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EAN : 9782706710711
183 pages
Salvator (07/11/2013)
3.62/5   4 notes
Résumé :

Quelle figure est plus proche de nous que celle d'Etty Hillesum (1914-1943) ?

Par la force de son écriture, par sa générosité, par sa quête affective et spirituelle, cette jeune femme juive néerlandaise nous parle au plus profond. Auteur d'un journal et d'une correspondance tenus de 1941 à 1943 qui ont désormais les faveurs du grand public, elle témoigne, au cœur de la Shoah, d'une inaltérable foi en l'homme, en Dieu et en la beauté de la vie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cécilia Dutter, déjà connu pour sa remarquable biographie d'Etty Hillesum revient ici avec un ouvrage collectif consacré à cette même figure – ou plus exactement à cette même femme. La force de ce nouveau titre tient en effet en grande partie en ce qu'il considère Etty Hillesum pour ce qu'elle est et non seulement pour les épreuves dramatiques qu'elle a vécues et qui l'ont fait connaître. Elle n'est plus seulement une figure de la Shoah, elle vaut pour sa trajectoire personnelle – et exemplaire. Aimante, amante, elle retrouve sa dimension charnelle et plus largement sa dimension humaine tant son être apparaît comme doué d'émotions multiples, de la solitude à l'amour. Etty Hillesum désire, désire fortement, et c'est certainement cela qui a mené Cécilia Dutter vers elle. Ce point me semble cependant, malheureusement, abordé trop brièvement ici, pour ainsi dire d'une façon incidente, bien que Jacques Arène, en particulier, s'y arrête à son tour avec cette fois un point de vue psychanalytique. En effet, tout concourt ici surtout à démontrer qu'Etty Hillesum, qui a également touché le coeur de croyante de Cécilia Dutter, représente, avant toute chose peut-être, la trajectoire idéale d'une vie de chrétienne. le désir charnel ne représente dans cette perspective plus qu'une étape vers un amour plus essentiel, celui des hommes dans leur ensemble, et c'est bien là l'une des conclusions amenées par cet ouvrage. Celle-ci, pour ce qu'elle est assez convenue depuis Saint-Augustin déjà, affaiblit l'ensemble et il est donc dommage qu'elle prédomine ainsi, même si cela n'est guère surprenant pour un livre provenant des éditions Salvator. Etty Hillesum devient un « guide spirituel », l'expression est utilisée par Jacques Arène, et sa puissance romanesque se perd dans le même temps à mesure que les regards portés sur elle, provenant pourtant d'horizons très différents (des représentants de différentes religions, un psychanalyste, un philosophe), finissent tous par converger en cette direction. C'est là ce qui fait son « universalité », tous pouvant s'approprier à leur façon ce qui constitue l'essence de la spiritualité de cette femme telle qu'elle se lit dans ses écrits comme dans son devenir, mais aussi ce qui détruit, à la lecture et à mon sens de lectrice du moins, son extrême singularité.
Je remercie toutefois les éditions Salvator de m'avoir permis la lecture de cet ouvrage grâce à l'opération Masse Critique et les prie de m'excuser pour le retard avec lequel je publie cette critique, qui plus est très nuancée.
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Par sa démarche spirituelle, par sa fréquentation des auteurs chrétiens, par son désir de dépasser la haine en pardonnant même aux bourreaux, Etty Hillesum est souvent comme proche des chrétiens. Pourtant elle était d'origine juive et elle ne s'est jamais « convertie » au catholicisme. Cécilia Dutter veut nous montrer comment son cheminement, ses actes, sa mystique en font un coeur universel, nourri à diverses traditions et capable à parler à chacun de nos contemporains.
Dans son introduction, elle présente la vie d'Etty qui la conduit vers un Dieu à la fois incarné, comme le Christ, et abstrait, comme dans les spiritualités orientales. Puis elle nous invite à rencontrer 5 auteurs, comme autant de témoins à qui Etty peut parler actuellement. Dans ces rencontres, je n'ai pas vraiment accroché avec les intuitions hindouistes et les inspirations bouddhistes d'Alain Delaye, ni avec les explications psychanalytiques de Jacques Arènes.
Ghaleb Bencheikh nous offre le regard d'un musulman sur une femme de paix. Il rapproche Etty de Rabi'a; mystique musulmane du IXe siècle. Puis il rapproche plusieurs aspects de la réflexion d'Etty de sourates du Coran.
Bien que sa famille ne soit pas juive pratiquante, Etty rejoint sur plusieurs points la tradition judaïque. Delphine Horvilleur relève les échos et les résonances de cet univers juif dans son journal. Elle cite notamment la centralité de l'écoute, le lien entre la réparation du monde et la réparation intérieure, et surtout la relation d'idylle avec Dieu, point fort de la tradition judaïque. La grande différence qu'elle ressent et qui la dérange dans le témoignage d'Etty, c'est l'absence de notion de justice et d'injustice. Etty a dépassé les temps et il n'y a donc plus de place pour la révole, fût-elle légitime comme dans le cas de la shoah.
