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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
♥ COUP DE COEUR ♥
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Comment bien gagner sa vie durant la 2nde guerre mondiale ou On peut avoir le beurre ET l'argent du beurre....
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Enfant et puis adolescente, j'ai plusieurs fois visionné avec une grande délectation ce téléfilm français des années 80. Très populaire, il racontait le quotidien d'un couple exécrable de crémiers parisiens durant l'Occupation. Il me revient des images, telles la discussion venimeuse de deux clients, le vol du fromage par la jeune Cosette, les crémiers se moquant du soldat allemand, la jeune fille lisant devant la caisse...
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Je ne savais même pas que "Au bon beurre" est avant tout un roman écrit par un académicien. Aussi quel bonheur (et frénésie) n'ai-je pas eu en le trouvant dans une boîte à lire ! (bonne pêche hein!).
Et quelle lecture avide et ravie mes amis! Pour moi, ce récit sublime mes souvenirs télévisuels. (ce téléfilm est très fidèle au texte).
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J'ai été éblouie par le talent de conteur, de la plume si belle de Jean Dutourd. Avec quelle dérision et cynisme il dépeint une famille lambda profiteuse du système (ici la période sinistre de l'Occupation à Paris durant la seconde guerre mondiale).
Un comportement odieux, abject et dénué de morale est ici conté avec une verve peu commune. Un peu d'humour aussi pour alléger l'atmosphère.
Je pense que l'auteur a voulu rendre hommage à Victor Hugo avec les Thénardier, vils personnages , faisant écho aux Poissonard, crémiers mercantiles et vachards.
Des profiteurs retournant leur veste (un jour le Maréchal, le lendemain De Gaulle), faisant du beurre bien gras sur les pauvres clients.
Durant dix années de vaches maigres, eux, s'enrichissent vaillamment , sentant le vent tourner, font de la délation, s'imposent au marché noir, filoutent tout ce qu'ils peuvent. Bref, vous l'aurez compris , des raclures de première classe!
Et à côté d'eux, il y a Léon, le jeune soldat honnête. Voisin de quartier un peu naïf et droit dans ses bottes. A celui-là, on lui souhaite tout le bonheur.
Mais si tout marchait comme sur des roulettes, il n'y aurait pas besoin d'écrire un roman, hein!
Les Poissonnard ont la conscience tranquille des "héros de guerre" (flûte alors, j'avais vraiment envie qu'ils se repentent et perdent tous leurs lingots d'or) tandis que Léon galère et perd un peu plus d'assurance chaque jour.
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Un roman que je recommande à tous ceux qui aimeraient se délecter d'une tranche de noirceur d'âme. On notera quand même le courage qu'il a fallu à l'auteur pour oser le publier aussi proche de la Libération (les langues allaient bon train).
Quels beaux portraits d'ordure humaine quand même! (la distanciation du narrateur permet les situations grotesques et ainsi se placer en tant qu'observateur privilégié).
Ca choque, c'est cru, c'est immonde, mais alors c'est bon comme du bon beurre !!!
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PS: je m'en vais visionner pour la énième fois le téléfilm éponyme d'Edouard Molinaro
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« Au bon beurre », de Jean Dutourd ?
Moi, je dis « Bof ! »
Attendez, quand je dis « Bof ! », ça ne veut pas dire que le livre n'a éveillé en moi qu'un intérêt moyen ou médiocre, que c'est un livre malsain ou inepte, bref qu'il n'est pas indispensable de le lire… Non, vous n'y êtes pas ! Quand je dis bof, il faut comprendre B. O. F., c'est-à-dire BEURRE-OeUFS-FROMAGE, terme générique qu'on donnait aux commerçants en crèmerie, dans l'entre-deux-guerres, et qui pendant l'Occupation, allez savoir pourquoi, a pris un sens péjoratif. Si vous voulez, on peut aussi comprendre BEAUF, qui correspondrait assez à la mentalité des Poissonard, des Bidochon avant la lettre, mais pas drôles pour deux sous…
En revanche, « Au bon beurre » est un livre drôle. Mais tragiquement drôle, ou drôlement tragique :
Deux intrigues simultanées se déroulent et se recoupent à divers moments. La famille Poissonard, crémiers de profession, s'enrichit honteusement pendant l'Occupation, grâce à la fraude sur les produits, et grâce au marché noir. Tous aussi veules et abjects les uns que les autres (un petit bémol pour les plus jeunes, quoique…) Obséquieux avec la clientèle, serviles envers les Allemands, impitoyables avec les commises qui se font renvoyer les unes après les autres, pétainistes avant 1945 et gaullistes après 1945, il n'y a rien à tirer de positif chez ces gens-là.
Léon Lécuyer, fils d'une cliente, devient résistant et croise à plusieurs reprises le chemin des Poissonard. Pendant que ceux-ci s'engraissent sur le dos d'une population qui lutte pour sa survie. Léon s'engage dans la Résistance, connaît la prison et frôle la mort à plusieurs reprises. Et à la fin… à la fin, je ne vous dis pas ce qui arrive à la fin, vous le verrez bien.
Raconté comme ça c'est d'un misérabilisme sans nom. Mais il y a le ton humoristique, pas franchement rigolard, mais acerbe, caustique, sarcastique et plein de dérision, qui atténue fortement l'impression de dégoût provoquée par cette famille.
Jean Dutourd, longtemps, a été pour moi cet invité des Grosses têtes, très cultivé, très spirituel mais également très réac, qui joutait (ce qui faisait nos délices) avec un Jacques Martin des grands jours. Je ne connaissais pas l'écrivain. Puis un jour j'ai lu « Au bon beurre » et juste derrière ce délicieux pastiche que sont « Les Mémoires de Marie Watson ». Je n'ai pas révisé mon jugement sur l'homme, mais j'ai apprécié l'écrivain pour sa verve et sa défense d'un « bon sens » auquel nous sommes tous attachés (je vous mets dans le lot, les copains, j'espère que vous ne m'en voudrez pas).
« Au bon beurre » peut être vu également comme un tableau de la vie quotidienne sous l'Occupation, au même titre que d'autres romans comme « Les Forêts de la nuit » de Jean-Louis Curtis, ou « Mon village à l'heure allemande » de Jean-Louis Bory, témoignages sur une époque de notre histoire qu'il ne faut pas occulter.
B.O.F. signifiant aussi « bande originale de film », ça me permet de rappeler qu'un excellent téléfilm d'Edouard Molinaro est sorti en 1981, avec dans les rôles des Poissonard Roger Hanin et Andréa Ferréol (c'est Claude Bolling qui signe la musique).

