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EAN : 9782889273416
144 pages
Editions Zoé (19/08/2016)
3.6/5   491 notes
Résumé :
À Sokcho, petite ville portuaire proche de la Corée du Nord, une jeune Franco-coréenne qui n’est jamais allée en Europe rencontre un auteur de bande dessinée venu chercher l’inspiration depuis sa Normandie natale.
C’est l’hiver, le froid ralentit tout, les poissons peuvent être venimeux, les corps douloureux, les malentendus suspendus, et l’encre coule sur le papier, implacable : un lien fragile se noue entre ces deux êtres aux cultures si différentes.
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Critiques, Analyses et Avis (153) Voir plus Ajouter une critique
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C'est un roman d'atmosphère, de sensations, d'émotions, exprimant une sensualité retenue, l'ensemble à travers la brève rencontre d'un dessinateur français avec une jeune sud-coréenne qui travaille dans la pension où il va résider quelques temps au coeur de l'hiver de Sokcho.

L'un ne pense qu'aux dessins qu'il doit élaborer en profitant de ce séjour hivernal à l'étranger, seul lieu où il parvient à mettre en page son talent, l'autre ressent une attirance pour cet homme, ses mystères, ses dessins, elle voudrait être dessinée par lui. Entre eux, beaucoup de retenue, dans les mots, les attitudes, les gestes qui ne vont jamais au bout de là où ils pourraient parvenir, préservant ainsi tout l'indicible de cette rencontre particulière.

C'est aussi un roman qui parle de cuisine, avec de nombreux détails sur les différents mets et leur préparation. La jeune fille voudrait que le dessinateur goûte sa cuisine, et certainement secrètement son corps, mais, lui, n'est pas tenté par la première et semble incapable d'approcher de trop près le second.

L'histoire se déroule en une douceur délicate, avec de très nombreuses références à la nature, au vent, à la neige, au sable de la plage, aux vagues écrasées par le froid, aux oiseaux et tous les éléments de cette ambiance feutrée contribuent indiscutablement à la beauté qui émerge paisiblement de ce beau roman.
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C'est l'hiver à Sokcho. Il n'y a rien à faire. Les touristes ont déserté la station balnéaire, proche de la frontière entre la Corée du Sud et celle du Nord. le vent et le froid engourdissent la ville et les âmes. Aussi, lorsque cet homme, perdu dans son manteau de laine, une valise à la main, demande à la réceptionniste de cette pension s'il peut rester quelques jours, elle est surprise. L'enregistrement fait au nom de Yan Kerrand, originaire de Granville, elle lui présente l'annexe où il dormira et la salle de bain commune. Qu'est donc venu faire ce français, dessinateur de bandes dessinées, dans cet endroit si calme, si vide ? Elle ne le voit pas beaucoup, il vaque dans sa chambre, parle peu tandis qu'elle s'ennuie dans cette pension où elle y prépare les repas et nettoie les chambres...

Un hiver à Sokcho, c'est la rencontre, presque impossible, de deux âmes esseulées, un Français et une Franco-coréenne. Ils se frôlent, se jugent et se jaugent, s'épient, s'approchent pour aussitôt s'éloigner. Leur rencontre se fait silencieuse. Un hiver à Sokcho, c'est ce moment suspendu, cette sorte de flottement, de parenthèse inattendue. Cet homme qui passe son temps à dessiner et elle qui ne semble ne vouloir être que sous sa plume. Moment d'abandon, de quête de soi, où l'on prend conscience que la vie n'est qu'une fuite, que l'autre, à jamais, reste inaccessible et les désirs inassouvis. La plume gracile, aérienne et tout en retenue d'Élisa Shua Dusapin nous plonge dans une ambiance intime, vaporeuse et céleste.
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Sokcho, petite station balnéaire côté sud de la frontière entre les deux Corées.
Sokcho en hiver, ville portuaire déserte et glaciale.
Une pension miteuse, où travaille une jeune femme franco-coréenne. Il n'y a rien de mieux à faire, entre les visites à sa mère et les rendez-vous avec son petit ami attiré par le bling-bling de Séoul.
Rien de mieux à faire que d'étouffer sous la pression sociale (il faut être mariée, il faut être belle, même si c'est grâce à la chirurgie esthétique) et la peur latente à l'égard de l'encombrant voisin du Nord.
Et pourtant.
Une parenthèse s'ouvre.
Un Français arrive dans cette pension du bout du monde. Il dessine des bandes-dessinées.
Elle l'épie, il refuse de goûter sa cuisine, elle l'emmène en excursion. Frôlements, regards, silences, quelques phrases pour peu en dire.
Pas de révélation, de révolution, pas d'histoire d'amour, pas de tremblement de terre passionnel.
Pudeur sensuelle (ou l'inverse), brèves attirances aussitôt repoussées, solitudes irréductibles, fragilités.
Parenthèse refermée.
Une histoire sans histoire, un texte épuré, délicat, subtil.
Pas d'histoire mais des sensations, des impressions, de la retenue.
Rien qu'une ambiance, c'est déjà beaucoup.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce - pourtant - court roman. La faute à un sentiment de déjà-lu et à une écriture tellement épurée qu'elle peine au départ à donner du relief à ces pages de l'infime et d'un quotidien qui peut sembler insipide.
Et puis le charme m'a prise. Je me suis laissée bercer par la sensualité des mots pour décrire les liens qui se tissent en silence entre l'héroïne sud-coréenne et le Français taiseux, les ressentis météorologiques dans cette Corée hivernale, la préparation minutieuse des plats qui disent beaucoup plus que des paroles, le cheminement de l'encre sur le papier lorsque l'étranger dessine et peint sous le regard clandestin de la narratrice. Les sentiments s'affinent, l'envie et le besoin d'émancipation s'affirment chez la jeune femme sous emprise d'une vie qu'elle subit. C'est très subtil.
Certains passages sont surprenants, lorsque le roman quitte les sentiments éthérés pour revenir sur terre, notamment un, très saisissant, qui décrit le visage de la tante de l'héroïne lors d'un repas avec les aliments qui s'y engouffrent et en sortent d'une façon quasi animale.
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Rencontre improbable, aérienne, impalpable, contemplative entre deux êtres que tout sépare quoique…
A Sokcho, petite ville portuaire de la Corée du Sud, la narratrice, une jeune franco-coréenne qui n'est jamais allée en Europe rencontre Yann Kerrand, un auteur de bande dessinée, venu chercher l'inspiration loin de sa Normandie natale.
L'intrigue est mince, le vocabulaire précis, l'ambiance feutrée, semblable à un huit-clos.
Un récit très mélancolique, poétique, retenu, où les mots sont déposés d'une manière délicate qui nous plonge dans l'hiver sud-coréen, dans une pension de famille sclérosée , un peu délaissée par le froid et les liens fragiles se nouant entre deux êtres .
La narratrice conte et commente l'oeuvre de Yann Kerrand, son héros, dont la propre histoire se fond progressivement pour se clore sur « des traces de pas dans la neige ».

