autres pièces, la rédaction et la signature de l'acte peuvent être réalisées en 3-4 semaines.

Quant au paiement du prix de vente en liquide, les notaires ont pour habitude de refuser uen telle pratique, mais à la demande expresse des parties, il peut être indiqué dans l'acte que le prix a été payé en dehors de la comptabilité du notaire, les parties prenant alors leur responsabilité font leur affaire des modalités de paiement du prix.
Commenter  J’apprécie          10
L'auteur a reconté sur France Info que pratiquement tous les protagonistes du livre sont réels. L'histoire serait très proche de la réalité. Un film serait en préparation.
Les remarques de Choucane sont dans ce contexte complètement étranges. C'est à se demander si on a lu le même livre. Antonin, ne vend pas son studio en "quelques jours" (!) comme elle a crû comprendre, mais bien en deux mois entre le 24 avril (p 31) et moment où il réalise l'opération, le 31 juin (p17). Durin-Valois raconte d'ailleurs sur Myboox comment il a travaillé avec un notaire pour vérifier les délais de la vente et le paiement en liquide. Même erreur de Choucane concernant le temps que le héros de 19 ans, passe sans donner signe de vie à ses parents. Ce n'est pas "5 mois" mais à peine 3 mois 1/2, soit entre la mi-juin (page 34) et le tout début octobre (p179). Ce silence d'un enfant majeur, qui atteint 20 ans, n'a rien de particulièrement impressionnant....
Commenter  J’apprécie          10
Dès les premières pages l'écriture nous happe et cela jusqu'à la fin. Pour autant, au fil des pages surgit un malaise qui ne s'estompe pas refermant le livre. Un adolescent de 19 ans désoeuvré rate pour la deuxième fois son entrée à Normale en calant devant la question "A quoi sert une vie ?". le ton est donné et ainsi débute une errance faite de drogues, de sexe et de doutes dont le terme serait : se dissoudre en devenant adulte ou mourir. L'auteur dissèque un groupe humain, met les chairs à vif et nous laisse contempler. Il scrute cette génération terrorisée qui s'éternise dans un état transitoire. Une sorte de purgatoire d'où jaillit le doute et l'angoisse. Ce chemin chaotique et violent l'est d'autant plus que comme dans les films de Pasolini, Antonin, le personnage principal, va croiser une famille et nouer avec chacun des membres une relation passionnelle. Quelques invraisemblances dans l'histoire amoindrissent son impact comme le fait qu'Antonin, le personnage principal, vende l'appartement parisien de ses parents en quelques jours, perçoive l'intégralité de la somme en liquide et que son absence de 5 mois n'inquiète en rien ses parents. Un livre à lire en écoutant la Sonate en Si de Listz qui en accompagne chaque page.
Commenter  J’apprécie          10
Antonin, 19 ans, a échoué au concours d'une prestigieuse école. Il quitte Paris sans dire mot à ses parents et débarque à V*** village ariégeois où se trouve la maison abandonnée de sa grand-mère. Ses bagages : de l'argent, de la drogue et un piano. Dans ce village quasi-désertique, Antonin pensait être seul. Mais il y a Bernadette une gamine qui le suit partout et Lise qui l'attire. Excès de drogue et introspections, Antonin se cherche. Désespérément.
Si comme moi vous avez lu "Chamelle" de cet auteur, on est très loin de ce livre. Avec une écriture incisive, l'auteur nous décrit les tourments d'Antonin. Selon les désirs de ses parents, il aurait dû réussir de brillantes études. Eux qui se sont saignés pour lui acheter un logement à Paris. Sauf qu'Antonin ne réussit pas le concours pour l'école Normale après hypokhâgne. Ni la première fois ni la seconde. Avec la honte d'avouer à ses parents son échec, Antonin quitte tout et se réfugie dans la vieille maison de sa grand-mère en Ariège. Les habitants de ce petit village rural se posent des questions. Un gars de 19 ans qui débarque sans prévenir avec de l'argent et qui joue du piano la nuit. Antonin se perd, dérive dans les excès de la drogue.