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Au bon beurre est un roman de Jean Dutourd . Je l' ai lu vers les années soixan-
-tes. J' ai beaucoup aimé ce livre car l' auteur nous montre un couple, les
Poissonard, qui profitant de l' occupation de Paris par les Allemands, va donner
libre cours à leur cupidité pour s' enrichir et cela en utilisant toutes les ficelles de
la malhonnêteté. Ils sont très rusés et savent comment tricher.Durant l' occupa-
-tion tout est rationné. On ne peut avoir facilement les denrées alimentaires.
Ils trichent sur le lait en le coupant avec l' eau. Ils font dans la délation, en donnant les résistants aux boches .Il n' y a aucune limite à leur avidité et cupidité.
Les Poissonard est un couple de voraces et de charognards.Le livre nous
montre dans quelles bassesse et immoralité, ils sont tombés.
Mais les Poissonard sont connus mais les autres qui sont tapis dans l' ombre :combien sont-ils ?
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Ce Monsieur Jean Dutourd, que je ne connaissais pas et que j'oublierai vite, est un beau spécimen de ces êtres parfaitement méprisables, sans moral ni valeurs, qui ne vivent apparemment que pour détruire. Comment peut-on écrire un roman sur l'Occupation, une des plus sombres mais aussi des plus glorieuses pages de notre Histoire Nationale, sur un ton aussi cynique, moqueur, détaché, léger et même badin ? Quel est le but d'un tel livre, quel est son message ?