La lecture philosophique du cheminement d'Etty par Emmanuel Jaffelin nous conduite à rencontrer plusieurs philosophes modernes dont elle est proche ou plus éloignée. Etty « s'oppose » à Sartre et au personnage de Roquentin dans « La Nausée » car elle est persuadée que la vie transcende la mort.Elle est plus proche de Bergson quand elle nous invite à passer de la sympathie à l'empathie : « Il faut savoir se rendre passif, se mettre à l'écoute. Retrouver le contact avec un petit morceau d'éternité. »
Pour terminer, Emmanuel Jaffelin fait un parallèle entre Etty et le personnage de Meursault dans « L'Etranger » de Camus. L'homme méditerranéen du sud est une personnalité glacée alors que la jeune fille du nord dévasté par le nazisme est une chaude figure de spiritualité. Bref, un vrai témoin pour notre temps, si on veut bien prendre le temps de l'écouter et de mettre en pratique ses intuitions.
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Etty Hillesum est une jeune femme juive néerlandaise qui avait 25 ans lorsque la seconde guerre mondiale a éclaté. Elle nous a laissé un journal et des lettres à sa famille dont la lecture il y a une dizaine d'années m'a beaucoup touché. Dans ce journal Etty Hillesum parle d'elle, de sa quête d'elle même mais aussi d'une quête d'humanité dans une Europe déchirée. En bref, une quête de sens dans un monde qui semble avoir perdu la raison. Une quête spirituelle donc, mais une spiritualité non dogmatique, intuitive, mais aussi une spiritualité ancrée dans sa chair de femme. Des racines et des ailes, telle aurait pu être une devise de cette femme extraordinaire. A l'occasion de l'anniversaire des 100 ans de sa naissance, Cecilia Dutter a donné la parole à des personnes de diverses confessions pour qu'elles parlent de ce qui les a touché chez Etty. Ces regards croisés sont ceux de personnes de confession catholique, juive, d'un spécialiste des spiritualités orientales, d'une spécialiste de la religion musulmane et d'un philosophe « non confessionnel ». L'idée est intéressante, mais dans la pratique ma lecture fut mitigée. Certains textes étaient très intéressants (la réflexion sur la solitude de Jacques Arenes par exemple), d'autres m'ont nettement moins parlé. L'impression parfois que chacun voulait s'approprier la spiritualité d'Etty Hillesum. Ce n'était certainement pas le but du livre, mais c'est malheureusement l'impression que ces textes m'ont souvent laissée. Une autre lecture dévoilera peut-être que ce qu'il y a « d'Universel » dans le journal d'Etty Hillesum est en fait l'essence de toute spiritualité.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Rabi'a, la jeune femme sybarite épicurienne de Bassora, passa des amours charnelles des hommes à l'amour cosmique de Dieu. (...) Elle réalisa sans son être et dans son esprit, par le détachement et le renoncement, le passage d'une conscience individuelle singularisée vers la conscience universelle médiatisée par un amour étendu à tout être.
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Son journal se veut une esquisse de son oeuvre à venir. Nous, lecteurs, savons qu'il n'y en aura pas d'autre après. Mais en l'espèce, c'est l'esquisse, donc l'étude, qui se révèle être l'oeuvre elle-même. Je vois ici un enseignement philosophique et théologique très fort : dans l'existence, "la préparation à", "est". La préparation à la vie EST la vie ; la préparation à la prière EST la prière ; la préparation à l'action EST l'action. Si dans la première partie du livre est dans l'attente d'une réalisation, à un moment donné, elle sait qu'elle EST. Elle comprend qu"'elle est" au delà de "il y aura".
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Selon Etty, l'amour qu'on porte à son prochain de dépend pas de la personne de ce prochain ni de son comportement mais du fait qu'il est avant tout homme. Partant du principe que la haine est inscrite en chacun de nous, il faut donc que tous, nous apprenions à extirper cette haine de nous-mêmes afin d'éradiquer le mal à sa racine. En ce sens, elle qui est victime, parvient à se situer au même niveau que ses bourreaux. Et c'est précisément le regard d'amour universel posé sur l'humanité que chacun porte en soi qui lui permet de dépasser l'idée de riposte fondée sur la haine.
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Etty Hillesum entraîne à sa suite beaucoup de nos contemporains, qu'ils soient proches ou non des institutions religieuses, parce qu'elle se situe elle-même en dehors de toute église (...) Dans l'horreur du milieu du XXe siècle, certains chemins spirituels se sont effectués dans une filiation en pointillé. Les institutions ecclésiales sont absentes de tels parcours, pour lesquels la confrontation avec des auteurs, aussi différents que Rilke et saint Augustin, mais aussi des rencontres individuelles ont une importance essentielle.
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Le témoignage d'Etty est une leçon d'empathie pour ceux qui n'auraient pas le mode d'emploi de la vie spirituelle, qui se sentiraient spirituellement desséchés et qui ne voudraient pas mourir sots. A la fin de "L'Etranger", Camus écrit :"Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine." Le journal d'Etty s'achève sur ces mots :" On voudrait être un baume versé sur tant de plaies".
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Vidéo de Cécilia Dutter
Camille de Peretti est lauréate du Prix des Romancières 2024 pour son roman "L'Inconnue du portrait" paru aux éditions @calmann_levy
A l'occasion du 25e Prix des Romancières, distinction remise chaque année dans le cadre du Forum du Livre de la @villedesaint-louis9907, Livres Hebdo a accueilli Michèle Kahn, présidente du jury, Cécilia Dutter, vice-présidente du jury et Anne Ghisoli, directrice de la librairie Gallimard, pour la remise du Prix à l'autrice Camille de Peretti.
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