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EAN : 9782714479709
400 pages
Belfond (16/08/2018)
3.78/5   36 notes
Résumé :
Mohsin, un immigré algérien, vient de décéder. Il laisse derrière lui une lettre dans laquelle il s'accuse de la mort d'un être innocent, ainsi qu'une série de vieilles photos où il apparaît
avec une enfant brune, omniprésente, Hind.
Sa fille, Lydia, interroge alors ceux qui ont autrefois connu son père, à Créteil, à la fin des années 1970. En particulier les habitants du " Château ", une villégiature délabrée plantée non loin de la cité des Choux et t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 36 notes
Ma douzième lecture dans le cadre de cette session de rentrée littéraire 2018 des 68 premières Fois : le Fou de Hind de Bertille Dutheil

C'est un roman déroutant.
J'ai apprécié l'ambiance, la solidarité de la communauté d'immigrés décrite, la complexité des familles recomposées, le poids du passé douloureux…
Je suis rentrée dans l'écriture polyphonique, j'ai voulu moi aussi avancer dans le jeu de piste proposé, percer le mystère autour de Hind, noeud thématique du récit, personnage éponyme reprenant vie dans les souvenirs de celles et ceux qui l'ont connue. J'ai été sensible au tragique de ce livre, au destin des protagonistes.
Je me suis laissée endormir et porter par les longueurs du récit, sans doute parce qu'elles différaient le dénouement que je sentais inexorable…
Je me suis identifiée à Lydia, la fille à la recherche du passé de son père, immigré algérien en France dans les années 1970, qui vient de décéder en 2011 en lui laissant une étrange lettre où il s'accuse de la mort d'une personne innocente.
En moi, l'ancienne joueuse d'échecs a su lire les métaphores liées à ce jeu et en saisir toute la portée, dans la diagonale du fou, par exemple, et une forme de folie dans la partie qui se joue entre Hind et son père adoptif.

Voilà un livre très bien écrit, des personnages travaillés, que l'on suit de l'enfance, à l'adolescence et jusqu'à l'âge adulte… C'est un parcours initiatique très intéressant, particulièrement fouillé. Il y a un vrai travail de recherche en amont de l'écriture, sans doute en rapport avec les études de l'auteure et aussi un vaste univers romanesque avec l'énigme à résoudre et le milieu du lupanar clandestin et la grand-mère russe.
Et pourtant, quelque chose m'a gênée, m'a laissé un goût amer. C'est difficile d'en dire plus sans divulgacher des éléments importants de l'intrigue. J'ai d'abord eu du mal à m'approprier un univers référentiel que je ne connaissais pas, sur l'amour qui doit être caché, car le roman porte en filigrane un poème algérien ancien. Mais, j'ai surtout été sensible au lien de filiation généré par l'adoption de Hind par Moshin, lien indéfectible et irrévocable selon la loi, fragilisé par des sentiments réciproques mais ambigus, mis en mots à travers la parole des autres, dans une spirale de non-dits de plus en plus pesante. Il y a ici une dimension tragique au sens classique, provocant horreur et pitié, dont je vais garder le souvenir.

Un roman complexe, qui interroge.
Un roman qui sort du lot, qui peut ne pas plaire, mais dont on se souviendra.
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Quelle belle histoire!
Pour un premier roman, il faut saluer la maîtrise de l'exercice de style qu'est l'écriture romanesque chez Bertille Dutheil!
Elle donne, avec talent, la parole aux principaux protagonistes de l'histoire dans des chapitres qui évoluent au fur et à mesure que se dénoue l'énigme posée comme point de départ de l'intrigue: qui est Hind?
Cette question, c'est Lydia qui se la pose. Cette femme vient d'enterrer son père et découvre dans les affaires personnelles de celui-ci des photos où se trouve une fille, dont le prénom est noté au dos: Hind. Elle trouve également une lettre dans laquelle son père s'accuse de l'avoir tuée… Lydia n'a jamais entendu parler d'elle. A-t-elle eu une soeur aînée tenue secrète? Si c'est le cas, pourquoi?
Lydia va remonter la trace de son père, Moshin, immigré algérien arrivé en France dans les années 70 pour travailler en tant qu'ébéniste. Avec d'autres immigrés comme lui, sans le sou et pleins de bonne volonté, il va aménager un lieu de vie surnommé "Le Château" en banlieue parisienne. C'est vers eux que Lydia va se tourner; Mohammed, Ali, Luna, Marqus et Sakina, qui, en remontant le fil de souvenirs enfouis, vont faire revivre le fantôme de la jaune Hind, disparue trop tôt pour connaître sa cadette.

