Citations sur Livre pour Adultes (24)
Toute notre vie est ainsi jalonnée par les extinctions d'êtres, d'objets, d'habitudes, comme autant de petits mondes qui s'éteignent pour toujours.
« Les bien portants plaignent les mourants comme s'ils n'allaient pas mourir eux-mêmes ; les jeunes plaignent les vieux comme s'ils n'allaient pas vieillir eux-mêmes ; les vivants s'apitoient sur les morts comme si leur condition étaient différente. La compassion, la supériorité, marque un avantage très relatif, car le spectacle qui nous afflige est celui de notre propre destin. »
On pourrait poser la question autrement, et se demander si se reproduire est vraiment une bonne action, quand on sait ce qui attend les enfants dans ce monde surpeuplé. Un certain degré de maturité intellectuelle devrait nous affranchir de cette aveugle nécessité. (...)
Impossible néanmoins de résister aux encouragements qui font de la mise au monde le seul crime légal applaudi par la collectivité entière. (p. 73)
« L'extinction du monde rural revêtait une lenteur campagnarde. Le paysage changeait, détail par détail, chaque fois qu'une maison poussait avec ses murets de parpaings, que la friche jaunâtre envahissait un pré à l'abandon, qu'un parking se recouvrait de poubelles de tri sélectif, que des réverbères annulaient la nuit étoilée, que le département élargissait la route en arasant les tournants pour la transformer en piste rapide adaptée au flux des 4 x 4. Une certaine façon de vivre qui avait occupé la majeure partie de l'humanité depuis le Moyen-Âge n'avait simplement plus sa place à l'ère de la production agricole intensive et de la mondialisation des échanges. Restait toujours, cependant, une poignée de fermes perdues, de chemins pierreux, quelques vaches laitières et quelques basse-cours. L'ancien monde s'éteignait comme s'éteignent, en ville, les lumières d'un building jusqu'à l'obscurité complète. »
Le Paris des rêves sucrés n'est pas à une contradiction près. On s'en rend compte, en plein été, quand les animations de Paris Plages occupent les rives de la Seine et que la population, transformée à son tour en masse touristique, vient y rechercher une sensation de vacances troublée seulement par les alertes à la bombe. Depuis les berges fermées à la circulation, au nom de la vertu écologique, toutes les voitures se concentrent plus haut, sur les quais.Le Paris estival, autrefois paisible, s'est transformé en embouteillage permanent qui s'étend aux rues adjacentes. les grands projets de la mairie pour "lutter contre les nuisances" se traduisent ainsi par une pollution renforcée dont les vapeurs retombent discrètement sur la foule venue goûter le bon air et tranquillité du fleuve.
" L'important, ce n'est pas la famille, ce sont les amis."Ma mère répétait souvent cette phrase, comme pour souligner l'importance qu'elle attachait aux élans spontanés plutôt qu'aux normes sociales.
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Depuis toujours mes amis constituent ma véritable famille, la seule qui relève de ma liberté.
Une certaine façon de vivre qui avait occupé la majeure partie de l'humanité depuis le Moyen Age n'avait simplement plus sa place à l'ère de la production agricole intensive et de la mondialisation des échanges. Restait toujours, cependant, une poignée de fermes perdues, de chemins pierreux, quelques vaches laitières et quelques basses-cours. L'ancien monde s'éteignait comme s'éteignent, en ville, les lumières d'un building jusqu'à l'obscurité complète.
« À la plage d'Étretat, les familles se retrouvent chaque année devant les mêmes cabines de bain où les uns grandissent tandis que les autres vieillissent, chaque génération venant balayer la suivante. Les jeunes mamans débarquent avec leur nouveau-nés, et chacun se presse pour admirer ce spectacle aussi touchant qu'une portée de chatons. Les enfants d'hier, déjà grisonnants, accompagnent leur progéniture au bord de l'eau, et semblent heureux d'obéir à cette mécanique du vivant qui, bientôt va les broyer à leur tour. Quelques vieillards se traînent jusqu'aux vagues. Ils sourient parce qu'ils sont bien élevés, qu'ils croient en Dieu et aux valeurs bourgeoises, mais leur corps les fait souffrir, leur horizon est sombre. Les plus lucides, observant les nouveau-nés qui babillent songent que certains connaîtront un destin tragique, que presque tous peineront, souffriront, s'interrogeront sans réponse devant la mort... Il faut pourtant que tout recommence inlassablement et que ces mêmes fillettes devenues « mamans » exposent à leur tour leur progéniture sur les galets, puis que ces mêmes bébés, devenus « papas » grisonnants, apprennent à leurs enfants à piquer les vagues. »
Les vagues déroulent leurs torsades d'une extrémité à l'autre du rivage, dans un bouillonnement d'écume où passent les goélands argentés.
Une nouvelle vague vient s'écraser en contrebas. J'aime son bruit, son parfum, et surtout les couleurs qu'elle engendre en se soulevant, puis en s'arrondissant avec des reflets bleus verts et où se perdent des filaments d'algues colorées.