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Critique de kateginger63


♥ COUP DE COEUR ♥
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Comment bien gagner sa vie durant la 2nde guerre mondiale ou On peut avoir le beurre ET l'argent du beurre....
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Enfant et puis adolescente, j'ai plusieurs fois visionné avec une grande délectation ce téléfilm français des années 80. Très populaire, il racontait le quotidien d'un couple exécrable de crémiers parisiens durant l'Occupation. Il me revient des images, telles la discussion venimeuse de deux clients, le vol du fromage par la jeune Cosette, les crémiers se moquant du soldat allemand, la jeune fille lisant devant la caisse...
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Je ne savais même pas que "Au bon beurre" est avant tout un roman écrit par un académicien. Aussi quel bonheur (et frénésie) n'ai-je pas eu en le trouvant dans une boîte à lire ! (bonne pêche hein!).
Et quelle lecture avide et ravie mes amis! Pour moi, ce récit sublime mes souvenirs télévisuels. (ce téléfilm est très fidèle au texte).
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J'ai été éblouie par le talent de conteur, de la plume si belle de Jean Dutourd. Avec quelle dérision et cynisme il dépeint une famille lambda profiteuse du système (ici la période sinistre de l'Occupation à Paris durant la seconde guerre mondiale).
Un comportement odieux, abject et dénué de morale est ici conté avec une verve peu commune. Un peu d'humour aussi pour alléger l'atmosphère.
Je pense que l'auteur a voulu rendre hommage à Victor Hugo avec les Thénardier, vils personnages , faisant écho aux Poissonard, crémiers mercantiles et vachards.
Des profiteurs retournant leur veste (un jour le Maréchal, le lendemain De Gaulle), faisant du beurre bien gras sur les pauvres clients.
Durant dix années de vaches maigres, eux, s'enrichissent vaillamment , sentant le vent tourner, font de la délation, s'imposent au marché noir, filoutent tout ce qu'ils peuvent. Bref, vous l'aurez compris , des raclures de première classe!
Et à côté d'eux, il y a Léon, le jeune soldat honnête. Voisin de quartier un peu naïf et droit dans ses bottes. A celui-là, on lui souhaite tout le bonheur.
Mais si tout marchait comme sur des roulettes, il n'y aurait pas besoin d'écrire un roman, hein!
Les Poissonnard ont la conscience tranquille des "héros de guerre" (flûte alors, j'avais vraiment envie qu'ils se repentent et perdent tous leurs lingots d'or) tandis que Léon galère et perd un peu plus d'assurance chaque jour.
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Un roman que je recommande à tous ceux qui aimeraient se délecter d'une tranche de noirceur d'âme. On notera quand même le courage qu'il a fallu à l'auteur pour oser le publier aussi proche de la Libération (les langues allaient bon train).
Quels beaux portraits d'ordure humaine quand même! (la distanciation du narrateur permet les situations grotesques et ainsi se placer en tant qu'observateur privilégié).
Ca choque, c'est cru, c'est immonde, mais alors c'est bon comme du bon beurre !!!
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PS: je m'en vais visionner pour la énième fois le téléfilm éponyme d'Edouard Molinaro
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