"Alors pourquoi se bat-on?....Le soldat de 1916 ne se bat ni pour l'Alsace , ni pour ruiner l'Allemagne, ni pour la patrie. Il se bat par honnêteté , par habitude et par force. Il se bat parce qu'il ne peut pas faire autrement . Il se bat ensuite , parce que après les premiers enthousiasmes , après le découragement du premier hiver est venue ...la résignation ... On a changé sa maison contre un gourbi... On a taillé sa vie dans la misère , comme autrefois dans le bien-être ... On s'imagine même plus que cela puisse changer. On l'espère toujours, on n'y compte plus."
Cette formidable organisation , dont l'Exécutif des transports maritimes est à la tête , symbolise parfaitement ce qui a probablement été le phénomène économique essentiel de la guerre : la substitution du dirigisme d'Ètat à l'initiative privée.
Que pensent ces hommes avant le moment fatal? A part quelques exaltés (Hitler en était) , tous ont peur - la coutume étant de ne pas l'avouer et surtout de ne pas en accuser les camarades.....Les combattants ont su , pendant quatre ans et demi, que sans cesse une épée de Damoclès menaçait de les détruire.
Enfin pour présider le tout, le célèbre Ernest Lavisse "personnage prépotent de l'Université devenu très gros personnage de l'État ; on ne pouvait rien faire sans lui qu'on ne lui parût entreprendre contre lui.... Il accepta sans la moindre réticence"
" Quant aux vivants , que nous accueillerons quand ils passeront sur nos boulevards , vers l'Arc de triomphe , qu'ils soient salués d'avance! Nous les attendons pour la grande oeuvre de reconstruction sociale . Grâce á eux , la France , hier soldat de Dieu, aujourd hui soldat de l'humanité , sera toujours le soldat de l'ideal."
Commentaire de l'auteur
On pouvait employer des formules comme celle-là en 1918 , le 11 novembre. De tels moments sont rares dans l'histoire d'un peuple. Une telle intensité de sentiments ne peut être qu'éphémère
"Dans les batailles futures , écrit-il , ces primitifs pour lesquels la vie compte si peu et dont le sang bouillonne avec tant d'ardeur atteindront certainement à l'ancienne "furia française " et la réveilleront s'il en était besoin"