Une aventure monumentale est un roman historique centré sur les débuts de la protection du patrimoine français sous Louis-Philippe, avec l'arrivée en tant qu'inspecteur général des Monuments historiques du jeune
Prosper Mérimée.
Mérimée intrigue et réussit à obtenir cette place, qui à l'époque est vide de sens : pas de personnel, pas de législation contraignante. Les pilleurs d'oeuvres d'arts et les collectionneurs n'ont qu'à se servir. Tant pis pour les monuments historiques qui tombent en ruine. Parmi ces voleurs, figure la jeune britannique Emily Dingham. Elle n'a guère de scrupules à expédier outre-Manche des pans entiers de l'Histoire. Pourtant, en rencontrant
Mérimée et en admirant son activisme, elle va comprendre ce besoin de conserver ces traces du passé. Ses déplacements l'ont l'amener à croiser
Viollet-le-Duc, architecte autodidacte qui sauvera Vézelay et « recréera » Notre-Dame, et un écrivain déjà fort célèbre qui siège dans la commission de protection du patrimoine :
Victor Hugo. le coureur de femmes qu'il est ne peut rester insensible à Emily, particulièrement lors de sa période d'exil dans les îles anglo-normandes.
Ce roman s'appuie sur la vie de
Mérimée, ses compte-rendus à son ministre, son engagement pour la conservation du passé, puis sa mutation en courtisan de
Napoléon III lorsque l'Empire sera là. Violet-le-Duc apporte, lui, son originalité, sa recréation du Moyen-âge. Dutaillis utilise Hugo surtout pour sa vie familiale, sa maîtresse, et ses aventures sentimentales dans la seconde partie de l'ouvrage. Tout est romancé, mais les biographies de chacun des personnages réels sont respectées.
Reste Emily, celle qui raconte l'histoire, avec une liberté de ton et un choix d'expressions un peu trop moderne. Emily a le regard d'un lecteur d'aujourd'hui, parfaitement anachronique à l'époque. Ce choix de transmettre l'histoire au travers d'un personnage vraiment en avance sur son temps est le principal défaut de cet ouvrage, parfois très porté sur la romance, mais qui par ailleurs permet de redécouvrir trois grands personnages du dix-neuvième siècle.
Au détour de cet intéressant livre, j'ai découvert que
Mérimée était en fait très lié à Eugénie de Montijo, dont il accompagna les années d'études parisienne. Un père de procuration en quelque sorte.
Dutaillis introduit le lecteur auprès de ces grands noms, comme
Jean Diwo le faisait dans ses livres, en respectant le passé et en l'agrémentant d'un récit romancé.