Ce roman polyphonique est tout simplement passionnant. J'ai volontairement fait durer ma lecture car je n'avais pas envie de quitter ces personnages attachants. Les révélations qui se suivent sont vraiment inattendues et il règne durant la majeure partie du récit un suspens incroyable concernant l'histoire de cette "petite" Hind. Les révélations sont souvent étonnantes. de plus, les histoires des uns et des autres s'appuient sur une documentation sociale et historique que l'on devine très solide.

Une auteure à lire de ce pas et à surveiller par la suite!
Lu dans le cadre des « 68 premières fois ».

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Que savons-nous vraiment de nos proches ?
Le père de Lydia, Mohsin Abbas, vient de décéder à la maison de retraite. Il laisse à sa fille quelques photos ainsi qu'une lettre énigmatique, dans laquelle il s'accuse du crime d'un innocent.
Lydia part alors à la recherche de ce père souvent absent. Au dos d'une des vieilles photos, deux noms : Hind, et Mohammed Afkir. Lydia retrouve Mohammed grâce à internet ; patiemment, elle reconstitue la vie de Mohsin, de l'Algérie aux bidonvilles de Nanterre, puis au « Château », une grande maison délabrée de Créteil, que se partagent plusieurs familles… Mais qui est donc Hind cette petite fille brune qui apparaît sur les photos ? Hind dont Lydia n'a jamais entendu parler ?
En recueillant les témoignages de Mohammed, puis d'Ali, Luna, Marqus et Sakina, personnages qui viennent tous, à leur manière, décrire Hind, et raconter l'histoire de Hind et de Mohsin, Lydia reconstitue un puzzle, l'image d'un homme inconnu, un Mohsin bien plus jeune, que la passion pour une jeune fille a rendu fou.
Mais c'est aussi Hind qui se dessine à travers Mohsin, Hind, sa fille adoptive, qui a partagé la vie de tous ces témoins. Tous l'ont beaucoup aimée et gardent en eux le souvenir de son destin tragique.
Une très belle histoire, qui parle à sa manière de l'immigration et de l'intégration, de l'amour que l'on porte à ses proches sans toujours les connaître, mais surtout de la passion qui peut embraser le coeur le plus sage.

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***

Quand Lydia apprend la mort de son père, elle accourt à la maison de retraite où il vit depuis quelques temps. de ce père aimant mais silencieux, il ne reste qu'un corps à veiller et une boîte remplie de souvenirs... Elle découvre des photos et l'existence de Hind, une petite fille que son père semble lui avoir caché. Mais la dernière lettre de Mohsin va semer le doute dans l'esprit de Lydia et elle part à la recherche de son passé, de celui de son père, et du Château...

Dans ce premier roman, Bertille Dutheil nous emmène non pas dans une mais plusieurs histoires de famille. Même si Hind est celle qui les relie toutes, on entend la voix des différents voisins et amis de Mohsin et Hind.

Avec une écriture travaillée, fluide, Bertille Dutheil tisse la toile d'une histoire familiale mystérieuse et dont les côtés sombres s'épaississent au fil des pages. La vie de nos parents n'est pas toujours aussi lisse qu'on l'imagine, elle ne débute pas avec nous et ils éprouvent parfois le besoin de se justifier, une fois la mort en approche.