Je n'en dirai pas plus.
Une oeuvre difficile à commenter, d'une grande sensibilité, une rencontre singulière où le froid ralentit tout.
Une confrontation entre deux cultures qui touche le lecteur, une écriture lumineuse, efficace, épurée.
Un premier roman qui peut se relire afin d'en apprécier la subtilité et la délicatesse.
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
09 janvier 2017
Cet étonnant premier roman a été l’une de nos plus belles découvertes du temps des Fêtes... et on a eu envie de la partager!
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (86) Voir plus Ajouter une citation
Ses doigts glissaient avec timidité sur le papier. Le pinceau balbutiait sur les proportions du corps. Du visage surtout. Elle prenait un accent oriental. Il ne devait pas avoir l'habitude de représenter des femmes, j'en avais peu vu parmi ses personnages. Lentement, ses traits se sont faits plus sûrs. Elle s'est mise à tournoyer dans une robe. Tantôt maigre tantôt voluptueuse, bras étendus ou ramassés, tordue toujours, elle se modelait sous ses doigts. De temps à autre, Kerrand arrachait un morceau de feuille pour le mâchonner.
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Ce qui sculpte une image, c'est la lumière.
En regardant bien, je me suis rendue compte qu'au lieu de l'encre, je ne voyais que l'espace blanc entre deux traits, l'espace de la lumière absorbée par le papier, et la neige éclatait, réelle presque.
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C'était un lieu sans en être un. De ces endroits qui prennent forme à l'instant où l'on y pense puis se dissolvent , un seuil, un passage, là où la neige en tombant rencontre l'écume et qu'une partie du flocon s'évapore quand l'autre rejoint la mer.
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J'ai replacé ma main sur mon sexe déjà humide. De mon autre main, j'ai saisi ma nuque puis mes seins, imaginant un homme pour me pétrir, remplir mes hanches. J'ai caressé plus vite, plus fort, jusqu'à ce que mes cuisses vacillent, que la jouissance m'arrache un gémissement.
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" Le bruit de la plume s'est fait continu, lent comme une berceuse. Avant de m'endormir, j'ai essayé de retenir les images qu'il avait fait naitre en moi, de ne pas les oublier car je savais qu'elles auraient disparu quand je pénetrais dans la chambre le lendemain".
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Vidéo de Elisa Shua Dusapin
Elisa Shua Dusapin était présente sur le plateau de la Grande Librairie pour présenter son quatrième ouvrage le vieil incendie, paru le 22 août 2023, aux éditions Zoé. Ce dernier raconte une nouvelle fois les liens familiaux et plus précisément de deux soeurs. Agathe et Véra, sa cadette aphasique, se retrouvent après quinze ans. A 15 ans, l'aînée a fui la maison familiale pour ne plus avoir à protéger sa soeur de la méchanceté des autres. Ce n'est pas sans culpabilité qu'elle a mis un océan entre son père et Véra, laissés en tête à tête dans cette bâtisse en pleine nature qu'il faut maintenant débarrasser. Une fois vidées, les pierres des murs anciens restaureront le pigeonnier voisin, ravagé par un incendie vieux d'un siècle. Véra a changé. Agathe retrouve une femme qui cuisine avec agilité, lit Perec et répond à sa soeur "Humour SVP" grâce à son smartphone dont elle lui tend l'écran. Un roman fort et très intimiste.
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