Un couple de crémier, les Poissonard, se retrouve récompensé de sa médiocrité, de son égoïsme et de son abjection tandis qu'un généreux idéaliste, résistant, patriote, est présenté comme un parfait niais qui finira totalement désabusé par ces mots, les derniers du livre : « Mon fils sera crémier ». C'est l'Honneur qui est ici attaqué et à travers lui la France, cette France outragée, brisée, martyrisée, mais cette France finalement libérée. Libérée par elle-même, libérée par son peuple avec le concours de ses armées.

Ô Jean Dutourd ! La France, la vraie France, la France éternelle ne peut regarder qu'avec mépris et dégoût la souillure enfantée par ton âme malfaisante et détraquée.
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Un régal, magnifique ! C'est un roman virtuose, qui peint des personnages parfois ignobles, et parfois héroïques. La description des deux Poissonard atteint des sommets de veulerie et je comprends mieux le commentaire élogieux de François MAURIAC qui accompagne le livre. On commence le roman et on ne peut s'arrêter de lire, ni de se demander quand la situation va enfin finir par tourner au vinaigre pour les deux crèmiers. Mais non, ils passent entre toutes les gouttes, et finissent même résistants ! le livre a été écrit en 1952, c'était un exploit que de décrire l'occupation sous cet angle, si peu de temps après la libération. Tous les Français n'ont certes pas dû se reconnaître, mais il est clair que certains ont dû sentir le vent du boulet. A recommander.
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EDIFIANT ! La série m'avait déjà régalé, mais le roman est bien supérieur, même s'il y manque l'épisode de la crise de foie -hilarant- qui est une création des adaptateurs pour la série.

Roman d'une justesse chirurgicale, éclatant façon puzzle le mythe gaullien du peuple résistant. L'Occupation, sous la plume de Jean Dutourd, révèle toutes les bassesses de l'âme humaine, renvoyant dos à dos les ignobles affairistes et les idéalistes surfaits recherchant uniquement la gloire personnelle à travers la Résistance.

Pour boucler la boucle, après avoir lu le Chemin des Ecoliers de Marcel AYME, je vais conclure sur cette période peu glorieuse par la lecture d'un autre roman de ce même auteur : Uranus.
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Jean Dutourd qui nous a quitté il y a peu, n'évoquait à la vérité pas grand chose pour moi. Je savais qu'il était académicien, donc inatteignable et qu'il participait fréquement aux " Grosses Têtes " de Philippe Bouvard sur RTL, station périphérique très populaire.

C'est l'actualité de sa mort qui m'a poussé à lire un de ses livres. " Au bon beurre" m'a semblé le plus emblématique et surtout le sujet m'inspirait.

Nous sommes au coeur de la seconde guerre mondiale, la France est occupée, soumise.

Jean Dutourd s'empare de la vie d'un couple de crémier pour bâtir sont histoire.

Les Poissonard sont de petits commerçants crémier au coeur de Paris et vont profiter de la période d'occupation pour se faire du beurre bien gras.

Il n'y aura aucune limite à leur cupidité, leur mercantilisme et leur déshonneur.

Dénonçant aux autorités les suspects, filoutant en coupant le lait, leur cupidité n'a pas delimite et ne se froisse pas de leur immoralité.

Car sous cette occupation, bon nombre de français se sont pliés, ont courbé l'échine, mis le genou à terre. Peut-on les juger à l'aune de notre époque ? Il en fallait du courage pour résister, s'opposer et combattre.

S'il ne s'agissait que de plier l'échine on n'en aurait pas voulu aux Poissonard. Mais ils bombent le torse, retroussent les manches pour exploiter la situation politique et en tirer profit. Tout est bon, le marché noir, l'expoitation des employés, la dénonciation.

Jean Dutourd donne une dimension de Thénardier aux Poissonard dans le long chapitre dont Josette l'employée est l'épicentre. de Josette à Cosette il n'y a qu'une lettre, mais Jean Dutourd rend habilement hommage à Hugo tout en étayant la dimension de salauds des Poissonard.