Un roman agréable, avec une construction maîtrisée et originale mais dont certains passages m'ont paru un peu trop lents.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond pour leur confiance, ainsi qu'aux 68 pour la découverte...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2018..
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La musique du titre me plaisait.
L'action se situe en région parisienne.
A la mort de son vieux père en maison de retraite , Lydia récupère ses affaires , un coffret en bois qui contient des photos argentiques qu'elle n'a jamais vues et une lettre qui lui est destinée.
Une lettre étrange, incompréhensible, dans laquelle il s'accuse d'avoir "péché au-delà de ce qui est imaginable".
Le ton est donné :le mystère, le secret à découvrir. Lydia s'y emploie, recherche les personnes qui l'ont connu, bien avant son second mariage, bien avant sa naissance, il y a une trentaine d'années.
Les personnes contactées sont troublées, réticentes, pour entretenir le mystère. En secret, chacune se remémore ses années d'enfance, retrouve les souvenirs ensevelis.
Leurs parents immigrés, algériens et marocains partageaient une vieille maison divisée en appartements avec une salle à manger commune. L'enchantement "les liait les uns aux autres".
A mon avis, l'intérêt de ce roman réside surtout dans le comportement des parents, leur mode de vies dans les années 80. Leurs caractères, leurs relations sonnent très juste et les rendent présents.
Un roman prenant, qui se lit avec intérêt en dépit des longueurs et répétitions de l'évocation de leur passé.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Guérira-t-il de toi, ce cœur à la torture ?
Je suis désir, amour, tremblement, déchirure :
Plus je veux m'approcher, et moins tu m'y invites.
Je suis le passereau dans la main d'un enfant :
Elle le presse, il goûte aux vasques de la mort.
L'enfant joue : à cet âge on ne sait pas encore
S'apitoyer sur l'autre. Et pour l'oiseau, comment,
Quand on a si peu d'aile, échapper en volant ?
Je sais, moi, mille endroits vers où guider mes pas...
Mais où aller, mon cœur, si tu ne me suis pas ?

(extrait de Majnûn Layla, le Fou de Layla)
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Je sais tout. Et, si surprenant que cela puisse paraître, je n’en éprouve pas la souffrance attendue. A l’inverse, cette lecture est pour moi un soulagement. Mon père a cessé d’appartenir à son mystère, il est redevenu homme à mes yeux, et plus humain qu’il ne l’a jamais été de son vivant. Cela a été comme une première rencontre avec celui que j’ai aimé sans le connaître, sans le comprendre, qui toujours s’était dérobé dans un monde impénétrable où les vivants et le présent ne pouvaient pas l’atteindre, dans le demi-sommeil des grandes douleurs qui n’ont pas de mot pour se dire.
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Pendant longtemps, nous avons tous considéré Hind comme une enfant dissipée et légère ; mais je crois, avec le recul, qu’elle était au contraire, à sa manière, extrêmement concentrée et observatrice. L’école n’arrivait pas à l’intéresser vraiment parce que le savoir lui était donné. Elle l’apprenait et l’oubliait aussitôt. Le savoir que recherchait Hind était un savoir masqué, la profondeur du temps que cachent les rides du front, la vraie vie des familles que cache le maquillage des façades et des comportements. Elle aimait les livres et les gens pour les récits qu’ils contiennent ; elle aimait les secrets et les mystères… Sa relation avec Mohsin était profonde et étrange. Ils se parlaient peu, mais dans presque tout ce que faisait Hind, dans presque tout ce que sa drôle de petite tête industrieuse tramait, Mohsin avait un rôle central. Je savais qu’entre eux alternaient des périodes de paix et de guerre, dont je ne connaissais ni les tenants ni les aboutissants.
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Mohsin est resté ainsi immobile pendant des jours ; non, pendant des semaines. Je me suis occupée des démarches pour l’enterrement de Hind, au cimetière de Créteil. Elle est enterrée sous un arbre, tout près de là où Mohsin, lui aussi, repose désormais. Je sais que, dans les derniers temps de sa vie, il a fait des pieds et des mains auprès de la mairie pour être inhumé à ses côtés, mais n’a pu obtenir qu’une diagonale. C’est peut-être pour le mieux ; symboliquement, toute leur histoire, tout leur amour n’a été qu’une diagonale. La diagonale, c’est la direction du fou aux échecs, la direction de celui qui biaise et se joue des règles. Mohsin et Hind aimaient beaucoup les échecs et lorsque je lui ai dit cela, il m’a semblé apaisé.
Oui, a-t-il répondu en hochant la tête, nous étions les fous, nous marchions de travers.
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Dieu m'a supplicié en me donnant de survivre trente années à ma victime, et sa mort m'a hanté jusqu'à me faire perdre tout intérêt, tout goût pour la vie.
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