La suite sur :http://fibromaman.blogspot.com/2011/02/marc-durin-valois-les-pensees-sauvages.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          10
VALEURS ACTUELLES/Les pensées sauvages par Stéphanie Leclair de Marco:
À le voir, tout en douceur, qui croirait que cet écrivain, déjà lauréat d'une dizaine de prix littéraires, remue des pensées aussi sombres sous son grand front ? Antonin, son héros de 19 ans, ressemble à celui de Pasolini dans Théorème : même séduction vénéneuse, même goût pour la destruction et la mort. Pour l'amour charnel aussi. Sans oublier la drogue. Ce roman, qui conte la descente en lui-même d'un être tentant de se distinguer des autres, se lit avec plaisir grâce à une écriture poétique, d'une rare justesse d'évocation. La maison rouge et la campagne ariégeoise où se déroule l'action restent en mémoire. On se prend à désirer que ce jeune homme pathétique mais sympathique réussisse à se tirer du guêpier où il s'est fourré. Il a aussi quelque chose du personnage interprété par Alain Delon dans la Piscine...
Commenter  J’apprécie          10
"Mené d'une main de maître par un Durin-Valois à son meilleur, incisif, nerveux, inspiré. Et roman composite aussi : à la fois tableau d'une certaine jeunesse déboussolée et fable contemporaine sur toutes les illusions perdues...."
Livres-Hebdo/Jc Perrier
Commenter  J’apprécie          10
Me voilà aujourd'hui avec un livre à l'atmosphère particulière, qui se dégage nettement de ce que j'ai pu lire récemment. Un livre qui reste en tête. Dans « Les pensées sauvages », Marc Durin-Valois met en scène Antonin, un jeune homme de 19 ans. Après trois années d'études en classe préparatoire, il a échoué au concours de l'Ecole Nationale Supérieure pour n'avoir pas su répondre, dans sa dissertation de philosophie, à cette épineuse question : « A quoi sert une vie ? »

Alors, il plaque tout : il vend l'appartement que lui ont acheté ses parents, dilapide son argent en drogues diverses, et part se réfugier dans la maison où vivait auparavant sa grand-mère, dans un petit village d'Ariège. Il fuit une vie qui semblait toute tracée.

Il fait là-bas un certain nombre de rencontres : la jeune Bernadette, d'une laideur repoussante, qui le suit comme son ombre tout en se demandant ce qu'est vraiment l'amour ; Lise, une femme, entrée dans la cinquantaine mais qui le refuse, cherchant à se sentir vivante dans la passion ; Hugo, le patriarche du village dont l'attitude oscille entre intimidation et compréhension amicale.

Dans ce petit village, il noue des relations troubles avec les gens, il les defie. Il cherche les limites. En effet, Antonin veut exister dans le regard des gens, retrouver une identité, un contour. Mais il ne se reconnaît pas, se sent étranger à lui-même, extérieur à tout. Alors, il multiplie les provocations, cherche à faire du mal aux autres et à lui-même, et le roman prend des allures de voyage initiatique vers l'âge adulte. S'adapter ou mourir, tel est le choix qu'Antonin doit faire.

Comme évoqué au début de ce billet, c'est un livre qui a une vraie atmosphère, sombre, un peu pesante. le lecteur y est plongé jusqu'au cou, comme s'il était lui-même un habitant du village, observant les faits et gestes d'Antonin. Marc Durin-Valois nous fait ressentir le mal-être de son personnage, ses peurs, ses hésitations. de belles phrases, bien balancées, nous font progresser dans le livre sans obstacle.

Voilà pourquoi c'est une expérience de lecture que je vous conseille…
Lien : http://romans-entre-deux-mon..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (23) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3658 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}