Salopard on a envie de les appeler.

Durant toute la guerre, ils vont allégrement amonceler les millions, s'enrichir, accroître leur patrimoine meuble et immeuble.

La rencontre avec Pétain est superbe de réalité et de fantasmagorie.

On s'attend à une justice, humaine ou divine, même pas.

Par un retournement de veste magnifique, les Poissonard parviennent à passer pour d'honorables résistants, ah ! l'opportunisme.

Les Poissonard auront été de ces gens qui se seront fait du beurrre sur la misère du monde et que rien n'aura déranger, surout pas leur conscience.

Combien sont-ils ces Poissonard ? Où sont-ils ?

Un livre agréable à lire, révoltant, édifiant sur cette méchanceté qui se passe tous les jours s'en que l'on s'en rende compte, sournoise. Un livre écrit en 1952 et qui a du déranger à l'époque.

Je sais que Jean Dutourd a été décrié, mais " Au bon beurre " mérite vraiment la lecture.



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Voici un livre de 1952.
Il fut adapté en film par Edouard Molinaro en 1981.
Je l'ai vu étant jeune. Et bien, je dois dire -après la lecture du livre de Jean Dutourd- que le livre a mieux vieilli que le film!
Je m'attendais à un style un peu vieillot. Mais il n'en fut rien!

C'est très bien écrit, vivant avec beaucoup d'humour (-"Avez-vous lu Mène Camphre de Hitler?"), un sens aigu de la formule et d'ironie (-"Malhonnête jadis, un commerçant faisait faillite ; honnête aujourd'hui, il se ruinait".)
Les personnages sont tout simplement humains avec des traits de caractères bien marqués qui les mènent dans des situations bien souvent piquantes .

Comme ce couple est détestable! Et leurs clients (certains, en tout cas) courbent l'échine devant leur dédain, leurs mesquineries et méchancetés.
En fait, oui, j'avoue, ...je me suis beaucoup amusée à lire ce qui arrive à toutes ces personnes au tournant de la guerre.
Un live qui n'a pas beaucoup vieilli si l'on prend un peu le temps d'observer les comportements humains d'aujourd'hui.
C'est vraiment très chaudement que je vous recommande de passer un moment dans la boutique "Au bon beurre".
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Je ne me lasse pas de lire et de relire ce livre...

Je suis toujours ébloui par le talent de Jean Dutourd. C'est avec légèreté et dérision qu'il traite cette période noire et nous montre le comportement abject de cette famille Poissonnard, emblèmatique de tous ceux qui ont profité des rationnements pour s'enrichir.

Beurre, oeuf, fromage (BOF) est l'ancien sigle du commerce de produits alimentaires, du grossiste des Halles au détaillant crémier vendant donc du beurre, des oeufs et du fromage.

Son sens est devenu péjoratif en France, durant l'Occupation allemande avec les cartes de rationnement, très recherchées au marché noir. Par extension, BOF désigna une personne s'enrichissant grâce au marché noir pendant cette période.

Je recommande ce livre qui a connu une adaptation télévisée d'Edouard Molinaro avec Roger Hanin et Andréa Ferréol.

Ce livre a connu un grand succès en France et au-delà de nos frontières. La traduction en langue anglaise portait le titre "The Milky Way".
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Jean Dutourd a une vraie plume, et nous fait participer avec délectation à la réussite de son couple de crémiers pendant l'occupation; il s'agit là du premier livre grand public osant affirmer avec force et humour que la légende gaullienne affirmant que toute la France avait été résistante n'est qu'une légende, nécessaire sans doute pour permettre à la France de se réconcilier avec guerre, mais bel et bien une légende.
Et le succès de ce livre à sa parution, couronné du prix Interallié, prouve à quel point cet ouvrage était nécessaire.
A le lire aujourd'hui, on apprécie sa qualité d écriture, son humour, et on ne peut que s'interroger sur l'attitude qui aurait été la nôtre en 1940.
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